SANTEPatrick a vu sa vie brisée par l’électro-hypersensibilité

Rennes: Acouphènes, migraines et malaises. Patrick a vu sa vie brisée par l’électro-hypersensibilité

SANTELe Rennais souffre depuis plusieurs mois. Selon lui, c’est son compteur Linky qui a déclenché ses maux et ceux de sa compagne…
Camille Allain

Camille Allain

L'essentiel

  • Un couple installé à Rennes est devenu électro-hypersensible et ne peut plus habiter dans son appartement. Ils ont déménagé dans une caravane, à l’abri des ondes.
  • Le CHU de Nantes a diagnostiqué la maladie du couple.
  • Selon Patrick, c’est l’installation du compteur communiquant Linky qui a déclenché les premiers symptômes.
  • Le Rennais a dû changer de travail et ne peut plus fréquenter certains lieux comme les grandes surfaces.
  • Enedis aurait retiré le compteur Linky il y a quelques mois.

La première fois que 20 Minutes a rencontré Patrick, il était inquiet. C’était en mars 2018. Enedis venait d’installer devant son appartement son compteur communiquant, le tant décrié Linky. En bonne santé, Patrick 53 ans, et sa femme Claudie voyaient leur vie basculer. « On a d’abord eu l’impression d’avoir des sifflements dans la tête, comme des acouphènes. Puis on a commencé à avoir des maux de tête, des vertiges, des insomnies », témoignait le couple installé dans le quartier de la Poterie à Rennes.

Six mois plus tard, ce n’est plus le même homme. « Nous avons passé des examens dans une unité spécialisée du CHU de Nantes. Nous sommes bien devenus électrohypersensibles ». Le diagnostic médical de l'hôpital est clair et l’inquiétude semble s’être envolée, laissant place à la fatalité. Patrick a gardé son sourire en coin, comme pour tenter de cacher le cataclysme qu’a provoqué sa nouvelle maladie. Car depuis six mois, il n’a quasiment jamais remis les pieds chez lui. « Nous vivons dans une caravane à la campagne près de Redon (Ille-et-Vilaine) ». Ni eau chaude, ni électricité, ni pollution d’ondes électromagnétiques.

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De la médiathèque aux espaces verts

Celui qui était employé d’une médiathèque a aussi dû changer de job. « J’ai de la chance que mon employeur ait entendu ma souffrance ». La mairie de Vern-sur-Seiche, pour qui il travaille, l’a reclassé à l’entretien des espaces verts. « Au début, c’était très dur. Physiquement mais aussi moralement. Mon boulot d’avant, je l’aimais bien ».

Chaque jour, sa compagne et lui passent deux heures en voiture pour aller et revenir jusqu’à leur terrain, devenu leur refuge contre les ondes. « C’est pénible, ça nous donne des maux de tête. J’ai appris que les voitures émettaient des champs électromagnétiques. C’est peut-être ça. »

« Comme un séjour en enfer »

Pour se mettre à l’abri des ondes, le couple a dû faire quelques sacrifices, en plus de quitter son appartement. « On ne met plus les pieds au supermarché. Quand on doit y aller, on reste dix minutes. C’est comme un séjour en enfer ». Patrick et Claudie ne vont plus guère chez leurs amis. Le wifi, la 4G, les objets connectés, les néons… Tout leur est devenu insupportable.

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Patrick a également dû faire une place dans sa vie pour les acouphènes, qui l’accompagnent tous les jours. « C’est comme une roulette de dentiste en permanence. C’est épuisant ». Bien installée, sa maladie ne va plus jamais le quitter. En colère contre Enedis, qu’il accuse d’avoir tout déclenché, il a d’abord voulu tout changer, hurler, se battre, manifester, témoigner. Avant de se résigner. « Tant qu’on sera dans le combat, on ne vivra pas. Aujourd’hui, je donne priorité à la vie ».

Enedis a enlevé le compteur Linky

Contacté, Enedis indique simplement que « la cellule de médiation Linky a traité le dossier avec attention », mais refuse d’en dire plus. « C’est la ville qui a pris contact avec eux, relève Patrick. Ils ont enlevé le compteur Linky et ont remis l’ancien. Mais c’est trop tard ».