MALADIESPourquoi un foyer de rougeole persiste-t-il en Moselle et dans le Bas-Rhin?

VIDEO. Rougeole: Pourquoi le seul foyer du nord du pays persiste-t-il en Moselle et dans le Bas-Rhin?

MALADIESAlors qu’une femme de 32 ans est morte à cause de la rougeole dans la Vienne en février, plusieurs foyers de la maladie persistent en France. Dont un, dans le Grand Est, le seul au nord de la Loire…
Bruno Poussard

Bruno Poussard

L'essentiel

  • Une femme de 32 ans a trouvé la mort à l'hôpital de Poitiers à cause de la rougeole dans la Vienne en février.
  • Plusieurs foyers de la maladie persistent dans l'Hexagone, dont un, esseulé, en Moselle et dans le Bas-Rhin.

Une femme de 32 ans, touchée par la rougeole, est décédée le 10 février à Poitiers, dans la Vienne. Elle n’était pas vaccinée contre la maladie, alors qu’une épidémie sévit encore en France depuis plusieurs semaines. Particulièrement touchées, la Nouvelle-Aquitaine et l’Occitanie ne sont pourtant pas les seules régions du pays concernées.

Dans le Grand Est, l’Agence régionale de santé alertait dès mars 2017 sur la situation de la rougeole touchant surtout des enfants « sur les secteurs de Metz et Forbach », preuve qu’elle ne se limite pas au sud de la France. Même si, dans un cabinet de l’Est messin, aucun cas n’a été signalé cet hiver, un foyer persiste en Moselle et dans le Bas-Rhin.

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Avec 54 cas dénombrés, au total, en 2017, la Moselle est même le troisième département hexagonal le plus touché cette année. Avec le Bas-Rhin (et ses 17 cas) puis la Meurthe-et-Moselle (avec 4 cas), le troisième vrai foyer du pays est même le seul au nord de la Loire. Mais comment peut-on l’expliquer ?

De nombreux jeunes adultes n’ont reçu qu’une seule dose

« Lorsque des gens viennent ici, nous leur faisons tous un bilan global et vaccinal, et nous voyons que beaucoup ne sont pas à jour de leur deuxième injection du vaccin de la rougeole », observe Thierry Godefroy, directeur médical des centres de médecine préventive en Lorraine (et un peu au-delà) qui traitent notamment une population précaire.

Une remarque partagée par Dominique Badila, médecin du centre international de vaccination de l’hôpital de Strasbourg : « Cela arrive très régulièrement que des jeunes adultes (nés après 1980) venant nous voir avant de partir en voyage n’aient reçu qu’une seule dose du vaccin. » La mauvaise couverture vaccinale (pourtant sans adjuvant ni aluminium) serait l’explication.

Les cas de rougeole déclarés en 2017 en France selon Santé publique France.
Les cas de rougeole déclarés en 2017 en France selon Santé publique France. - Capture d'écran / Santé publique France.

Sollicitée par 20 Minutes, Santé publique France met également ce « niveau insuffisant et hétérogène » de la vaccination de la rougeole en avant : « L’accumulation progressive de sujets non immunisés conduit à des poches de sujets réceptifs au virus, ce qui permet l’éclosion de foyers épidémiques comme en Moselle et dans le Bas-Rhin. »

« « Dans la région Grand Est, des foyers épidémiques avec de très nombreux cas ont déjà été observés en 2015 et 2017. » »

Une épidémie née en 2015 lors d’un voyage scolaire

La proximité de l’Allemagne, touchée par plusieurs épidémies, compte-t-elle aussi ? « Les cas de la région sont davantage favorisés par une couverture vaccinale insuffisante que par l’existence de foyers transfrontaliers », répond Santé publique France. Toutefois, en 2015, une épidémie importante a déjà touché l’Alsace et plus précisément le Haut-Rhin.

Localisé autour de Colmar, le foyer provenait à l’époque d’une classe d’une école dont les élèves avaient selon une enquête des autorités compétentes contracté le virus lors d'un voyage scolaire à Berlin, alors touchée par la rougeole. Plusieurs établissements, dont une école pratiquant la pédagogie Steiner avaient notamment été contaminées.

Difficile de dire qu’un lien avec ces événements persiste encore bientôt trois ans plus tard. Santé publique France insiste plutôt sur les 9 % estimés de la population des adultes de 18 à 32 ans non protégés. « Quand nous proposons une remise à jour, certains patients ne veulent pas, car ce n’est pas obligatoire », ajoute Thierry Godefroy. Depuis le décès d’une femme dans la Vienne, certains changeraient pourtant d’avis.