VACCINSComment l'industrie veut améliorer la confiance dans les vaccins?

Vaccins: Comment retrouver la confiance et améliorer la couverture vaccinale en France?

VACCINSUne enquête d'Ipsos dévoile que 83% des Français seraient favorables aux vaccins, un signe encourageant mais l'industrie entend poursuivre dans ce sens avec quelques propositions...
Oihana Gabriel

Oihana Gabriel

L'essentiel

  • Après une concertation publique et des mois de polémiques, la ministre de la Santé a choisi de faire passer l'obligation vaccinale de 3 à 11 vaccins depuis janvier 2018.
  • Une enquête d'Ipsos dévoile que 83% des Français y sont favorables.
  • Mais l'industrie espère améliorer encore la confiance et la couverture vaccinale.

«Des résultats fragiles, mais encourageants ». Voilà comment Philippe Lamoureux, directeur général du Leem, syndicat de l’industrie pharmaceutique, présente les résultats dévoilés ce mercredi d’un sondage sur la confiance des Français vis-à-vis des vaccins. Selon une enquête* Ipsos réalisée fin juin, 83 % des Français seraient favorables à la vaccination. Seule une minorité de Français (17 %) se déclarent défavorables principalement en raison de doutes portant sur la composition des vaccins, leurs potentiels effets secondaires, voire leur efficacité.

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Un chiffre à mettre en regard des enquêtes de Santé Publique France, qui montraient qu’en 2010, seulement 60 % des Français y étaient favorables, avec une remontée en 2014, 79 % des Français étaient convaincus de leur intérêtet 75 % en 2016. Signe que l’acte politique fort d’élargir l’obligation vaccinale à onze vaccins pour les nourrissons est mieux acceptée qu’il y a quelques mois. Mais « retrouver la confiance est essentiel, car cette obligation vaccinale devrait être transitoire, rappelle Odile Launay, professeur en maladie infectieuses à l’Université Paris Descartes. Mais comment poursuivre cette réconciliation entre l’opinion française et les vaccins ? Le Leem a listé une quinzaine de propositions pour que la France, patrie de Pasteur, redevienne leader sur la vaccination.

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Informations sur les réseaux sociaux

Parmi les critiques des Français défavorables, arrive en premier lieu le manque d’information sur les vaccins (18 %). Un effort pour mieux renseigner le public a été effectué, de la part de Santé Publique France, du Leem, de la ministre qui n’a pas ménagé ses efforts pour défendre l’obligation vaccinale. L’autre pan, c’est aussi de combattre la désinformation. « Aujourd’hui, la bataille se livre sur les réseaux sociaux », assure Serge Montéro, président du Comité vaccins du Leem. Le syndicat a donc lancé une analyse des conversations sur les vaccins entre juin 2017 et juin 2018 réalisée par La Netscouade. Bilan ? Après des pics d’échanges l’été dernier et en janvier, le débat numérique semble se calmer. « On trouve sur Internet moins de désinformation et plus de réponses scientifiques », synthétise Martin Bieri, directeur des études et réputation de la Netscouade. Sur Twitter, il n’y a pas de grand leader de la communauté des antivaccins, plutôt des pétitions ponctuelles. Sur Facebook en revanche, il y a l’influence de la page d’Henri Joyeux. On a remarqué ces derniers mois que la communauté médicale s’est mobilisée pour répondre aux questions sur Internet ou pour moquer les justifications non scientifiques, ainsi que certains YouTubeurs qui ont un public fidèle. » Pour promouvoir une information scientifique, le Leem suggère la mise en place d’une veille par des community managers pour détecter les polémiques. Pas sûr toutefois qu’un community manager estampillé ministère ou Leem soit à même de calmer les suspicions…

Encourager la recherche

L’un des sujets qui inquiètent le plus les jeunes parents sceptiques, c’est la présence des sels d’aluminium dans les vaccins. Sont-ils indispensables ? « Les sels d’aluminium ont été introduits à la fin des 1920, nous avons donc 100 ans de recul sur des milliards de personnes, plaide Brigitte Autran, professeur de la Faculté de médecine Sorbonne Université. Ils ont un effet puissant pour accroître les défenses immunitaires. » Ce qui n’empêche que la recherche internationale tente de découvrir de nouveaux adjuvants. « Mais encore aujourd’hui, les sels d’aluminium restent les meilleurs adjuvants. » Stimuler la recherche pour trouver de nouveaux vaccins et de nouveaux adjuvants fait partie des quinze propositions du Leem, notamment en favorisant des partenariats publics-privés.

Passer à une médecine préventive

La prévention, c’est le maître mot d’ Agnès Buzyn. « Nous sommes un pays du curatif, pas du préventif, déplore Serge Montéro, du Leem. « La communauté médicale doit faire son autocritique, renchérit Brigitte Autran. La prévention n’a jamais été un élément majeur dans l’enseignement médical. Nous faisons un effort depuis peu pour renforcer cette information sur les vaccins pendant les études de médecine. Mais il faudrait que toutes les universités en parlent. Mais aussi à l’école, on pourrait proposer une introduction à la vaccination comme on fait de l’éducation à la sexualité. »

Améliorer l’accessibilité

« Aujourd’hui, en France pour se faire vacciner, il faut prendre rendez-vous chez un médecin, aller à la pharmacie avec son ordonnance et retourner se faire vacciner. En termes de logistique et de respect de la chaîne du froid, on peut faire mieux ! », ironise Serge Montéro. Les industriels voient donc d’un bon œil l’expérimentation, élargie à quatre régions et généralisée en 2019, de la vaccination contre le grippe dans les pharmacies. Autre piste : profiter du check-up global proposé par la Sécurité sociale pour faire un rappel des vaccins. Et pour faciliter le suivi, le Leem appelle à la mise en place d'un carnet électronique de vaccination. « Aujourd’hui, nous avons toujours notre carnet de santé, qui nous suit… ou pas », insiste-t-il. Alors que nos voisins européens disposent d’un registre vaccinal qui manque beaucoup en France. « Il y a un véritable intérêt collectif à améliorer ce suivi, on le voit dans l’actualité avec la résurgence des cas mortels de rougeole », plaide ce directeur au Leem. Pour aujourd’hui, mais aussi pour demain. « Sans être alarmiste, nous allons droit dans un mur avec la résistance aux antiobiotiques, avertit Brigitte Autran, immunologue. La recherche n’a pas trouvé de nouveaux antibiotiques depuis des décades. A l’avenir, les vaccins seront peut-être notre seule arme fatale contre des infections graves comme la méningite. »

Harmoniser informations et procédés au niveau européen

Pour éviter les problèmes d’approvisionnements, moins importants en 2018 mais qui ont connu quelques difficultés auparavant, les industriels souhaitent un meilleur partage des informations au niveau européen. Notamment en cas de changements des recommandations vaccinales nationales pour éviter les pénuries. « Nous devons aussi harmoniser les calendriers et conditionnements au niveau européen », reprend Serge Montéro. Qui précise : aujourd’hui chez les 28 pays de l’Union, nous avons 23 calendriers de vaccination et 4.000 conditionnements différents… »

*L’institut Ipsos a réalisé pour le Leem une enquête auprès d’un échantillon national représentatif de 1 086 Français âgés de 18 ans et plus, interrogés par internet entre le 20 et le 24 juin 2018.