MEDECINEAgnès Buzyn défend son choix de dérembourser l'homéopathie

Homéopathie: Face aux craintes sur le pouvoir d'achat et l'emploi, Agnès Buzyn défend son choix

MEDECINELe gouvernement a décidé d’arrêter le remboursement de l’homéopathie à partir de 2021
20 Minutes avec AFP

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«Chaque euro » dépensé par la Sécu doit l’être « à bon escient ». Agnès Buzyn défend le prochain déremboursement de l’homéopathie, faute d’efficacité avérée, face à ceux qui y voient une menace pour le pouvoir d’achat et l’emploi.

« Ces médicaments coûtent très peu cher en réalité : le remboursement qui intervient sur ces tubes est de 20, 30, 40 centimes d’euros… Les 1 % de Français qui utilisent le plus l’homéopathie ont un taux de remboursement de l’ordre de deux euros par mois, donc je ne pense pas que ça grèvera le pouvoir d’achat », a argué ce mercredi la ministre de la Santé sur RTL. « La crise des « gilets jaunes » a montré que quelques euros cela peut être rédhibitoire » a toutefois réagi auprès de l’AFP le Dr Charles Bentz, président du Syndicat national des médecins homéopathes français (SNMHF).

Des utilisateurs « précaires »

Selon lui, le déremboursement « va créer une médecine à deux vitesses ». Nombre d’utilisateurs sont précaires « sans emploi, bénéficiaires de la CMU (…) » et « le risque est qu’ils se rabattent sur des médicaments remboursés, plus chers », craint-il, assurant que ce déremboursement s’accompagnera d’une TVA plus importante (10 % au lieu de 2,1 %).

Le gouvernement s’est rangé mardi à l’avis de la Haute autorité de santé (HAS), qui a conclu à l’absence d’efficacité avérée des granules. Elles ne seront plus remboursées à partir de 2021, après une « étape intermédiaire » d’un an, où un remboursement réduit à 15 % sera appliqué au lieu des 30 % actuels. « Il est important que chaque euro dépensé par la Sécurité sociale le soit à bon escient », a souligné la ministre.

Un marché qui s’étend en Asie

Elle a aussi balayé les inquiétudes sur l’emploi, alors que le laboratoire Boiron, leader du secteur, avance que cette décision menace un millier d’emplois. « Je ne pense pas que ça pèsera autant sur l’emploi que le dit la firme. Mais je les rencontrerai. Ces entreprises doivent surtout être accompagnées par le ministère de l’Economie et des Finances, si elles se sentent en difficulté », selon Agnès Buzyn, insistant sur les possibles nouveaux marchés de l’homéopathie, en expansion en Asie. La ministre reçoit jeudi des associations, organisations et industriels rassemblés dans un collectif militant en faveur de l’homéopathie « #monhomeomonchoix ».

Valérie Lorentz-Poinsot, directrice générale de Boiron, a exprimé sa « colère » sur Europe 1, en dénonçant « un massacre organisé de l’homéopathie ». A Lyon, les syndicats des personnels du laboratoire accusent le coup et redoutent les « conséquences désastreuses ». Le groupe suisse Weleda, qui emploie 390 salariés en France, qualifie la décision du gouvernement d'« incompréhensible » et de « contre-productive ». « Le coup est rude », a regretté Florian Petitjean, le président de Weleda France, basé à Huningue (Haut-Rhin), qui estime qu’il lui reste 18 mois pour transformer son entreprise.

Certains médicaments homéopathiques sont remboursés par la Sécu sans avoir prouvé leur efficacité scientifique, en vertu d’un statut dérogatoire. Leur taux de remboursement, fixé à 65 % en 1984, avait déjà été ramené à 35 % en 2003 puis 30 % en 2011. L’an dernier, l’homéopathie a représenté 126,8 millions d’euros sur environ 20 milliards pour l’ensemble des médicaments remboursés, selon l’Assurance maladie.