Nancy : La méditation de pleine conscience pour diminuer sa consommation de cannabis
RECHERCHE•Une étude est lancée pour évaluer si la méditation de pleine conscience peut aider à la diminution voire à l’arrêt de la consommation de cannabisAlexia Ighirri
L'essentiel
- Une étude inédite, lancée par le Centre hospitalier régional universitaire et le Centre psychothérapique de Nancy, vise à évaluer la méditation de pleine conscience comme aide à la réduction ou l’arrêt de consommation de cannabis.
- « On a fait le constat que, dans l’aide à l’arrêt du cannabis, il n’y a aucun médicament indiqué ayant été validé scientifiquement, rappelle Dr Thomas Schwitzer. Cette technique de méditation a une efficacité prouvée dans la rechute dépressive - puisqu’elle est aussi efficace que des antidépresseurs- ou encore pour les troubles bipolaires. »
- La méditation de pleine conscience sera testée en comparaison à un programme classique de suivi addictologique. Le rendez-vous chez le psychiatre ou l’addictologue sera alors remplacé par une séance de deux heures de méditation.
Nom de code : Mac Beth. Rien à voir avec Shakespeare. De toute manière, dans ce cas précis, la question « fumer ou ne pas fumer » est déjà dépassée. Derrière Mac Beth, il faut lire « MéditAtion de pleine conscience et dépendance au CannaBis : Efficacité THérapeutique ».
Il s’agit d’une étude, lancée par le Centre hospitalier régional universitaire et le Centre psychothérapique de Nancy, qui vise à évaluer la méditation de pleine conscience comme aide à la réduction ou l’arrêt de consommation de cannabis chez les consommateurs réguliers.
Une première étude mêlant méditation et addiction au cannabis
« C’est la première fois à notre connaissance que cette technique est utilisée » dans cette perspective, indique Dr Thomas Schwitzer, assistant-chef de clinique au pôle hospitalo-universitaire de psychiatrie d’adulte du Grand Nancy. C’est lui qui coordonne l’étude, menée avec une équipe d’une douzaine de personnes.
« On a fait le constat que, dans l’aide à l’arrêt du cannabis, il n’y a aucun médicament indiqué ayant été validé scientifiquement, rappelle-t-il. Il existe déjà des thérapies, mais à l’efficacité limitée. Alors que cette technique de méditation a une efficacité prouvée dans la rechute dépressive - puisqu’elle est aussi efficace que des antidépresseurs - ou encore pour les troubles bipolaires. »
Au fait, comment ça marche ? La méditation de pleine conscience est « une technique psychothérapeutique qui permet à un sujet de focaliser son attention sur ses perceptions corporelles, sensorielles. Sur ce qu’il se passe dans son corps, les bruits, les odeurs aussi », explique Dr Thomas Schwitzer. Elle va ainsi permettre de traiter des symptômes, comme l’anxiété ou l’impulsivité que l’on peut retrouver en période de sevrage.
Une méthode à reproduire chez soi
La méditation de pleine conscience sera testée en comparaison à un programme classique de suivi addictologique. Le rendez-vous chez le psychiatre ou l’addictologue sera alors remplacé par une séance de deux heures de méditation. Le contenu va dépendre des échanges avec les volontaires. Avec l’avantage, « de pouvoir enseigner la méditation aux participants », dixit le coordinateur de l’étude. Les patients auront ainsi un certain nombre d’exercices à faire seul chez eux.
L’évaluation des consommateurs se fera très régulièrement : à chaque séance, puis à la huitième et douzième semaine. « Ce qui va nous intéresser, c’est de comparer la consommation une fois le programme terminé. Et, dans un second temps, de regarder les analyses intermédiaires, pour voir si la décroissance est régulière, rapide, etc. ». Si l’efficacité de cette étude pilote est prouvée, elle peut ouvrir les portes d’une étude plus grande pour valider les résultats à une plus grande échelle.
Des volontaires ?
A Nancy, les chercheurs travailleront avec 40 personnes. Suite à un appel à volontaires, ils ont reçu environ 200 réponses. Pendant une quinzaine de jours, ils organisent des visites d’inclusions pour les volontaires. Constatant que tous ne répondent pas aux critères imposés dans l’étude, les scientifiques disent être en permanence à la recherche de volontaires.
Aussi, vous pouvez candidater à macbeth@cpn-laxou.com si :
- vous avez entre 18 et 55 ans,
- vous êtes dans la région de Nancy et disponible pendant trois mois
- vous consommez plus de sept joints par semaine mais que vous souhaitez une aide à l’arrêt de votre consommation,
- vous n’avez pas de dépendance à l’alcool, au tabac, ou autres substances.