Cinq conseils pour réussir son mois sans alcool en 2020

VIDEO. « Janvier sobre » : Comment réussir son mois sans alcool

HEALTHYA l’occasion de la première campagne de Janvier sobre, menée par des associations, quelques conseils pour mettre toutes les chances de son côté
Oihana Gabriel

Oihana Gabriel

L'essentiel

  • Après quelques aléas, le Dry January version française est lancé en ce mois de janvier 2020 par des associations.
  • Un mois sans une goutte, ou en limitant sa consommation, qui invite chacun à s’interroger sur son rapport avec l’alcool.
  • Comment ne pas succomber à la tentation ? Voici cinq conseils pour tenter de tenir 31 jours, et pas un de moins.

Et si on levait nos verres à une année 2020 moins alcoolisée ? Ce mois de janvier voit pour la première fois, en France, le lancement d’une campagne pour vivre un mois sans alcool. Dry January, Janvier sec, Défi de janvier, Janvier sobre… Quel que soit son nom, l’idée de fond est semblable : s’interroger sur sa relation à l’alcool.

Pas évident, surtout cette année, où beaucoup de fêtes et de réunions de fin d’année ont été décalées au mois de janvier à cause des grèves ? 20 Minutes a récolté quelques conseils pour vous aider à tenir cette bonne résolution version 2020.

A chacun son rythme

« La condition sine qua non, c’est d’en avoir envie, de faire ce choix de façon libre et éclairée », introduit Laurence Cottet, ancienne alcoolique, qui publie le 8 janvier un Petit guide pour réussir son mois sobre*. On peut ne pas se sentir prêt, préférer février, plus court et avec moins de soirées alcoolisées… « Rien ne sert d’arrêter complètement de manière violente ou contrainte, mieux vaut miser sur le ludique, prévient Amine Benyamina, addictologue et président de la Fédération française d’addictologie. Les autres pays qui l’ont fait nous ont prouvé que les personnes dorment mieux, font des économies, perdent du poids… » Des arguments qui peuvent convaincre certains de se lancer.

La première étape, c’est de définir votre challenge. Régime sec ? Un mois sans alcool avec trois jokers ? Un verre au lieu de trois ? Un soir au lieu de trois ? Les Français ont des consommations très variées et tous n’ont évidemment pas un problème avec l’alcool. Voilà pourquoi Laurence Cottet, également présidente de l’association France Janvier sobre, a préféré une proposition souple pour inviter chacun à définir son propre défi.

Cette patiente-experte conseille donc dans son guide de commencer par évaluer sa consommation, de « regarder dans le rétro et de répondre avec sincérité à des questions sur sa consommation ». Un petit test nommé Audit-C aide à savoir si on se situe dans une consommation récréative, dans un mésusage ou une dépendance. Et si rechute il y a, ne vous blâmez pas. Analysez les raisons qui vous ont poussé à céder à la tentation, pour mieux rebondir, conseille Laurence Cottet.

S’informer

Pour faire un choix éclairé, encore faut-il avoir les informations. « Nous avons des repères de santé publique qui sont : maximum deux verres par jour et pas tous les jours, rappelle pour la 3.852e fois Laurence Cottet, qui anime des ateliers d’addictologie au CHU de Grenoble. Malheureusement, ils sont méconnus. » Quant aux risques, si l’on pense facilement au foie, on oublie parfois d’autres pathologies liées à l’alcool : cancers, maladies cardiovasculaires et psychiques… « Un verre par jour augmente de 10 % le risque de cancer du sein, rappelle-t-elle. En général, je compare au soleil. J’adore bronzer, mais j’ai compris qu’il ne fallait pas s’exposer de telle heure à telle heure, pas sans crème…. Pour l’alcool, c’est pareil. »

Faire du ménage (dans les placards et dans sa vie)

Une fois qu’on a posé le bon diagnostic, il est important d’anticiper, en ramenant son cocktail sans alcool dans une fête… ou en évitant la fête. « L’objectif, c’est de réfléchir à faire une pause pour nous tous qui faisons la fête, parfois de façon prescrite, ajoute Amine Benyamina. On se rend parfois compte des nombreuses sollicitations, soit par les publicités, dans les rayonnages, par les collègues. » Pendant ce mois d’efforts, mieux vaut limiter les soirées avec ceux qui sont gênés ou moquent votre défi… « La meilleure façon de vivre ce mois, c’est d’annoncer clairement : "Les amis, j’ai décidé de faire une pause. Je vous remercie de jouer le jeu avec moi", reprend le psychiatre. On n’est pas dans une relation de patient à thérapeute, mais on est seul avec sa volonté. » L’objectif n’est donc pas de suivre un programme imposé, mais de se prouver qu’on est capable de se limiter.

Mais le ménage s’applique également à votre domicile. On peut commencer par faire l’inventaire des placards. « Le plus difficile, c’est le rituel », prévient Laurence Cottet. Vous savez, le digestif de fin de repas dominical ou la bière après le boulot. « Moi, c’était la vodka, reprend-elle. Vous pouvez demander à votre compagnon de cacher la bouteille et de ne pas boire devant vous. » Elle va même jusqu’à conseiller de modifier les meubles du salon pour éviter de reprendre la route habituelle vers un petit verre…

Un défi collectif

Pour que cet essai ne devienne pas un coup d’épée dans l’eau, mieux vaut se faire épauler. Par un médecin pour ceux qui savent que le mois sans alcool ne se fera pas sans souffrance ni symptômes de manque. Pour les autres, par les proches, les compagnons, les collègues prêts à relever le défi. Et pour ceux qui le mènent seuls, les réseaux sociaux peuvent servir d’appui dans des groupes Facebook, sur Twitter (#fr_dry) ou Instagram (dry_januaryfr). « Relever le défi à plusieurs, faire un petit groupe WhatsApp pour faire un point régulièrement sur le poids, le sommeil, cela peut aider, assure l’addictologue. C’est ce qu’on appelle l’effet de renforcement par imitation. »

Nouveaux plaisirs, nouvelles habitudes

Pour éviter la frustration, nos experts conseillent de remplacer les moments d’évitement par de nouveaux réflexes plaisir. Marcher dans un parc, tester le mandala, faire du sport pour sauter l’heure de l’apéro ou même se concocter un cocktail fruité sans alcool…

A l’image du kit pour le mois sans tabac, le guide de Laurence Cottet propose de calculer les économies réalisées, de cocher chaque jour sans alcool, de noter ses impressions… « Certains font le calendrier de l’avent (parfois à la bière), d’autres le calendrier de l’après ! », s’amuse Amine Benyamina. Et les plus courageux peuvent surfer sur cette bonne résolution pour choisir un mode de vie plus sain : manger équilibré, se mettre à la méditation… « C’est à vous de faire travailler votre imagination pour savoir ce que vous avez envie de faire », insiste Laurence Cottet. Pour ce mois de janvier, mais aussi pour le reste de l’année. Car souvent, ceux qui tentent l’expérience limitent davantage ou réfléchissent à leur consommation à long terme. Et cette patiente-experte de conclure : « J’aurais aimé avoir ces informations et qu’on ne diabolise pas l’alcool. Ces deux éléments-là m’ont fait plonger. »

* Petit guide pour réussir son mois sobre, Interéditions, 2 janvier 2020, 12,90 €.