VIDEO. Santé du futur: Crise sanitaire, robot médecin et drone ambulance... «Rien n'est farfelu» selon l'auteur de «Marseille 2040»
INTERVIEW•Dans son livre, le journaliste lauréat du prix Albert-Londres imagine le système de santé de demain, faits de robots et autres intelligences artificielles...Mathilde Ceilles
Un assistant virtuel pour contrôler votre état de santé, un algorithme plus efficace que les médecins pour poser un diagnostic… Dans son dernier livre, le journaliste marseillais Philippe Pujol se projette dans un futur proche dans lequel les robots et autres intelligences artificielles viennent peu à peu aider, si ce n’est remplacer les docteurs. Un récit d’anticipation plus qu’un roman selon l’auteur, qui, il l’affirme, ne fait qu’extrapoler des nouveautés technologiques existantes et pour l’heure balbutiantes.
Des drones qui transportent les gens vers les hôpitaux, des médecins relégués au second plan dans la pose du diagnostic… Vous n’avez pas un peu forcé le trait dans cette description du futur système de santé ?
Je ne force le trait sur rien, tout existe déjà. Pour ce qui est des drones qui transportent les gens, un bricoleur a déjà réussi à faire décoller une baignoire avec des drones ! La technique existe déjà, ce n’est qu’une question de législation. Le drone taxi est testé au Qatar. Et les premiers à avoir le droit de passer sont souvent les ambulances ou les pompiers. Pour écrire ce livre, j’ai fait appel notamment à des données et des rapports de l’agence régionale de santé, ainsi qu’à des spécialistes du monde de la santé. Rien n’est farfelu, tout au plus c’est extrapolé.
Dans votre livre, vous évoquez l’arrivée d’une crise sanitaire de grande ampleur, en 2028, qui aboutit à ces évolutions…
Ça, je l’ai écrit sous la dictée d’un épidémiologiste et d’un statisticien. On m’a proposé plusieurs scénarios, j’ai opté pour le plus grave, qui est aussi le plus probable, d’ici 2023 ou 2024 selon les experts que j’ai interrogés. Ce scénario est celui d’une pandémie d’été, par exemple une épidémie de grippe. Les gens ne sont pas prêts, ils ne sont pas vaccinés et vont massivement à l’hôpital. On reporte les opérations comme cela se fait lors de plans de tension. Et les gens se contaminent entre eux, ce qui provoque des milliers de morts. Dans le livre, c’est un levier qui permet de faire accepter ces évolutions à la population.
L’un des changements majeurs dans ce système de santé, c’est la place des assistants virtuels, qui contrôlent votre état de santé en permanence. Là aussi, c’est probable selon vous ?
Mais ça existe déjà, et on fonce droit dedans. Déjà, il y a Siri, à qui on délègue des tâches. Il existe aussi des centaines d’applications de santé capables de mesurer des tas de choses, comme le nombre de pas en une journée. C’est accepté, c’est ludique. La population, notamment les plus jeunes, accepte de donner ses données.
À terme, les autorités voudront rembourser les soins de ceux qui suivent un certain parcours de santé. Par exemple, un diabétique possédant un assistant virtuel devra marcher quotidiennement une certaine distance pour se maintenir en forme. Avec la technologie, on saura s’il fume, s’il fait du sport…
En croisant ces données, on peut même faire de la médecine préventive, et mettre au point un algorithme qui détecte par exemple à 90 % un cancer naissant… Si tu ne le fais pas dans le système hospitalier, tu peux compter sur les Gafa pour le faire, Apple et Google sont intéressés par la santé connectée. Ce sont des choses inéluctables.
Dans ce système, le médecin est relégué au second plan, derrière les robots et les algorithmes…
On y va tout droit, tout doucement… Le rôle du médecin va se recentrer plus sur le côté soignant que sur le diagnostic. Ils auront en effet une assistance forte qui est l’intelligence artificielle, qui trouvera dix fois plus vite que le docteur la cause du mal. Les médecins consulteront même à distance. Dans le livre, je décris un système de santé avec des opérations et des consultations à distance. Ça existe déjà : dans le XVIe arrondissement de Paris, des petites cabanes de télémédecine ont été installées !