Pourquoi la région Paca est-elle celle où l'on trouve le plus de fumeurs?
TABAC•Outre les inégalités sociales, le facteur frontalier est l’une des causes des mauvais résultats de la région en matière de lutte contre le tabagismeCaroline Delabroy
L'essentiel
- La région compte 32,2 % de fumeurs quotidiens parmi les 18-75 ans, contre 26,9 % en France, selon les dernières données de Santé publique France.
- Contrairement aux autres régions, les habitudes tabagiques n’ont pas diminué dans la région en 2017.
- « Du fait de sa proximité avec l’Italie et la Corse, la hausse du prix du tabac a ici moins d’impact », relève Lauriane Ramalli, épidémiologiste en région Paca.
Dans la lutte contre le tabagisme, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur figure au bas du tableau. En 2017, la proportion de fumeurs quotidiens chez les adultes (18-75 ans) était de 32,2 %, contre 26,9 % au niveau national, selon les dernières données du Baromètre dédié au tabac de l’agence sanitaire Santé publique France.
Si d’autres régions comme l’Occitanie, les Hauts-de-France et le Grand Est dépassent aussi la moyenne nationale, « Paca est bien celle où le tabagisme quotidien est le plus élevé », énonce Lauriane Ramalli, épidémiologiste en région Paca, chez Santé publique France.
Pas de baisse significative, contrairement aux autres régions
Plus encore, la baisse constatée partout ailleurs n’est ici pas jugée « significative » entre 2016 et 2017. « Il est peut-être trop tôt pour mesurer les efforts engagés », veut croire Lauriane Ramalli, qui cite en exemple le succès de l’opération du « Mois sans tabac », lancée en 2016 et qui a réuni dans la région 57 % de participation de plus en 2017, soit 18 000 personnes.
Autres signes encourageants : le tabagisme chez les jeunes de 17 ans (26 %) et l’usage de la cigarette électronique (3,5 % des habitants déclarent vapoter tous les jours), cette fois tous deux proches de la moyenne nationale.
Une étude sur les effets frontaliers
Reste que Paca, comme toute région frontalière, permet de se procurer plus facilement des cigarettes moins chères. « Du fait de sa proximité avec l’Italie et la Corse, la hausse du prix du tabac a ici moins d’impact », relève ainsi Lauriane Ramalli. Ce phénomène va d’ailleurs faire l’objet d’une étude sur les comportements en matière d’approvisionnement du tabac. C’est en effet l’une des hypothèses avancées pour expliquer les mauvais résultats régionaux. Pneumologue à l’hôpital nord de Marseille, le Dr Laurent Greillier avance une autre explication : « Le tabagisme touche davantage les populations défavorisées, la corrélation entre tabac et conditions socio-économiques est maintenant bien prouvée. » « C’est pourquoi il faut décupler les efforts locaux de prévention et d’aide au sevrage, ajoute-t-il. De manière générale en France, nous avons une grande marge de progression sur ces sujets, en comparaison avec d’autres pays européens. »
L’agence compte encore affiner son baromètre tabac, avec la mise à disposition prochaine de données départementales et sur la Corse. Et depuis vendredi, elle a mis en ligne l’observatoire cartographique Géodes, qui permet de croiser et de visualiser des données de santé publique. On peut ainsi connaître par exemple le taux de mortalité du cancer du poumon chez les femmes dans les Bouches-du-Rhône (18,4 %)…Une façon comme une autre de se motiver pour arrêter de fumer.