Une campagne inédite contre les accidents médicamenteux, plus meurtriers que ceux de la route
SANTE•Une campagne de sensibilisation à destination des patients et de leurs proches vient d'être lancée dans les Pays-de-la-LoireJulie Urbach
L'essentiel
- Surdosage, confusion, incompatibilités... Le phénomène de «iatrogénie médicamenteuse» occasionne plus de 7.500 décès chaque année.
- L'Assurance maladie des Pays-de-la-Loire vient de lancer une campagne pour sensibiliser aux risques.
Ils sont inutiles si l’on n’en prend pas assez, mais peuvent être mortels si l’on en consomme trop, ou à mauvais escient. Les médicaments sont à l’origine de nombreux accidents, aux conséquences parfois dramatiques. Le phénomène de iatrogénie, qui occasionne plus de 7.500 décès chaque année chez les seniors (présentés donc comme beaucoup plus meurtriers que les accidents de la route) et 130.000 hospitalisations en France, est pourtant peu connu.
Alors que dans la région, plus de 30.000 patients doivent jongler entre dix médicaments différents ou plus, l’Assurance maladie des Pays-de-la-Loire vient de lancer une campagne inédite et un site Internet dédié pour sensibiliser aux risques, notamment chez les personnes de plus de 65 ans. « Plus on avance en âge, plus les pathologies s’accumulent, plus les traitements s’additionnent, indique l’assurance maladie. Le risque d’interactions médicamenteuse est donc plus élevé. »
Surdosage et confusion
Parmi les risques, oublier de prendre son cachet, mais surtout oublier qu’on l’a déjà pris. « Il faut fait attention à tout ce qui mène au surdosage, comme l’automédication, indique Alain Guilleminot, pharmacien à La Planche et président de l’Union régionale des professionnels de santé libéraux - pharmaciens. Prendre du paracétamol pour un mal de tête, alors que l’on est déjà sous anti-douleurs, cela peut causer une toxicité hépatique. Idem avec l’ibuprofène qui peut conduire à une insuffisance rénale. »
Selon l’Assurance maladie, une confusion peut aussi naître entre les molécules de référence et les génériques. Des doublons d’ordonnances peuvent aussi voir le jour, quand un patient traité pour une maladie chronique est hospitalisé, pour un autre problème. Sans compter les mauvaises interprétations (ou l’écriture difficile à déchiffrer de certains médecins)… « Une femme a été transférée aux urgences avec un risque grave d’hémorragie. On a découvert qu’elle prenait 3 ou 4 cachets par jour, au lieu de 3/4… », se rappelle Alain Guilleminot.
Attention aux signes avant-coureurs
Mais les accidents médicamenteux peuvent aussi être causés par des incompatibilités entre son traitement et son mode de vie, parfois insoupçonnées. Si on sait qu’il ne faut pas abuser de l’alcool avec certaines substances, on n’imagine moins la menace du pamplemousse (qui peut augmenter ou réduire les effets), du sel, du sucre, ou de tous les aliments contenants de la vitamine K (brocolis, laitue, choux…) qui peuvent par exemple modifier l’activité d’anticoagulants.
Si d’autres raisons peuvent être à l’origine de ces accidents, l’assurance maladie invite les patients à alerter leur médecin dès l’apparition de signes avant-coureurs : « des troubles de l’équilibre, une chute, des malaises, des saignements, des troubles digestifs, une perte d’appétit, etc. » « C’est le rôle du médecin et du pharmacien d’être attentif mais les patients et leurs proches doivent mieux savoir déceler ces situations », indique Alain Guilleminot.