L’épidémie de rougeole continue à sévir. Sur la région Nouvelle-Aquitaine, la Gironde et la Haute Vienne sont les départements les plus touchés par l’épidémie. Des campagnes de prévention ont été lancées par l’agence régionale de santé pour tenter d’endiguer ce virus très contagieux.

Comment a commencé l’épidémie ?

« La rougeole est une maladie à déclaration obligatoire, le médecin qui la diagnostique doit le signaler à l’ARS, qui fait ensuite une recherche de cas contacts, s’engage alors une vraie course contre la montre pour vacciner à temps ces personnes », pointe Annie Burbaud, médecin à l’agence régionale de santé (ARS) et référente vaccination.

Quand l’agence a compris que plusieurs malades étaient des étudiants du campus, elle a fait appel au service de santé universitaire pour mener des actions de prévention sur le terrain. « Nous avons été alertés par l’ARS et avons fait une vérification sur le campus », confirme France Dupuy, médecin coordonnateur à l’espace santé étudiant du campus, sur lequel 16 cas ont été déclarés cet automne.

Quel est le premier bilan de l’épidémie ?

Le dernier bilan officiel de l'ARS, ce mardi 13 février, fait état de 269 cas déclarés en Nouvelle-Aquitaine. 66 parmi elles ont dû être hospitalisées et une personne est décédée dans la Vienne, ont annoncé mardi 13 février, les autorités sanitaires. « Il n’y a pas eu de nouveaux cas de rougeole sur le campus depuis cet automne mais on a recensé des cas essaimés sur la ville de Bordeaux et sur certaines zones du département de la Gironde », précise Annie Burbaud. 80 % des personnes malades n’avaient reçu aucune injection vaccinale (le vaccin est efficace après l’injection de deux doses).

Une épidémie avait eu lieu en France entre 2008 et 2011, occasionnant 25.000 cas dont 25 % ont fait l’objet d’une hospitalisation. Dix personnes étaient alors décédées.

La méfiance envers les vaccins peut-elle être en cause ?

« Il n’y a pas spécifiquement de méfiance sur ce vaccin-là mais sur la vaccination en général, estime le médecin universitaire. On explique aux étudiants que grâce au vaccin rubéole-oreillons-rougeole (ROR) on se protège d’une maladie qui peut être grave et conduire à des complications neurologiques et respiratoires mais on protège aussi ses proches. »

« Ce vaccin a plutôt bonne presse, il n’y a pas de cabale contre le ROR mais quand on ne voit plus une maladie, on pense qu’elle a disparu, ajoute Annie Burbaud. Il est recommandé depuis 1980 mais obligatoire à présent pour les enfants nés à partir du 1er janvier 2018. » Une décision qui est intervenue notamment après la résurgence de certaines maladies pour lesquelles la couverture vaccinale diminue (coqueluche, méningite et rougeole par exemple).

Comment réagir si on a des doutes concernant sa vaccination ?

« Le pic de l’épidémie n’est pas encore atteint et le risque de diffusion existe toujours », avertit France Dupuy. L’ARS œuvre à contenir l’épidémie mais des cas ont déjà été signalés à Tours et Lille, par exemple. La rougeole est une maladie virale pour laquelle on ne dispose pas de traitement curatif, c’est la raison pour laquelle les médecins incitent la population à vérifier son statut vaccinal. La couverture vaccinale en Nouvelle-Aquitaine est proche de la moyenne française soit 80 %, quand il faudrait 95 % pour éradiquer la maladie.

« Si on a été en contact avec la maladie, on a quatre jours pour se faire vacciner, et on doit prévoir l’injection de la seconde dose un à six mois après », recommande la référente vaccination de l’ARS. Si on a perdu son carnet de santé et qu’on ignore si on est vacciné « on peut prendre une dose d’emblée (sans faire de sérologie et ainsi gagner du temps en cette période d’épidémie), sans hésitation, car cela ne présente aucun risque de prendre une dose supplémentaire », souligne-t-elle.

En cas de fièvre (supérieure à 38,5 °C), de boutons, et de symptômes comme de la toux ou les yeux qui coulent, il faut consulter. Mais attention, il est conseillé d’éviter de fréquenter les salles d’attente ou les services d’urgences, ou de les prévenir en amont, « car une personne peut en contaminer 20 à 25 autres », prévient Annie Burbaud. Le mieux est de faire venir le médecin à domicile et de prendre des précautions pour éviter la contamination (tousser et éternuer dans un mouchoir jetable par exemple).

L’ARS reste sur le pont pour endiguer l’épidémie dans les semaines qui viennent.