Exposition «Froid»: Pourrons-nous un jour nous faire cryogéniser?

Les applications du froid en matière de santé: Pourrons-nous un jour nous faire cryogéniser?

FUTURL’exposition « Froid », qui démarre ce mardi à la Cité des sciences et de l’industrie, décrypte le rôle du froid dans notre vie quotidienne, dans ses applications en matière de santé et d'environnement...
Anissa Boumediene

Anissa Boumediene

L'essentiel

  • L'exposition "Froid", qui démarre ce mardi à la Cité des sciences et de l'industrie, s'intéresse au rôle que joue le froid au quotidien.
  • Dans notre réfrigérateur, la climatisation et même dans les blocs opératoires, le froid nous est précieux.
  • Et s'il a déjà de nombreuses applications en matière de santé, reste-t-il des mystères à percer? La cryogénie est-elle un fantasme ou une réalité future?

Science-fiction ou simple question de temps, pour nombre d’entre nous (surtout les fans de films de SF), la cryogénie pourrait être une solution dans un avenir plus ou moins proche pour rester en vie indéfiniment, ou du moins pour se maintenir suffisamment longtemps pour que de nouvelles technologies aient pu voir le jour. Une (im) possibilité envisagée par l’exposition Froid, qui démarre ce mardi à la Cité des sciences et de l'industrie. « On a voulu aborder le froid dans différents registres : le froid que l’on ressent, celui fabriqué par les machines et le froid en science », explique Evanthia Ioannidou, commissaire de l’exposition ouverte jusqu’au 26 août prochain. Déjà utilisé pour de nombreuses applications en médecine aujourd’hui, le froid a-t-il d’autres secrets à nous dévoiler ? Pourra-t-il nous maintenir en vie plus longtemps ?

Le froid, un outil médical du quotidien

Si on vous dit que vous avez tous déjà été soignés ou pris en charge médicalement grâce au froid au moins une fois dans votre vie, là, comme ça, à part un glaçon posé sur une bosse, ça ne vous revient pas forcément. Et pourtant. Du petit bobo à une opération de survie, le froid est presque partout. « Soulager une entorse avec une bombe de froid, brûler une verrue avec un coton-tige trempé dans de l’azote liquide, c’est soigner par le froid, qui ici en l’occurrence brûle », souligne en plaisantant Géraldine Attié, muséographe qui a œuvré à la coordination de l’exposition.

Mais le froid a d’autres atouts bien plus précieux. Comme nous l’apprend un module interactif à découvrir au fil du parcours, le froid guérit. Placé dans la peau d’un médecin, le visiteur opte pour la « cryométhode » de soin la plus adaptée à un tableau de patients virtuels. Outil de cryochirurgie, hypothermie thérapeutique après un arrêt cardiaque ou encore cryoconservation du sperme ou d’ovocytes à -196 degrés dans le cadre de la procréation médicalement assistée (PMA), le froid, sous différentes formes et à différentes températures, est au cœur de nombreuses procédures médicales. Enfin, sans quelque chose d’aussi simple qu’une glacière remplie de glaçons, qui sert au transport des organes, aucune transplantation ne serait possible !

La cryogénisation, l’objectif impossible

Plus loin, une cabine invite les visiteurs à tester l’effet du froid sur le corps. Température ambiante : 5 degrés.

Un petit tour dans la cabine à 5 degrés?
Un petit tour dans la cabine à 5 degrés? - A. Boumediene/ 20 Minutes

À ce tarif, bonnet, gants et écharpe sont de mise pour suivre la petite présentation vidéo qui démarre. « Vous et moi sommes des endothermes, je vous rassure ce n’est pas dangereux, cela veut juste dire que la température de votre organisme reste constante quelles que soient les variations des températures extérieures », explique le comédien. On y apprend donc que, en tant que machine quand même franchement bien faite, le corps humain, par tous les temps, travaille à maintenir sa température interne à 37 degrés. La peau, elle, fait office « d’organe de régulation thermique ». Et si le corps est soumis à un froid trop intense ou prolongé, il ne peut plus se maintenir à 37 degrés et là, c’est l’hypothermie, qui, rappelons-le, peut être fatale. D’un coup, la cryogénie vend moins du rêve et semble moins réalisable…

Au cinéma en revanche, la cryogénie a inspiré de nombreux scénaristes. Alien, La planète des singes, Oblivion ou plus récemment Passengers, tous ces films de science-fiction ont un point commun : certains personnages vivent « en veille » sur des durées très longues grâce à la cryogénie. Serait-ce possible à l’avenir ? Si les ingénieurs et scientifiques ont réussi à donner vie à l’hoverboard et aux baskets autolaçantes de Marty McFly imaginées dans Retour vers le futur, pourquoi ne pas imaginer que dans 10, 50 ou 100 ans, la science rejoigne la fiction et que l’on soit capable de cryogéniser l’homme ? « Comme dans le film Hibernatus ? », sourit la muséographe Géraldine Attié.

La cryogénie dans le futur, il en est justement question dans l’expo, avec un module vidéo mettant en scène une jeune femme qui aurait été cryogénisée, et « mal décongelée ».

Ça a l'air de piquer la cryogénisation quand même.
Ça a l'air de piquer la cryogénisation quand même. - A. Boumediene/ 20 Minutes

« C’est pour calmer les fantasmes que véhicule la cryogénie, tempère Géraldine Attié. Les scientifiques que nous avons interrogés sur la question s’accordent à dire que c’est impossible, malgré l’offre de quelques entreprises, américaines notamment, de vous cryogéniser à votre mort moyennant des sommes colossales avec la promesse de vous ramener peut-être un jour à la vie ».

L’espoir de la « grenouille cryogénique »

« Donc la cryogénie, c’est foutu ? », reniflent déjà les fans de SF dépités. A priori oui, mais une grenouille du fin fond des forêts du nord du Canada pourrait faire renaître l’espoir. Ce petit batracien a la faculté de se laisser congeler lorsqu’il entre en hibernation aux premières neiges, et de se dégeler et revenir à la vie au retour des beaux jours.

La grenouille des forêts est capable de survivre à une congélation par -20 degrés.
La grenouille des forêts est capable de survivre à une congélation par -20 degrés. - A. Boumediene/ 20 Minutes

La petite créature a la faculté de pouvoir geler sans que ces cellules ne soient endommagées. Ses fonctions vitales ralentissent, son cœur cesse de battre, 60 % de son eau corporelle se transforme en glace Elle survit même lorsque le thermomètre chute sous les -5, voire -20 degrés. Elle se réhydrate et retrouve une température plus élevée pour attaquer la saison de la reproduction dès le début du printemps. « Mais, intervient Géraldine Attié, la grenouille n’est pas comparable avec le corps humain, qui est très complexe ».

* Froid, à la Cité des sciences et de l’industrie à Paris, du 5 décembre 2017 au 26 août 2018.