SANTEUn «village Alzheimer» des Landes avec mini-ferme et supérette

Landes: Un «village Alzheimer», pour «réduire les troubles du comportement et les prises de psychotropes»

SANTELa construction d’un « village Alzheimer » à Dax dans les Landes vient de commencer. Le projet vise à accueillir des malades de cette pathologie dégénérative dans un cadre non hospitalier et à favoriser leur prise en charge par d'autres thérapies…
Elsa Provenzano

Elsa Provenzano

L'essentiel

  • Un village consacré à la prise en charge de 120 malades d’Alzheimer est en construction depuis lundi à Dax dans les Landes.
  • Installé sur cinq hectares, il comprendra de nombreux équipements pour que les résidents se sentent comme chez eux et vise une réduction de la prise en charge médicamenteuse.
  • Une équipe de chercheurs évaluera l’impact du village sur la qualité de vie des résidents mais aussi des soignants, des familles et des bénévoles.

Ce ne sera pas un Ehpad comme les autres. Le village Alzheimer , dont la construction a démarré ce lundi à Dax, dans les Landes, accueillera 120 résidents après sa livraison fin 2019 dans un cadre qui tranchera avec l’environnement hospitalier classique.

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Au sein du village installé sur un site de cinq hectares, les résidents pourront accéder à des équipements (supérette, auditorium, salle de sport, médiathèque, potager, etc.) sur lesquels ils seront accompagnés et qui doivent favoriser leur socialisation.

Une supérette sera installée au sein de ce village conçu sur le modèle d'une bastide landaise.
Une supérette sera installée au sein de ce village conçu sur le modèle d'une bastide landaise.  - ArchiGraphi

« La participation à la vie sociale doit permettre, on l’espère, de réduire les troubles du comportement et par conséquent de réduire les prises de psychotropes », souligne le professeur Jean-François Dartigues, neurologue. Le comité de pilotage du site est co-animé par le conseil départemental des Landes et l’agence régionale de santé Nouvelle-Aquitaine.

Les personnes âgées ont accès à un potager.
Les personnes âgées ont accès à un potager.  - ArchiGraphi

« L’idée est d'aider les personnes, malgré leur handicap, à bénéficier d’une vie sociale, jouer à la pétanque, faire des courses, etc. », explique Jean-François Dartigues. En charge du volet recherche du projet, ce chercheur va à la fois évaluer les représentations de la maladie d'Alzheimer dans la population générale via des enquêtes sur Dax et la région Nouvelle-Aquitaine, mais aussi assurer un suivi d’un échantillon de résidents.

La surveillance de la progression de la maladie sera réalisée au moyen de tests cognitifs classiques, mais aussi « grâce à des indicateurs originaux comme la participation à la vie sociale », pointe le professeur. L’enjeu est aussi d’évaluer l’impact de ce modèle de village sur la qualité de vie des soignants, des familles et des bénévoles.

Les nouvelles technologies expérimentées

Tout le tissu associatif de Dax a été associé au projet, et des bénévoles des clubs d’accordéon, de tango, de jeux de cartes, etc. interviendront sur le site qui s’étend sur cinq hectares. Au total 120 bénévoles proposeront des activités et 120 salariés travailleront dans ce village. « Les familles pourront venir dormir dans le village, y fêter un anniversaire, et un accompagnement à la fin de vie sera proposé », précise Francis Lacoste, directeur de la solidarité au conseil départemental des Landes.

Sur les 5 hectares du projet, on trouve une mini-ferme
Sur les 5 hectares du projet, on trouve une mini-ferme  - ArchiGraphi

Parmi les équipements, une mini-ferme avec des animaux sera aussi accessible aux résidents. « Qu’est-ce qui est important, faire du vélo ou se rappeler qu’on a fait du vélo ? fait remarquer avec humour le neurologue. Malgré la dépendance, on peut continuer à apprécier une prestation de chant, de théâtre ou fréquenter une médiathèque. »

Un auditorium est intégré au projet de village Alzheimer.
Un auditorium est intégré au projet de village Alzheimer.  - Archigraphi

Le village sera aussi un lieu de recherche pour des thérapies non médicamenteuses utilisant les nouvelles technologies. Il s’agira par exemple d’expérimenter des biotechnologies permettant aux malades de mieux se repérer dans l’espace, comme des informations auditives pour faire ses courses, par exemple. Dans le futur, si la thérapeutique de ce village fait ses preuves, le neurologue espère que des séjours transitoires pour des personnes à un stade peu avancé de la maladie pourront aussi être envisagés.

Un modèle inspiré des Pays-Bas

Le projet avait été lancé par Henri Emmanuelli fin 2013, alors qu’il était président du département des Landes, constatant le manque de places dans les Ehpad et l’insuffisance des réponses médicamenteuses. « On est allé voir ce qui se passait ailleurs, aux Pays-Bas, et on a adapté l’idée à la culture landaise », explique Francis Lacoste.

Aux Pays-Bas, les personnes sont regroupées dans les quartiers par communauté et l’architecture est assez fermée, alors que le village des Landes, qui a l’air ouvert mais est très sécurisé, propose des lieux de convivialité et des habitations sur le modèle des maisons landaises. « Le but est qu’il n’y ait pas de rupture entre le domicile et le village », pointe Francis Lacoste.

Le cadre de ce village Alzheimer d'un nouveau genre doit permettre une meilleure socialisation des résidents.
Le cadre de ce village Alzheimer d'un nouveau genre doit permettre une meilleure socialisation des résidents.  - ArchiGraphi

Le coût de construction de ce village est un peu supérieur à celui d’un Ehpad classique, soit 28,8 millions d’euros principalement financés par le département des Landes, mais « il y a des équipements comme la médiathèque, qui a été pensée comme une annexe de celle de Dax », souligne Francis Lacoste.

« Ce village n’a pas vocation à rester unique », continue Jean-François Dartigue, dont les travaux de recherche seront certainement examinés de près par la communauté scientifique, alors que 225 000 nouveaux cas de démence de type Alzheimer sont diagnostiqués chaque année en France.