JUSTICEPilule 3e génération, une victime pourrait être indemnisée

Pilule 3e génération: «C’est bien que la justice ait reconnu que mon AVC avait été provoqué par ce contraceptif», réagit une victime

JUSTICEUne chambre civile du tribunal de grande instance de Bordeaux vient de rendre un jugement reconnaissant Marion Larat, première jeune femme à avoir déposé plainte dans l’affaire des pilules de 3e génération, victime d’un « accident médical ». Elle devrait être indemnisée à hauteur de 550 000 euros…
Elsa Provenzano

Elsa Provenzano

L'essentiel

  • La justice a condamné l’office national d’indemnisation des accidents médicaux (Oniam) a versé 550.000 euros à la Bordelaise Marion Larat, victime d’un AVC qu’elle impute à la prise d’une pilule de 3e génération en 2006.
  • Le tribunal a reconnu un « accident médical », sans en attribuer la faute au laboratoire Bayer, fabricant de la pilule Méliane mise en cause par la plaignante.

«J’aurais aimé que Bayer soit tenu responsable mais c’est déjà bien que la justice ait reconnu que mon AVC avait été provoqué par la pilule », réagit Marion Larat, après le jugement d’une chambre civile du tribunal de grande instance de Bordeaux, rendu le 8 février, qui a reconnu « un accident médical », concernant le dossier de cette plaignante. Le tribunal a condamné l’office national d’indemnisation des accidents médicaux (Oniam) à verser à la jeune femme une provision de 550.000 euros pour les préjudices subis.

La bordelaise Marion Larat a été la première Française à avoir porté plainte contre le laboratoire Bayer en novembre 2012. Elle a été victime d’un accident vasculaire cérébral (AVC) en 2006, à 18 ans, qui est attribué à la prise d’un contraceptif de 3e génération, la pilule Méliane. Environ 130 plaintes ont été déposées au total, mettant en cause des pilules contraceptives de 3e et 4e générations accusées de favoriser de graves troubles artériels et veineux.

« Un accident médical non fautif »

« Si nous pouvons être satisfaits du lien d’imputabilité reconnu pour la première fois par un tribunal, il est cependant décevant de constater l’absence de toute condamnation à l’égard du laboratoire », a réagi dans un communiqué l’avocat de Marion Larat, Me Jean-Christophe Coubris. La justice a estimé qu’il s’agissait d' « un accident médical non fautif », c’est-à-dire imputable à la prise du médicament, rapporte l’AFP, mais ne relevant pas d’une « faute » du laboratoire Bayer.

Promise à de brillantes études, Marion Larat est aujourd’hui lourdement handicapée. « Moi j’ai la chance d’être bien entourée par ma famille, sinon j’aurais déjà eu des problèmes financiers », souligne la jeune femme, qui touche une allocation adulte handicapé de l’ordre de 800 euros. Après son AVC, les médecins ont découvert que Marion Larat présentait au moment de la prescription de la pilule des pathologies cardiaque et génétique jamais diagnostiquées et qui constituaient des contre-indications absolues.

« Il est encore temps de faire appel au fonds d’indemnisation, qui a été fondé par l’Etat pour venir au secours des victimes qui peuvent aussi se retrouver condamnées socialement, lance Marion Larat à l’adresse des femmes qui auraient eu des complications liées à la prise de ces pilules de 3e et 4e générations, et qui n’auraient pas encore fait de démarches. Il faut qu’elles aillent voir un avocat. »

Cette Bordelaise raconte son combat dans un livre intitulé La pilule est amère, sorti en octobre 2013, chez Stock. Elle a crée l'association Mikado en 2015, qui propose des bas sérigraphiés aux malades.