VIDEO. Non, utiliser une aiguille ne sauve pas une personne d'un AVC
FAKE OFF•Des sites proposent de faire saigner les malades atteints d'un AVC. La méthode est inefficace...Mathilde Cousin
L'essentiel
- Des sites proposent de soigner un AVC en piquant le bout des doigts du malade.
- Cette méthode serait révolutionnaire car elle permettrait de guérir à « 100 % » les patients.
- Cette technique s’apparente à l’ancienne saignée.
- En cas d’AVC, un seul réflexe, composer le 15.
Percer les doigts d’un malade souffrant d’un accident vasculaire cérébral (AVC) pour le faire saigner et le guérir ? « Cette méthode est scandaleuse, digne du XIIIe siècle », réagit auprès de 20 Minutes le professeur Pierre Amarenco, chef du service de neurologie et du centre d’accueil et de traitement de l’attaque cérébrale à l’AP-HP, hôpital Bichat.
Plusieurs sites de santé alternative proposent de soigner un patient atteint d’un AVC à l’aide d’une aiguille. Cette méthode « non conventionnelle » viendrait de « la médecine traditionnelle chinoise » et serait « efficace à 100 % » pour sauver le malade. Il suffirait de stériliser une aiguille, puis de piquer « les sommets de l’ensemble des dix doigts » jusqu’à ce que le sang coule.
Une étude qui ne valide pas cette méthode
Ce faux traitement à base de piqûres semble circuler sur le web francophone depuis au moins trois ans. Ce message est la traduction d’un message en anglais, qui est partagé depuis 2003. Et, en ce début d’année, il est de nouveau diffusé via les réseaux sociaux. Mais, si cette méthode n’est jamais pratiquée par les médecins, c'est parce qu'elle est tout simplement inefficace. « C’est comme la saignée de Louis XIV », précise Pierre Amarenco.
La méthode de la saignée a été étudiée par des chercheurs chinois en 2005. Mais l'étude portait sur des patients déjà atteints d’apoplexie. Ils ont piqué douze points sur les mains des patients qui étaient divisés en trois groupes en fonction de la sévérité de leur maladie. Ils en ont conclu que cette méthode peut améliorer l’état de conscience de patients atteints de lésions cérébrales dans de petites zones.
Cependant, il est important de souligner que cette étude a été réalisée sur des patients qui avaient déjà été diagnostiqués comme souffrant d’un AVC. Elle ne valide donc pas la méthode présentée sur les sites alternatifs.
Un seul réflexe : composer le 15
Le faux traitement présenté sur les sites alternatifs sous entend que n’importe qui est capable de diagnostiquer à coup sûr un AVC. Or, si vous pouvez repérer des signes pouvant indiquer qu'une personne en est victime, seul le personnel médical possède les compétences pour s'en assurer.
Si vous soupçonnez qu’un de vos proches est victime d’un AVC, un seul réflexe : composez le 15, même si les symptômes disparaissent au bout de quelques minutes. « Le 15 vous orientera en fonction du type d’AVC », précise le professeur Amarenco. Le temps est un facteur-clé pour la survie des patients atteints d’AVC. Il ne faut donc pas tarder à appeler les secours, plutôt que de pratiquer une saignée.
Chaque année, en France, plus de 130.000 AVC sont enregistrés, rappelle l'Inserm. « L’AVC représente la première cause de handicap acquis de l’adulte, la deuxième cause de démence et la deuxième cause de mortalité », précise l’institut de recherche.
>> Vous souhaitez que l’équipe de la rubrique Fake off vérifie une info ? Réagissez dans les commentaires ou envoyez un mail à l’adresse contribution@20minutes.fr.
20 Minutes est partenaire de Facebook pour lutter contre les fake news. Grâce à ce dispositif, les utilisateurs du réseau social peuvent signaler une information qui leur paraît fausse.