Bretagne: Les dépenses liées aux arrêts maladie s’envolent
SANTE•Les dépenses ont progressé de 6 % depuis le début de l’année en Bretagne...Camille Allain
L'essentiel
- Les dépenses liées aux arrêts maladie ont progressé de 6 % depuis le début de l’année en Bretagne.
- La CPAM s’interroge et a lancé une campagne de communication auprès des assurés.
- Des contrôles sont également menés au domicile des malades pour éviter la fraude.
- Les médecins sont également "tracés". Ceux qui distribuent beaucoup d’arrêts sont suivis par la Sécurité sociale.
Mais qu’ont donc les Bretons en cette année 2018 ? A en croire la caisse primaire d’assurance maladie, ils ne sont pas au mieux. Conséquence : les arrêts maladie sont en pleine explosion dans la région. De janvier à août, les dépenses liées à ces arrêts ont progressé de 6 % par rapport à la même période en 2017. « L’évolution est conséquente. Elle nous interroge », admet Caroline Bonnet.
Le recul de l’âge légal de départ à la retraite
La directrice adjointe de la CPAM a bien quelques pistes pour expliquer cette progression. « L’augmentation de la population, la reprise économique qui fait que plus de gens travaillent ou encore le recul de l’âge légal de départ à la retraite ». Mais tout ça ne justifie pas une telle hausse, alors que la progression est contenue à 3 % au niveau national.
Si l’antenne bretonne de la Sécu s’interroge autant, c’est qu’elle ne parvient pas à identifier les causes de ces maux. Tous ses indicateurs sont au rouge, que ce soit les arrêts de courte durée ou les absences prolongées. Des arrêts qui lui coûtent chaque année près d’un demi-milliard d’euros.
Des contrôles pour lutter contre la fraude
La CPAM vient donc de lancer une campagne de communication à destination de ses assurés et va continuer de les contrôler. Sans pour autant tomber dans la chasse aux fraudeurs. « On regarde surtout les absences de longue durée pour voir si elles sont justifiées. Quand il y a un conflit avec l’employeur, un arrêt qui dure peut parfois empirer la situation », estime Maurice Grimault, médecin-conseil à la CPAM. Après les troubles musculo-squelettiques et les douleurs de dos, les problèmes psychologiques sont le second motif des arrêts maladie. Et ils ne cessent de progresser.
« De plus en plus de personnes fragiles »
« Je n’ai pas un patient qui vienne me voir pour obtenir un arrêt de confort. La plupart du temps, ils ne sont pas allés travailler le matin. On en parle, on échange », témoigne le docteur Stéphane Panhelleux, généraliste à Rennes. Mais le praticien reconnaît « avoir de plus en plus de personnes fragiles, qui ne semblent pas bien ». A cause de leur job ? « Pas nécessairement. Plutôt en raison d’une pression sociétale. C’est un tout ».
Les médecins, seules personnes à pouvoir prescrire ces arrêts, sont également dans le viseur de l’administration de santé. Tous sont surveillés et leur activité est tracée. En cas « d’anomalie », le praticien est contacté et doit justifier ses choix d’arrêter untel ou untel. Une vingtaine de médecins est ainsi suivie en Bretagne.