Cancer: Deux nouveaux traitements innovants dépassent les 300.000 euros par patient
TRAITEMENT•Ces prix ont été fixés par les fabricants pour la période suivant la fin de leurs autorisations temporaires d'utilisation (ATU), dite «post-ATU», dans l'attente d'un tarif final...20 Minutes avec AFP
Plus de 300.000 euros par patient, c’est le prix temporaire fixé pour deux thérapies cellulaires (CAR-T), très innovantes contre certains cancers, selon des données du ministère de la Santé.
Yescarta, un traitement du laboratoire américaine Gilead, a été fixé à 350.000 euros par patient, tandis que Kymriah, développé par le géant biopharmaceutique suisse Novartis, atteint 320.000 euros, selon ces données. Ces prix ont été fixés par les fabricants pour la période suivant la fin de leurs autorisations temporaires d'utilisation (ATU), dite «post-ATU», dans l’attente d’un tarif final qui sera négocié cette année avec l’Etat, via le Comité économique des produits de santé (CEPS).
Un montant qui s’explique par une grande complexité de la thérapie
Ces tarifs provisoires ne devraient pas nécessairement correspondre aux prix finaux, validés par le CEPS. Toutefois, si c’était le cas. Et dans l’hypothèse - probable - où ces prix finaux seraient inférieurs, les laboratoires devront rembourser la différence à l’assurance maladie. Les montants conséquents demandés par les deux laboratoires s’expliquent en partie par la grande complexité de ces thérapies, consistant à prélever des cellules immunitaires (les lymphocytes T) chez un patient, puis à les modifier génétiquement in vitro pour les rendre capables, une fois réinjectées dans l’organisme, de détecter et tuer des cellules cancéreuses.
Cependant à la différence d’autres innovations thérapeutiques dont les prix élevés pesaient lourdement sur les comptes de l’assurance-maladie, notamment les médicaments soignant l’hépatite C de Gilead, les thérapies CAR-T s’adressent pour le moment à un nombre très limité de patients.
Près de 400 patients potentiellement éligibles au traitement
Gilead estime ainsi qu’environ 400 patients français par an seraient potentiellement éligibles pour son traitement CAR-T Yescarta dans son indication actuelle : des patients adultes atteints d'un lymphome B à grandes cellules, en rechute ou réfractaires après au moins deux traitements précédents, et ayant une espérance de vie d’à peine six mois. D’après le laboratoire américain, Yescarta devrait représenter « moins de 0,5 % du budget du cancer en France, et moins de 0,03 % du budget de la sécurité sociale ».
Par ailleurs, la loi française plafonne les montants provisoires pouvant être perçus par un laboratoire pour un médicament durant les phases ATU ou post-ATU à 30 millions d’euros sur 12 mois. « La probabilité que ce plafond soit atteint est très faible » car la commercialisation de ces thérapies CAR-T ne fait que démarrer - elles ont été autorisées depuis l’été dernier en Europe - et très peu de centres hospitaliers sont qualifiés pour le moment pour les utiliser, a indiqué Michel Joly, patron de Gilead France.