Strasbourg: Un auto test VIH à 10 euros pour atteindre le plus grand nombre
SANTE•Une entreprise alsacienne commercialise un auto test de dépistage de l’infection par le VIH à un prix bas, afin de toucher le plus grand nombre…Gilles Varela
L'essentiel
- Une société alsacienne, Biosynex, commercialise un auto test de dépistage de l’infection par le VIH «à bas prix».
- Autour de 10 euros en pharmacie, ce prix a pour objectif de démocratiser le dépistage et lever certaines barrières.
Il n’est pas toujours évident d’aller faire une prise de sang, de se rendre chez un médecin ou même dans un centre de dépistage du VIH. Pourtant, en cas d’infection par le virus, un dépistage permet la mise en place rapide de traitements médicaux efficaces et d’éviter de nouvelles contaminations. Et c’est un enjeu important de santé publique.
En France, 153.000 personnes sont infectées par le VIH et 25.000 d’entre elles l’ignorent. Parallèlement, 6.000 nouvelles personnes sont contaminées chaque année. C’est dire l’urgence de la situation, même si la France est l’un des pays européens où se fait le plus dépistage. Mais cela montre aussi que c’est insuffisant car les chiffres restent alarmants. D’autres outils sont à mettre en place, d’autres réglementations à penser.
Démocratiser le dépistage
Autorisés depuis 2015, des auto test de dépistage de l’infection par le VIH existent dans le commerce, même si cela est peu connu du grand public. Mais le prix, près d’une trentaine d’euros en moyenne, peut empêcher une partie de la population d’y avoir accès. Aussi, la société alsacienne Biosynex, spécialisée dans les Tests de diagnostic rapide (TDR) en France, basée à Illkirch-Graffenstaden près de Strasbourg, vient de lancer un auto test à 10 euros, disponible en pharmacie.
Objectif affiché par la société, démocratiser le dépistage. « Nous avons fait le constat, selon les remontées de pharmaciens et d’associations, que les auto test du VIH sont trop chers, ce qui est un véritable frein », explique Raphaël Dupont, chef de produit chez Biosynex. « Loin de vouloir se substituer aux dépistages classiques, l’auto test vient s’ajouter aux outils disponibles dans la prévention, car ce n’est pas toujours facile de se rendre dans un centre de peur d’être stigmatisé, identifié. »
« Une porte ouverte »
« L’auto test, c’est une première porte qui est ouverte » et qui permet au pharmacien, si la personne a besoin de conseil, « de l’orienter vers les systèmes de santé, les professionnels, les médecins, les associations. C’est une bonne chose », assure Jocelyn Fleury, pharmacien à Cronenbourg. Même son de cloche dans une pharmacie du quartier gare : « Nous vendons deux à trois auto test par mois, mais le prix peut faire reculer une certaine population fragile. Avec un prix beaucoup plus bas, cela va toucher plus de personnes. »
Si le corps médical a fait part, dès 2015, de certaines inquiétudes, notamment pour l’utilisateur qui doit gérer seul la nouvelle d’une séropositivité, de faux positifs, de mauvaises lectures du diagnostic, d’interprétations, de la nécessité d’une prise de sang en laboratoire pour confirmation ou bien encore de traçabilités, les réflexions passent aussi à présent par la façon de mettre à disposition l'auto test. Aujourd’hui, la loi impose, hormis ceux sur l’ovulation et la grossesse, d’être vendus derrière le comptoir ou au comptoir en pharmacie, et pas en libre accès.
Un autre frein, dont souhaitent se libérer l’entreprise mais aussi le groupement de pharmacies Aprium ou bien encore des militants d’associations de lutte contre le sida, afin de rendre l’auto test plus accessible : « Car de toute façon, au moment de payer, rassure Raphaël Dupont, le pharmacien pourra délivrer l’information si le client souhaite l’entendre. »