Budget de la Sécu : Finalement, les charcuteries aux sels nitrités ne seront pas plus taxées
GROS SOUS•C’était une proposition d’un député MoDem, adopté en commission, mais qui n’a pas passé le cap de la séance plénière20 Minutes avec AFP
Pas de feu vert de l’Assemblée jeudi à la taxation de la charcuterie contenant des sels nitrités : la mesure qui avait été adoptée en commission a été retoquée. L’amendement défendu par le député Richard Ramos ( MoDem) entendait instaurer une taxe de 0,10 centime d’euros par kilogramme sur les produits de charcuterie contenant ces additifs. Ceux-ci allongent les durées de conservation et donnent une couleur rose au jambon mais sont accusés de favoriser les cancers colorectaux.
« Au-delà de la question du sel nitrité, cet amendement porte sur le bien manger français », a défendu Richard Ramos évoquant la malbouffe de ceux qui avalent un « jambon-coquillettes » faute de temps ou de moyens. Rappelant le classement de la charcuterie industrielle par l’OMS comme agent cancérigène, il a haussé le ton parlant de « 550 députés qui ont reçu hier de lobbyistes de fausses informations sur la santé ».
Méfaits insuffisamment documentés
« Je ne suis pas soumise à la pression des lobbies de l’alimentation », a souligné la ministre de la Santé Agnès Buzyn qui assure ne pas avoir reçu de courrier. Olivier Véran, le rapporteur LREM, a également affirmé être « très peu sensible aux arguments des lobbyistes ». Sur le fond, la ministre a jugé l’amendement prématuré et inefficace.
« Pour l’Agence européenne de la sécurité alimentaire, il n’y a pas d’association entre l’ingestion de nitrates et la survenue de la plupart des cancers. L’effet néfaste serait dû à la transformation des nitrates en nitrite, mais cette conversion dans l’organisme humain est très variable et insuffisamment documentée », a expliqué Agnès Buzyn évoquant « des travaux en cours sur ce sujet à l’Anses » (sécurité sanitaire). Elle a également souligné l’inefficacité d’une si petite taxe pour changer les comportements des producteurs ou réduire la consommation des acheteurs.