Amiens: De la télémédecine par smartphone pour pallier le manque de dermatologue
SANTE•Face aux déserts médicaux, un dermatologue d’Amiens s’est lancé dans l’expérience de la télédermatologie via internet ou smartphone…Propos recueillis par Gilles Durand
L'essentiel
- Un dermatologue d’Amiens raconte son expérience de télémédecine.
- Le diagnostic à distance permet de lutter contre les déserts médicaux.
- Selon ce dermatologue, la plupart des cas peuvent être traités grâce à des photos.
Depuis presque deux ans, un service de télédermatologie, baptisé Epiderm, permet d’obtenir un diagnostic à distance via internet ou un smartphone. François Leclercq est dermatologue à Amiens et il est l’un des premiers à avoir expérimenté ce service de lutte contre les déserts médicaux. Témoignage.
Epiderm, comment ça marche ?
Les patients peuvent se connecter et avoir des échanges à distance avec un dermatologue. Aujourd’hui, nous sommes cinq médecins répartis dans toute la France à travailler en téléconseil avec cette société. Nous établissons un diagnostic à partir d’une ou plusieurs photos que nous envoient les patients. Généralement, j’ai une dizaine de dossiers à traiter par semaine, dont je m’occupe après les heures d’ouverture de mon cabinet.
Qu’est ce qui vous a incité à vous lancer dans cette expérience ?
Dans mon cabinet, je me suis aperçu que j’avais de plus en plus de patients qui venaient de très loin, parfois des Ardennes ou d’Orléans. Les délais d’attente pouvaient atteindre deux mois et demi. L’accès aux spécialistes est de plus en plus problématique. Sur la région Hauts-de-France qui compte six millions d’habitants, nous sommes 220 spécialistes en dermatologie ou vénérologie et ce chiffre a diminué de 10 % entre 2007 et 2016.
aEt dans certains cas, les patients ne peuvent même pas de déplacer…
Récemment, par exemple, j’ai traité le cas d’une personne qui habite dans le Jura et pour qui le dermatologue le plus proche se trouve à 120 km. Il s’agissait d’une éruption virale sur la peau de son enfant. Avec deux ou trois photos, j’ai pu le rassurer très vite.
Quels sont les cas les plus fréquents que vous traitez ?
Ce sont des problèmes d’acné ou de grain de beauté. Mais figurez-vous que dans 20 % des cas, il s’agit de problèmes liés aux parties génitales. Ce qui fait que je reçois beaucoup de photos intimes via internet. Très souvent d’hommes d’ailleurs. Les femmes sont plus pudiques.
Quel est l’avenir de la télédermatologie ?
Nous n’avons pas encore le droit de rédiger des ordonnances. Les patients doivent se rendre chez leur généraliste pour se faire prescrire les médicaments. On parle d’un futur projet de loi sur la téléprescription. Je suis curieux de voir comment la télémédecine va évoluer. Même si je doute qu’elle comble le fossé de besoin, elle deviendra peut-être une solution partielle.