L'essentiel

  • L’Ecosse a introduit mardi 1er mai un prix minimum pour l'alcool afin de lutter contre les méfaits de l’alcoolisme.
  • Pour le corps médical, augmenter le prix de l’alcool en France permettrait de diminuer la consommation des Français et de mieux communiquer sur les dangers de l’alcool. Une mesure de santé publique, car notre pays reste le troisième plus gros consommateur d’alcool d’Europe.
  • Les experts ne semblent pas convaincus que ce type de mesure puisse voir le jour sous le quinquennat Macron.

C’est une mesure qui fait grincer des dents de l’autre côté de la Manche. L’Ecosse a introduit mardi un prix minimum pour l'alcool afin de lutter contre les méfaits de l’alcoolisme. Une urgence selon le gouvernement écossais, car le pays déplore 22 morts par semaine dus à l’alcool et en 2016, le nombre de ce type de décès a augmenté de 10 % par rapport à l’année précédente.

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Concrètement, l’Écosse a désormais fixé un prix minimum de 50 pence (57 centimes) par unité d’alcool, une mesure qui prend en compte à la fois la teneur en alcool et le volume du produit. Ainsi, une bouteille de 70 cl de whisky ne pourra pas être vendue en dessous de 14 livres (15,60 euros), et une bouteille de 75 cl de vin à 12,5 % pas moins de 4,69 livres (5,20 euros).

« Notre pays reste le troisième plus gros consommateur d’alcool d’Europe »

Des mesures similaires ont déjà été adoptées par certains Etats canadiens, la Russie, l’Australie ou l’Ukraine. « Je pense que des pays en Europe et ailleurs chercheront à reproduire ce qui a été fait ici en Écosse », a déclaré la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon, notant que l’Irlande et le Pays de Galles souhaitaient lancer des projets similaires. Une telle mesure serait-elle envisageable en France ? Contacté par 20 Minutes, le ministère de la Santé n’a pas réagi.

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Au contraire de la communauté médicale, qui se dit favorable à la fixation d’un prix minimum pour l’alcool dans l’Hexagone. « Nous souhaitons une telle mesure depuis longtemps car l’alcool bon marché contribue à sa forte consommation en France. Or, notre pays reste le troisième plus gros consommateur d’alcool d’Europe et 49.000 personnes meurent chaque année en raison de leur consommation trop forte d’alcool », estime l’addictologue Philippe Batel.

La consommation d’alcool peut être à l’origine d’accidents routiers, de noyades, « mais a aussi des effets à long terme et multiplie les risques de cancers, d’AVC, infarctus….», explique le médecin. « En France, cette mesure aurait notamment un impact sur le prix des bières bas de gamme et très fortes, ainsi que sur les vins vendus peu chers dans des bouteilles en plastique », note Myriam Savy, porte-parole de l’Association nationale de prévention en alcoologie et en addictologie.

« Dans les pays où cela a été instauré, l’effet positif a été quasi immédiat »

Selon Philippe Batel, les initiatives visant à renforcer le prix de l’alcool ont prouvé leur efficacité. « Dans les pays où cela a été instauré, l’effet positif a été quasi immédiat. Car la grande distribution a arrêté de brader les bouteilles d’alcool. Ce qui a limité les orgies, notamment des jeunes. Et si l’on regarde l’histoire française, les cas de cirrhoses étaient moins fréquents pendant la Seconde Guerre mondiale, tout bonnement parce que l’alcool était moins facile d’accès », soutient-il.

Même son de cloche de la part de Myriam Savy : « Des études internationales ont montré que ce type de mesures avait fait diminuer la consommation d’alcool dans les pays concernés. En France, on avait observé le même résultat lorsque le prix du tabac avait augmenté dans les années 2000 », souligne-t-elle.

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Dans un rapport sur Les politiques de lutte contre les consommations nocives d'alcool, publié en juin 2016, la Cour des Comptes appuyait ce constat : « L’action par les prix et la fiscalité apparaît dans toutes les études récentes (dont la dernière étude de l’OCDE de 2015) comme l’une des mesures les plus efficaces pour la santé publique et la réduction des coûts sociaux de l’alcool. Le prix minimum vise essentiellement la consommation de boissons alcoolisées à bas coût par des buveurs réguliers excessifs, souvent issus des milieux défavorisés », soulignait ce rapport jugeant « souhaitable » la mise en œuvre d’un prix minimum, sous réserve « que soient créées les conditions de sa conformité au traité sur le fonctionnement de l’Union européenne ».

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Une hypothèse pas très réaliste… pour le moment

De telles mesures auraient aussi des vertus pédagogiques selon Philippe Batel : « Cela permet d’asseoir la communication sur les dangers de l’alcool de manière plus efficace ». Un avis partagé par Myriam Savy : « Cela permettrait de mieux protéger les jeunes », estime-t-elle. Quant au risque que cette mesure favorise le marché noir et l’achat de bouteilles à l’étranger, Philippe Batel le minimise : « le marché noir sera à la marge, donc c’est plutôt une fausse excuse pour ne pas prendre ce type de mesure », commente-t-il.

Une telle mesure est toutefois loin de faire consensus en France. « On peut s’imaginer que les lobbys de l’alcool s’y opposeraient fermement. Comme cela a été le cas en Ecosse. Par ailleurs, depuis le début de son quinquennat, Emmanuel Macron a semblé vouloir les épargner », déclare Philippe Batel. Une référence aux propos du Président en février écartant tout « amendement pour durcir la loi Evin » et déclarant:déclarant

Myriam Savy partage le même pessimisme : « Le Président a comme conseillère à l’Agriculture Audrey Bourolleau, ex-déléguée générale de Vin et Société, une instance de lobbying du vin. Tous ces signes montrent qu’il ne veut pas freiner le potentiel d’export des vins et spiritueux français », juge-t-elle.

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Si l’instauration d’un prix minimal pour l’alcool est peu probable sous ce quinquennat, la mesure pourrait voir le jour à plus long terme : « Le fait que plusieurs pays adoptent ce type de disposition va accélérer la prise de conscience et forcer les gouvernements des Etats voisins à bouger », estime Myriam Savy.