Marseille: «On a besoin de cash!», l'APHM lance un nouveau plan pour sortir de la crise
SANTE•A Marseille, le troisième hôpital public de France, au bord du gouffre, lance un vaste plan de sauvegarde, qui comprend une vente de certains bâtiments et une baisse du nombre de lits…Mathilde Ceilles
L'essentiel
- A Marseille, l’hôpital public traverse une grave crise.
- Pour y faire face, l’APHM envisage la suppression de 200 lits et la vente de certains bâtiments.
- Elle lance en parallèle un plan de modernisation.
«Nous sommes au pied du mur », reconnaît le professeur Dominique Rossi, à la tête de la commission médicale d’établissement. Cette année encore, l’Assistance publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM) accuse un important déficit compris entre 18 et 19 millions d’euros, contre 12,9 millions en 2017.
Le troisième CHU de France va de crise en crise depuis des années, confrontée à des difficultés récurrentes, sur fond d’endettement massif. 20 Minutes fait le point sur les grands chantiers que l’APHM lance au bord du gouffre dans l’espoir de se sauver.
Un gigantesque plan de modernisation Pour rappel, il y a un an, l’APHM a présenté à l’Etat son plan de modernisation de 300 millions d’euros qui doit s’étaler jusqu’en 2024. Ce plan comprend notamment la rénovation de certains bâtiments. « Nous engageons plus de 178.000 m² de travaux, fait valoir Jean-Olivier Arnaud, le directeur général de l’APHM. Nous allons refaire plus de 1.000 chambres, armer certains bâtiments contre le risque incendie. »
Ce vaste plan inclut de plus l’ouverture depuis mars de nouvelles urgences pédiatriques à la Timone. Le financement de ce vaste plan se ferait en partie par l’Etat, mais sans réelle garantie aujourd’hui. « Nous espérons toujours un financement de l’Etat à hauteur de 50 %, confie Jean-Olivier Arnaud. Le reste pourrait être pris en charge par les collectivités locales, et s’il le faut, par l’APHM par l’emprunt auprès de banques. »
Vente de l’hôpital Salvator. « Aujourd’hui, on a besoin de 300 millions, rappelle Dominique Rossi. On a besoin de cash, donc on vendra au plus offrant. » Pour tenter de renflouer ses caisses, l’APHM envisage de céder une partie de son parc immobilier, dont l’hôpital Salvator qui abrite un service de pédopsychiatrie.
Une partie de l’hôpital Sainte-Marguerite est également concernée par ses projets, malgré les vives oppositions des politiques locaux. « Tant que je serais là, personne ne touchera à Sainte-Marguerite », avait ainsi indiqué Jean-Claude Gaudin, le maire de Marseille, la semaine dernière. « Les services de soin à Sainte-Marguerite restent pour le moment les mêmes », affirme Jean-Olivier Arnaud.
Une rationalisation à tous les étages. C’est une demande forte de l’Etat, qui en fait une conditon sine qua non à sa participation au plan de modernisation de l’APHM. « Nous allons procéder à une réorganisation de l’ensemble des services, annonce Jean-Olivier Arnaud. Cette réorganisaton nous permettra d’être plus efficace, moins pénible pour le patient et moins cher. ». Pour cela, l’APHM envisage le transfert de certains sites vers d’autres. Ainsi, les urgences psychiatriques, jusqu’ici à l’hôpital de la Conception, se trouvent depuis le 11 janvier à la Timone 2, où se trouvent déjà les urgences somatiques.
Ces différentes restructurations doivent aboutir à la suppression d’environ 200 lits. « Nous réajustons effectivement à la baisse l’ensemble des équipes, reconnaît Jean-Olivier Arnaud. Mais avec l’augmentation de l’activité, en 2025 le nombre des emplois publics devrait être pas loin du nombre d’aujourd’hui. »
Un point qui inquiète les syndicats. « On nous donne déjà pas les moyens humains pour faire tourner les services, soupire Audrey Jolibois, secrétaire générale FO à l’APHM. On est un hôpital, pas une entreprise de petits pois ! Avec 200 lits en moins, l’offre de soins sera différente. Le personnel est déjà débordé. Il y a une réelle souffrance physique et psychologique. » L’APHM détient le record d’absentéisme du personnel de tous les CHU avec un taux à 10 %.