Pour se faire entendre, un syndicat de gynécologues menace de faire «grève des IVG»
MENACE•Pour Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, ces propos vont « à l’encontre du respect inconditionnel du droit à l’IVG »Rachel Garrat-Valcarcel
Une attitude « inadmissible » pour la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, qui a « condamné » une « prise en otage des femmes ». Pour tenter d’obtenir gain de cause dans un conflit qui l’oppose au ministère de la Santé, le Syndicat National des Gynécologues Obstétriciens de France (Syngof) a brandi la menace d’une grève des interruptions volontaires de grossesse (IVG).
Dans un message envoyé à ses adhérents, le Syngof les a invités à « être prêts à arrêter la pratique des IVG » pour faire pression sur le ministère afin de régler le cas de quinze médecins condamnés à de lourds dommages pour erreur médicale. « En aucun cas une telle prise en otage des femmes ne peut servir de levier de négociation ou de médiatisation », a réagi la ministre dans un communiqué, assurant suivre « ce dossier (…) de très près ».
Pas une première de la part de ce syndicat
Ces propos vont « à l’encontre du respect inconditionnel du droit à l’IVG », a-t-elle ajouté, regrettant « l’image faussée des médecins gynécologues obstétriciens de France que renvoient ces nouvelles déclarations inacceptables de la part d’un syndicat qui entend les représenter ». Le syndicat, qui dit représenter 1.600 gynécologues, assume dans son message de vouloir « faire scandale » sur un sujet « trop technique pour intéresser la presse » afin d’obtenir un rendez-vous avec Agnès Buzyn.
Pourquoi proposer une telle mesure ? « Parce que notre société a un problème avec l’IVG. Si vous m’appelez vous aujourd’hui en tant que journaliste, c’est parce que le Syngof a prononcé le mot d’IVG », a répondu l’ancien président du Syngof, Jean Marty, à l’origine de cette idée, interrogé par Causette.
Les associations vent debout
De nombreuses femmes et des associations féministes se sont emparées du sujet, considérant que l’éventualité d’une grève des avortements pouvait être assimilée à un délit d’entrave à l’IVG.
Mercredi après-midi, l’Ordre des médecins aussi réagit, via Twitter. L’organisation estime que refuser de pratiquer des IVG « est totalement contraire à la déontologie médicale ».
Mais c’est peut-être le Syngof, qui a un problème avec l’IVG. Ce syndicat avait, en effet, déjà défrayé la chronique en septembre. Son président, Bertrand de Rochambeau, avait à l’époque assuré dans Quotidien sur TMC qu’il ne pratiquait plus d’interruptions volontaires de grossesse. « Nous ne sommes pas là pour retirer des vies », avait-il justifié, comparant cette intervention, légale en France depuis 1975, à un homicide.