Cannabis thérapeutique: Tous les feux bientôt au vert pour l’expérimentation
DOULEUR•Si tout roule, l’expérimentation du cannabis thérapeutique pourrait commencer début 2020Rachel Garrat-Valcarcel (avec AFP)
L'essentiel
- L’ANSM a validé un cadre qui pourrait s’appliquer à l’expérimentation grandeur nature du cannabis thérapeutique en France.
- Si la décision politique définitive arrive, l’expérience pourrait débuter au début de l’année 2020.
- On sait déjà qui serait concerné et comment ça pourrait se passer.
La voie vers le début d’une expérimentation du cannabis thérapeutique en France est ouverte. La deuxième étape vient d’être validée par la l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé). Il y a près d’un an, l’agence avait mandaté une commission pour définir comment pourrait se dérouler en France ce qui n’est pas un essai clinique mais bien une expérimentation grandeur nature. Le cadre proposé par cette commission a été validé par l’ANSM. Mais il reste quelques étapes.
Vais-je fumer du cannabis pour ma santé ?
Bien tenté, mais non. Deux types de produits pourront être prescrits : ceux qui s’inhalent et ceux qui s’ingèrent. Il s’agit d’huile, de fleurs séchées, de boissons, de gouttes… La liste précise des produits n’est pas encore disponible : c’est le travail des six prochains mois. Mais cette mission dépassera les compétences de l’ANSM, qui, jusque-là, pilotait le projet. Une chose paraît néanmoins évidente : il s’agira de médicament d’importation. « Il n’y a pas d’offre en France et on peut s’appuyer sur l’expérience, par exemple, des Pays-Bas, où le cannabis thérapeutique est légal depuis vingt ans », explique l’agence à 20 Minutes.
C’est pour moi ?
Pas sûr. « Ça ne concernera pas des dizaines de milliers de personnes », prévient d’emblée l’ANSM à 20 Minutes. Le comité mis en place par l’agence a, en effet, définit, des critères très précis. Il s’agira de patients en « impasse thérapeutique ». Globalement, des patients dont les douleurs ne sont pas déjà soulagées par d’autres traitements, y compris en soins palliatifs. Sont aussi concernés celles et ceux qui souffrent des effets secondaires des chimiothérapies ou de spasmes musculaires incontrôlés liés à la sclérose en plaques.
Si des prescriptions pourront être faites quel que soit l’âge des patients ou des patientes, ces dernières feront quand même face à des contre-indications en cas de grossesse ou si elles sont sous traitement contraceptif.
Je suis dans un de ces cas-là, je vais juste chez mon médecin ?
Non, ça sera plus compliqué. L’ordonnance initiale ne pourra être délivrée que par des médecins spécialisés dans des centres pluridisciplinaires. Eux-mêmes mettront en place un protocole avec le médecin traitant. Sachant que, dans la phase d’expérimentation, seuls les médecins volontaires participeront. Ça n’est qu’une fois que les patients seront stabilisés que la gestion du traitement pourra redevenir plus « locale ». Un nouveau comité, au niveau national, devrait être créé pour gérer le tout.
C’est pour quand ?
Le plus compliqué, c’est-à-dire l’instauration d’un cadre d’expérimentation, est passé. « Dans les grandes lignes les choses sont définies, mais l’ANSM n’est pas seule à décider. Maintenant plusieurs autres agences de l’Etat vont être intégrées au processus », explique l’ANSM à 20 Minutes. Des questions, épineuses, de financement sont notamment à aborder : ce qui réduira d’autant le nombre de personnes potentiellement concernées par l’expérimentation. Mais ça devrait aller vite : tout cela devrait pouvoir commencer dès le début de l’année 2020. L’expérimentation en elle-même ne devrait durer que quelques mois, le rapport bilan devant être publié au bout de deux ans.