VIDEO. Comment éviter de ramer pendant un régime? Les conseils du champion olympique Jérémie Azou
TEMOIGNAGE•Le champion olympique d'aviron Jérémie Azou raconte les terribles régimes qu'il s'est imposés pendant sa carrière. Il donne des conseils aux jeunes rameurs et au grand public...Jean Saint-Marc
L'essentiel
- Pour rester dans la catégorie des Poids Légers, Jérémie Azou s’est astreint pendant dix ans à suivre des régimes draconiens.
- Désormais retraité, Jérémie Azou est kinésithérapeute ostéopathe et donne des conférences.
- Il livre son témoignage dans un ouvrage poignant, où il donne de nombreux conseils pour mieux vivre son régime.
Les différents équipages ne se mettent pas des coups de rames. Pourtant, l'aviron est bien un sport de combat. Voilà ce qu’on a appris en lisant le bouquin du champion olympique Jérémie Azou, une autobiographie titrée Une médaille à la faim*.
Le «Superman» de l'aviron (surnom officiel) y narre bien sûr ses nombreuses victoires et titres, mais le gros de l’ouvrage porte sur son « obsession du poids », sa peur de la balance, « une ennemie redoutable ». Il y montait parfois « comme un condamné à mort » dans l’attente de la « sentence » (sic). Pour pouvoir concourir avec les Poids Légers, Jérémie Azou devait perdre entre 4 et 6 kilos par rapport à son poids de forme, au prix d’efforts « parfois titanesques » :
« Ma pratique sportive m’a fait connaître la faim et les privations. A un point que personne ne connaît aujourd’hui dans notre pays, à moins d’être en situation de précarité. Car même les personnes suivies pour surpoids ne se voient plus prescrire de tels régimes par leurs diététiciens. » »
Avec, en guise de dommages collatéraux : troubles digestifs, moral en berne, tendance à être très irritable… et soucis de libido. « Quand j’ai commencé à écrire, en 2012, c’était comme un journal intime, presque un exutoire, une psychothérapie », nous a raconté le rameur, originaire du Vaucluse et maintenant installé à Valenciennes, où il est kinésithérapeute ostéopathe.
Son récit, « très empirique », est « une anti-méthode » : « Je ne veux pas que d’autres reproduisent mes erreurs », raconte-t-il, martelant qu’il n’est « ni gourou, ni médecin nutritionniste. Chacun est libre de suivre tel ou tel conseil. » On en a isolé trois et on en a discuté avec la professeure Monique Romon, médecin nutritionniste et présidente de la Société française de nutrition.
>> Plus qu’un régime, il faut faire du sport
« La solution ne se trouve pas uniquement dans le régime mais dans une hygiène alimentaire associée à une activité physique », martèle Jérémie Azou, qui conseille par exemple la pratique de la natation, du vélo, de l’aviron (ou du rameur), du fitness ou de la course à pied.
La professeure Monique Romon valide complètement ce premier point :
« Les gens mettent toujours la charrue avant les bœufs : ils veulent maigrir d’abord. Alors qu’il faut dans un premier temps mettre en place les habitudes qui permettent de maintenir le poids : apprendre à manger selon sa faim, faire cinq heures d’activité physique par semaine, bien choisir les aliments. » »
>> Se fixer un objectif de poids ?
Selon Jérémie Azou, c’est indispensable. « Ecrivez votre objectif noir sur blanc et détaillez-le de manière explicite », affirme-t-il, précisant, évidemment, qu’il faut aussi se demander quels seront les bénéfices de cette perte de poids ou remise en forme. Et que le planning doit être réaliste, pour éviter les effets de yo-yo. « Avoir un objectif quantifiable, ça peut permettre de se motiver », assure l’ancien rameur.
Monique Romon est dubitative :
« Au contraire, il ne faut surtout pas se fixer d’objectif de poids, c’est le meilleur moyen de se sentir en échec. Il faut fixer des objectifs au sujet de ce que l’on va mettre en place. Et ces objectifs doivent être progressifs, en fonction de ce que l’on se sent capable de faire. Ça peut être, par exemple : “je ferai X minutes de vélo d’appartement par jour !” » »
>> Les compléments alimentaires, c’est de la triche (et c’est surtout inutile)
Jérémie Azou a toujours refusé les compléments alimentaires : « Je ne suis jamais tombé dans ce piège, assure-t-il. Prendre une pilule pour m’aider à me sentir mieux me dérange énormément. » Dopants ou pas, ils sont de toute façon inutiles. Monique Romon confirme :
« Nous n’en prescrivons que dans un cas particulier : la chirurgie bariatrique [sleeve gastrectomie ou gastric bypass par exemple], car du fait de la chirurgie, l’absorption de certaines vitamines est diminuée. » »
Plutôt qu’une liste de compléments alimentaires à la noix, Jérémie Azou préfère faire une liste de petits conseils concrets, dont on vous livre un échantillon, en vrac :
- Manger à heure régulière et mastiquer lentement.
- Noter sur 10 sa faim (avant le repas) puis sa satiété (après, logiquement) pour être « en pleine conscience à table ».
- Manger mieux : plus épicé, plus assaisonné et avec de meilleurs produits, pas industriels. « S’il y a un seul conseil à retenir du bouquin, c’est qu’on peut manger bien sans savoir cuisiner ! C’est mon cas, je suis tout sauf un étoilé au Michelin », sourit Jérémie Azou.
- Se brosser les dents après chaque repas pour faire cesser les envies de grignotage…
- … mais savoir aussi s’accorder quelques grammes de « graisse plaisir », de temps en temps, pour « donner une charge de dopamine au cerveau ». Pour Jérémie Azou, c’était 30 grammes de Nutella (pas une de plus) sur le retour de l’entraînement.
Pour évacuer les envies d’achever la balance à coups de rame ? En fait, on a appris autre chose, dans ce bouquin. C’est qu’on dit « pelle ».
* Une médaille à la faim, Jérémie Azou. Synchronique Editions, 15 euros, en libraire depuis fin mai.