Coronavirus : Les questions que pose le rapatriement de Chine à Aix-en-Provence
EPIDEMIE•Une école de sapeurs-pompiers d’Aix-en-Provence va être transformée en centre d’accueil pour de nouveaux rapatriés évacués de ChineMathilde Ceilles
L'essentiel
- Un nouvel avion est parti de Chine pour rapatrier une centaine de personnes, dont des dizaines de Français, qui fuient l’épidémie de coronavirus.
- A Aix-en-Provence, une école de sapeurs-pompiers a été réquisitionnée pour les accueillir.
De notre envoyée spéciale à Aix-en-Provence
Quarante-huit heures après un premier convoi de Français, placés en quarantaine dans un centre de vacances de Carry-le-Rouet, sur la Côte Bleue, les Bouches-du-Rhône accueillent à nouveau une poignée de Français, rapatriés en urgence de Wuhan, en Chine, épicentre de l’épidémie de coronavirus. Tandis qu’une partie de ces Français va rejoindre Carry-le-Rouet, une autre va être redirigée vers un autre centre d’accueil improvisé, à Aix-en-Provence. Comment cela se va-t-il se passer ? Quels sont les risques ? 20 Minutes fait le point, alors que des élus aixois et le secrétaire d’Etat auprès de la ministre de la Santé ont été dépêchés sur place.
Qui sont les rapatriés dans ce second vol en provenance de Chine ?
Un avion a décollé dans la nuit de samedi à dimanche de Chine, pour atterrir en milieu d’après-midi sur la base aérienne d’Istres, dans les Bouches-du-Rhône. A son bord, 250 personnes, essentiellement originaire de l’Union européenne. Pas moins de 30 nationalités sont représentées, dont 65 Français.
Ce vol est le second de la sorte : un premier avion avait rapatrié ce vendredi près de 180 Français en provenance de la région de Wuhan, placées en quarantaine à leur arrivée sur le sol français dans un centre de vacances à Carry-le-Rouet. Des premiers tests ont été réalisés auprès de ces personnes confinées dans ce lieu, et ces tests montrent qu’elles n’ont pas été contaminées par le coronavirus, selon des déclarations du secrétaire d’Etat auprès de la ministre de la Santé, Adrien Taquet.
Selon la préfecture des Bouches-du-Rhône, 88 ressortissants étrangers sont repartis directement dans leur pays, une fois atteris à Istres, dont 45 à destination de Bruxelles. Pas moins de 32 personnes ont été redirigées à Carry-le-Rouet, uniquement de nationalité française.
Toutefois, en prévision de ce nouveau flux de rapatriés, il a été décidé de réquisitionner l’école nationale supérieure des officiers de sapeurs-pompiers d’Aix-en-Provence, dont les étudiants avaient été priés de quitter les lieux dès jeudi soir, selon les informations de 20 Minutes publiés en fin de semaine dernière. Dans ce centre d'accueil aixois, 16 Français et 66 ressortissants étrangers ont ou sont en cours d'acheminement.
Pourquoi avoir réquisitionné un autre lieu en plus du centre de vacances déjà utilisé pour la mise en quarantaine des rapatriés ?
Jointe par l’AFP, la Croix-Rouge, qui gère la logistique et l’animation du centre de vacances de Carry-le-Rouet, depuis vendredi, a indiqué qu’il y restait « une cinquantaine de places d’hébergement » dans ce site. En début d’après-midi, des affaires de toilette y avaient été préparées pour les futurs nouveaux arrivants, a constaté un des trois journalistes de l’AFP qui y sont confinés depuis leur retour de Wuhan.
Mais face à un potentiel manque de place, les autorités ont décidé de réquisitionner une école des sapeurs-pompiers, située dans la zone d’activités des Milles, à l’écart du centre-ville d’Aix-en-Provence. Ce site se trouve à proximité de quelques entreprises et d’une poignée d’habitations.
« Nous avons veillé à ce que les familles puissent rester ensemble, assure Adrien Taquet. Sur les 250 personnes qui arrivent aujourd’hui, il y a une cinquantaine d’enfants et quelques bébés. A Carry, la configuration des lieux est plus propice à accueillir des familles, et c’est ce qui a orienté notre choix dans l’orientation des uns et des autres. » Le site utilisé à Aix-en-Provence peut quant à lui accueillir plus de 500 personnes dans différents studios à l’origine réservés aux étudiants de l’école, et dont les cours ont été annulés, selon les déclarations sur place de la maire LR de la commune, Maryse Joissains.
« A l’intérieur, vous avez toute une zone confinée avec des barriérages et des bâtiments dans lequel seront accueillies les personnes, indique la députée LREM d’Aix-en-Provence et candidate aux municipales Anne-Laurence Petel. Le gymnase va servir de lieu de restauration collective. Il y a aussi des sas d’entrées et des sorties pour que cela se fasse dans les meilleures conditions sanitaires. » Selon la parlementaire, le site va être investi par « une équipe de réservistes, de médecins, d’infirmiers et psychologues, rompus à ce genre de crises ».
Y a-t-il des risques sanitaires ?
L’inquiétude demeure à Aix-en-Provence, notamment auprès de riverains ou commerçants, comme ce livreur de pizza, dont les élèves officiers constituent une partie de sa clientèle. « Ce qui me fait peur, c’est l’ambiance dans le village, confie-t-il. J’ai peur que les gens s’inquiètent. Moi, le premier, je m’inquiète. »
Des craintes relayées par la maire de la commune, Maryse Joissains, qui se dit « dubitative ». « Je dois dire que le préfet de région, le sous-préfet et le commissaire de police ont pris toutes les mesures de nature à rassurer la population, indique l’édile. Comme je suis quelqu’un de toujours un peu sceptique, j’ai eu Mme Buzyn à l’appareil, qui m’a autorisée à faire une réunion d’information ce mardi à la salle des Vignerons, aux Milles », tout près de l’école
La maire n’est toutefois pas franchement disposée à accueillir une nouvelle vague de rapatriés, même si le lieu s’y prête. « Ça suffit là, non, s’agace Maryse Joissains. On a notre contingent. Je crois qu’il faut que tout le monde partage cette solidarité de la France. Moi, je veux bien être solidaire, mais pas toute seule. »
« Les personnes ont bénéficié évidemment au départ de l’avion des tests nécessaires, tient à rassurer Adrien Taquet. Aucune d’entre elles ne présente de symptômes qui s’apparenteraient au coronavirus. D’autres tests vont être menés dès leur arrivée et pendant quatorze jours. Nous suivons très précisément la situation sanitaire de chacune de ces personnes. Tout est organisé pour qu’il n’y ait pas d’infection. » Un document que 20 Minutes a pu consulter a été distribué aux futurs rapatriés d’Aix-en-Provence, leur demandant notamment de prendre régulièrement leur température pendant plusieurs jours.