Don d’organe: Devant une baisse inquiétante, les autorités tirent la sonnette d’alarme
SANTE•Après plusieurs années de hausse, le nombre de dons d’organes est en recul par rapport aux prévisions…R. G.-V. avec AFP
Un « trou d’air ». Après plusieurs années de hausse régulière, l’Agence de la biomédecine déplore une baisse des prélèvements d’organes en vue d’une greffe depuis le début de l’année, compromettant l’objectif de 7.800 greffes en 2021 en France. Le nombre annuel de donneurs décédés prélevés affiche une nette baisse sur les premiers mois, puisqu'il s’établit à seulement 1.882 donneurs en août, contre 1.930 attendus, après les bons chiffres de 2017 et « presque dix ans de hausse continue », relève le professeur Olivier Bastien, responsable du prélèvement et des greffes à l’Agence.
« C’est inquiétant, 40 donneurs qui manquent, cela peut faire 150 greffes en moins », plusieurs organes pouvant être prélevés chez chaque donneur, observe-t-il. Ce trou d’air est « peut-être lié à l’épisode grippal qui a mobilisé l’hôpital en début d’année, mais le système de santé doit être capable d’absorber ce type d’évènement sans se gripper justement », souligne-t-il. « Les prélèvements d’organes sont peut-être un baromètre des tensions dans l’organisation des hôpitaux, je dis parfois que les greffes sont un peu le canari qui annonce le coup de grisou », poursuit-il, dans une allusion à cet oiseau utilisé autrefois dans les mines pour anticiper les catastrophes.
Campagnes de publicité à venir
En 2017, 23.828 patients ont été en attente d’un organe. Un recul des prélèvements en 2018 compromettrait l’objectif de 7.800 greffes d’organes en 2021, dont 1.000 à partir d’un donneur vivant. L’année 2017 avait marqué une étape encourageante, en passant pour la première fois le cap des 6.000 greffes, dont les deux tiers pour le rein, mais « on constate en 2018, pour la première fois depuis de nombreuses années, une baisse sensible, dans certaines régions, du prélèvement, alors même qu’il n’existe pas d’augmentation du taux de refus », souligne l’Agence.
Deux campagnes de communication vont être lancées pour tenter d’enrayer cette baisse. Celle, annuelle, en faveur du don de rein, la greffe la plus fréquente (2 au 28 octobre) et, du 15 au 30 novembre, une campagne sur le don post-mortem, qui représente l’essentiel des greffes. La greffe à partir du donneur vivant « donne les meilleurs résultats », a toutefois rappelé le professeur Marc Olivier Timsit, chirurgien urologue à l’hôpital Necker. Le don du vivant a triplé depuis 2005 pour le rein, donnant un espoir à des milliers de malades.
Un tiers de refus
Le don d’organes repose en France sur le consentement présumé, qui veut que toute personne soit donneuse après son décès, sauf si elle a exprimé un refus de son vivant. A défaut de consigne écrite, la famille peut attester la volonté du donneur, par écrit. Le « taux de refus » est d’environ 30 %, en recul de 3 % l’an dernier. L’augmentation des dons du vivant et des dons post-mortem est indispensable pour compenser des évolutions « heureuses », comme la baisse de la mortalité routière ou par AVC, qui permettaient de recueillir des greffons de bonne qualité.