Comment les enfants réinventent la prévention contre les cancers
ENFANTS•A l'occasion des premiers Etats généraux de la prévention des cancers ce mercredi, la Ligue contre le cancer dévoile ses pistes, inspirées par une consultation d'experts, de patients et d'enfants...Oihana Gabriel
L'essentiel
- La Ligue contre le cancer organise ce mercredi les premiers Etats généraux de la prévention.
- Experts, citoyens, associations ont participé à l'élaboration de ces pistes, mais aussi 3.000 enfants entre 9 et 14 ans.
- «20 Minutes» a pu recueillir l'avis de plsuieurs d'entre eux , ainsi que l'analyse du délégué à la prévention de la Ligue contre le cancer.
Et si on imposait casquettes, chapeaux et crème solaire à disposition dans toutes les écoles de France pour éviter les cancers de la peau ? Et si on créait un nouveau métier, des animateurs prévention, formés et rémunérés, qui iraient dans les écoles apprendre aux enfants à prendre les bons réflexes ? Et si on réglementait les publicités sur tous les produits cancérigènes à l’image du tabac ?
Non, ces diverses propositions ne sont pas celles de la ministre de la Santé, mais elle devrait les écouter avec attention ce mercredi. En effet, Agnès Buzyn doit participer aux premiers Etats généraux de la prévention des cancers, organisés par la Ligue contre le cancer ce mercredi, l’occasion de découvrir de nombreuses pistes pour réinventer la prévention, grande priorité du ministère. Originalité de la démarche, environ 3.000 enfants de 9 à 14 ans de toute la France ont planché sur une révolution de la prévention. Et participé ainsi à ce livre blanc, qui différencie les propositions des adultes et des enfants, « même si certaines se recoupent », reconnaît Emmanuel Ricard, délégué à la prévention de la Ligue contre le cancer.
Bon sens et exemplarité
Pourquoi avoir donné la parole à des enfants ? « Les enfants d’aujourd’hui seront les jeunes de demain, alors autant les mettre dans le bain ! », sourit Emmanuel Ricard. « Et ils ont été force de propositions intéressantes et originales. » Par exemple ? « Ils proposent de créer une école des parents, pour les aider à protéger leurs enfants, c’est plein de bon sens! Ce qui m’a surpris aussi, c’est le besoin d’exemplarité, reprend Emmanuel Ricard. Selon eux, il faudrait interdire aux parents de fumer et boire devant l’école. Dès qu’il y a dissonance entre ce qu’on leur enseigne et ce que font les adultes, ils vous mouchent. »
Cinq enfants de 10 ans venus de Nantes, et qui participeront à ces Etats généraux ce mercredi, nous ont dévoilés mardi d’autres propositions qui figureront dans ce livre blanc. Lily-Rose, propose « des fast-foods où on mange des repas équilibrés et sains, par exemple des légumes, mais pas de la raclette ». « Et on augmenterait le prix du McDo ! », complète Jade. Qui propose aussi de créer des écoles multisports, « comme ça on fait découvrir plein de sports aux enfants ». « Surtout de la piscine, pour ceux qui ont mal au dos », précise Rayan. Dernière idée, « augmenter le prix de la bière et du vin pour éviter de devenir alcoolique », s’enthousiasme Jade. Même si ses camarades trouvent qu’il a trop d’imagination, Yusuf espère, lui, que la recherche puisse trouver un médicament susceptible de guérir « en une seule fois tous les cancers ».
Les propositions de la Ligue
Au final, avec ce livre blanc, Emmanuel Ricard veut tordre le cou aux préjugés « notamment que les cancers, c’est génétique, donc je n’y peux rien, alors que 40 % des cancers sont évitables ». Impossible de faire le tour de la cinquantaine de propositions, regroupées en onze thèmes. Voici trois propositions phares.
« Les citoyens ont besoin de savoir à quoi ils s’exposent comme produits toxiques pour adapter leurs comportements et leur consommation, introduit Emmanuel Ricard. Voilà pourquoi on prône la création d’un "Toxiscore", sur le modèle du Nutriscore pour l’alimentation, qui afficherait une couleur et une information simplifiée sur tous les produits, vêtements, hygiène, ameublements, jouets. » Deuxième pan, plus classique, le besoin de moyens : la Ligue suggère donc de faire passer le budget de la prévention de 3 % à 10 % de la dépense en santé. Mais aussi d’adapter les messages aux risques individuels et confier ces opérations aux pairs ou à des professionnels de santé spécialisés sur la prévention.
Enfin, Emmanuel Ricard insiste sur l’importance de proposer systématiquement la vaccination contre le papillomavirus (HPV) aux garçons et aux filles entre 7 et 10 ans. Pourquoi ? « On a un vaccin contre ce virus qui déclenche des cancers, rappelle le délégué de la Ligue. Et d’autres pays, qui n’ont pas connu les mêmes polémiques que la France ont réussi à étendre la vaccination à 70 % de la population et à diminuer voire faire disparaître les lésions cancéreuses. » Le problème, justement, c’est que beaucoup se méfient de ce vaccin. Pour lever doutes et inquiétudes, ces vaccinations doivent s’accompagner de campagnes d’informations intelligibles, assure la Ligue.
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