Gironde : Dans certaines pharmacies, on peut évaluer son risque d’AVC en une minute seulement
PREVENTION•Un programme de détection de l’arythmie cardiaque, responsable de 25 à 30 % des accidents vasculaires cérébraux (AVC), a été lancé en Gironde par une équipe de neurologues du CHU de Bordeaux, avec le soutien de l’agence régionale de santé (ARS).Elsa Provenzano
L'essentiel
- En Gironde, un programme de détection de l’arythmie cardiaque, responsable de 25 à 30 % des accidents vasculaires cérébraux (AVC), a été lancé en Gironde par une équipe de neurologues du CHU de Bordeaux.
- Des bâtons connectés permettent de faire un mini-électrocardiogramme en pharmacie, en seulement une minute.
- Le programme pourrait être étendu à d’autres territoires en 2020, en fonction des résultats.
Certaines pharmacies de Gironde proposent depuis quelques mois à leurs clients un test de dépistage de l’arythmie cardiaque, responsable de 25 à 30 % des accidents vasculaires cérébraux (AVC).
« Ils prennent le bâton connecté par chaque extrémité et cela fonctionne sur le principe d' un électrocardiogramme, explique Nicolas Confaits, de la Pharmacie centrale d’Arcachon. Au bout d’une minute, une lumière s’affiche : si elle est verte il n’y a pas de trouble du rythme cardiaque repéré et si elle est rouge le test est positif ». Dans ce dernier cas, le pharmacien réitère le test et s’il s’avère positif pour la seconde fois, il imprime le mini-électrocardiogramme et l’adresse au médecin généraliste du patient concerné, qui lui fera passer un électrocardiogramme classique.
Onze pharmacies d’Arcachon et quatorze officines du Nord Médoc participent depuis mi-septembre à ce programme de détection de l’arythmie cardiaque chez des personnes de plus de 65 ans. Il est coordonné par une équipe de neurologues du CHU de Bordeaux avec le soutien de l'agence régionale de santé (ARS).
« Pas de signe clinique apparent »
« Avec mon collègue François Rouanet, on voit très souvent des patients qui ont fait des AVC en lien avec une fibrillation auriculaire, c’est-à-dire un trouble du rythme cardiaque, explique Stéphane Olindo, neurologue au sein de l’unité neurovasculaire au CHU de Pellegrin à Bordeaux. Or, beaucoup de ces fibrillations ne sont pas diagnostiquées parce qu’il n’y a pas de signe clinique apparent ». Or, lorsqu’elles sont détectées à temps, elles peuvent être traitées efficacement, notamment avec des anticoagulants.
Une première expérimentation avait été menée de novembre 2018 à août 2019 par les pharmacies de la ville de Pessac. Chez 25 des 1.900 personnes testées, une arythmie cardiaque a été détectée. « Cela signifie que l’on a pu toucher 20 % de la population de plus de 65 ans de cette commune », observe le neurologue. Il souligne que le programme n’a pas vocation à être exhaustif à ce stade, sachant que certaines personnes âgées ne sortent pas de chez elles pour se rendre à la pharmacie. Mais il estime qu’il faudra réfléchir à la façon dont on peut leur faire bénéficier du dispositif de détection puisque la fréquence de l’arythmie cardiaque sur la population générale augmente avec l’âge.
Une extension du programme à déterminer
« Chaque personne qui participe remplit un questionnaire, en indiquant par exemple ses problèmes cardiaques déjà connus, précise le pharmacien Nicolas Confaits. Les données sont stockées sur le bâton et récupérées tous les 15 jours, via une clé USB ». C’est un bâton connecté appelé mydiagnostick et commercialisé par une société néerlandaise qui est mis à disposition des pharmacies dans le cadre de ce programme.
Début janvier, le dispositif sera étendu à Saint-Médard-en-Jalles, sur la métropole bordelaise, et éventuellement fin 2020 à d’autres territoires, en fonction des résultats. « Il faut être prudents, on a encore besoin de recul », souligne Stéphane Olindo, qui estime que le dispositif pourrait être pertinent sur les déserts médicaux. Constatant qu’au bout de quelques mois le nombre de tests diminuent en pharmacies, il n’est pas exclu de proposer des campagnes ponctuelles (comme pour la vaccination contre la grippe par exemple) sur la détection du risque d'AVC plutôt que des détections à l’année.