MATERNITEEn quoi consiste cet accompagnement de l'accouchement «Naître enchanté»?

Une maternité lance un label «Naître enchanté» pour apprendre à accoucher en vibrant

MATERNITEAlors qu’on parle beaucoup de violences obstétricales, un label d’humanisation des soins en maternité est lancé ce vendredi…
Oihana Gabriel

Oihana Gabriel

L'essentiel

  • L’approche « naître enchanté » a été mise au point par Magali Dieux, coach, qui propose aux futurs parents à mieux vivre l’accouchement, quoi qu’il se passe.
  • La maternité de Pertuis lance ce vendredi un label d’humanisation des soins pour que d’autres hôpitaux puissent proposer ce type d’accompagnement.
  • Un protocole scientifique est en cours pour vérifier les effets de cette méthode pour accoucher avec sérénité.

C’est une approche nouvelle de l’accouchement qui est née le 18 juillet 2000, dans les bouchons parisiens. Magali Dieux accouche dans sa voiture… avec sur le siège arrière la fille de son compagnon de six ans. Pour ne pas l’effrayer en hurlant, Magali, chanteuse, émet des sons longs à chaque contraction. Et se rend compte en situation qu’elle arrive à mieux contrôler les douleurs. A chaque accouchement, cinq en tout, elle va plus loin dans la maîtrise de cette vibration. Et décide petit à petit de faire connaître sa découverte, baptisée « Naître enchantés », notamment via le livre Pour une grossesse et une naissance heureuses (Actes sud).

Aujourd’hui, « Naître enchantés » est une association qui promeut cet accompagnement spécifique l’accouchement, proposé dans quelques maternités. Notamment celle de Pertuis, lieu pilote, qui lance ce vendredi le label « Naître enchantés ». En clair, les professionnels de toute la France vont pouvoir se former à cette approche singulière.

En quoi consiste cette approche récente ?

Une prise en charge des douleurs physiques et psychiques, mais aussi un coaching des parents pour, qu’en équipe, ils traversent avec sérénité cet événement souvent riche en émotions. Concrètement, ils sont formés en cinq séances à une trentaine d’outils qui peuvent les aider pendant l’accouchement. Au premier rang desquels la vibration : les parents émettent des sons graves, qui calment, et des sons aigus, qui tonifient. « Notre objectif c’est de rester en lien avec le bébé et vivre le mieux possible l’accouchement, quelles que soit leurs conditions techniques : péridurale, césarienne, transfert », explique Magali Dieux.

Un protocole d’étude scientifique

« Je ne voulais pas rester dans une approche alternative, reprend Magali, aujourd’hui coach. Elle a donc monté avec médecins, sage-femme et statisticiens un protocole de recherche scientifique avec 300 couples pour mieux connaître les effets de cette méthode. Des chiffres attendus au printemps prochain.

A la maternité de Pertuis, toute l’équipe a été formée à cette approche. « On leur a imposé ce protocole, mais ils ont été convaincus quand ils ont vu l’effet bénéfique sur les parents », assure Magali.

« Les couples préparés sont autonomes, fiers et soudés, complète Sylvie Rodriguez, sage-femme cadre de la maternité de Pertuis, berceau du label. Et on se met facilement en symbiose, il n’est pas rare de voir une gynéco ici vibrer avec les parents. » Une scène qui peut faire sourire certains… « On donne aux parents des outils, libre à eux de faire ensuite ce qu’ils en veulent », insiste Magali, qui reconnaît que son approche ne conviendra pas à tout le monde.

Des parents enthousiastes

Corinne a en tout cas adoré tester cette approche. Après deux accouchements provoqués pendant lesquels le projet de naissance n’a pas été respecté, « je suis tombée par hasard sur une affiche de « Naître enchanté » et je me suis dit, cette fois, je ne veux pas passer à côté de mon accouchement. J’ai pu rester à quatre pattes, sans péridurale, et j’ai utilisé le souffle et la voix pour accueillir la douleur, rester détendue. Tenir un son longtemps oblige à garder une respiration lente. »

« Une de nos surprises, ça a été l’enthousiasme des pères, assure Magali Dieux. Ils se sentent parfois inutiles et impuissants pendant l’accouchement. Avec cet accompagnement, ils deviennent protecteurs et soutiens de la femme et de l’enfant. »

Illustration d'un père avec son bébé.
Illustration d'un père avec son bébé. - PublicDomainPictures/Pixabay

Confiance et dialogue

Mais apprendre à vibrer n’est pas le seul objectif. L’accompagnement propose des exercices pour gagner en confiance en soi et en l’autre, bien communiquer. Et des jeux de rôles pour que le couple se glisse dans la peau d’un anesthésiste ou d’une sage-femme. « On propose également de réaliser un projet de naissance réalisable, souligne Sylvie Rodriguez, sage-femme à Pertuis. Car la plupart du temps, cela devient une liste au Père Noël et génère beaucoup de déception. On s’est beaucoup intéressé à la douleur physique, mais depuis la péridurale, on a laissé tomber la douleur psychique. » Une souffrance qui peut laisser des traces. « La femme se sent parfois dépossédée de son accouchement, ce qui peut créer des difficultés à créer un lien avec son nouveau-né. »

Les conséquences peuvent se ressentir après la mise au monde. « On renforce l’estime de soi et la cohésion du couple… et les parents en ont besoin car ce n’est que le début de la parentalité », sourit Magali Dieux. Qui assure que « quand le bébé a une fatigue nerveuse, si les parents vibrent à nouveau, ça le calme. »

Réhumaniser l’accouchement

Cette approche, qui devrait irradier grâce au label, arrive à pic. Depuis quelques mois, les violences obstétricales font couler beaucoup d’encre. Corinne en témoigne : « deux fois, des sages-femmes m’ont déclenché sans mon accord et pour leur confort, accuse-t-elle. Un accouchement, c’est de toute façon assez violent et on peut comprendre qu’il y a un danger pour la mère et de l’enfant. Néanmoins cet espace de dialogue n’existe pas assez aujourd’hui. » Une écoute qui doit être réciproque, car « les soignants aussi sont en souffrance », nuance la cadre sage-femme. « Le personnel médical se plaignait de deux catégories de femmes : celles qui se posent en ventre et restent dans une attitude passive et à l’autre extrémité, les femmes très au courant de tout, qui étaient sur la défensive », renchérit Magali Dieux.

Si le personnel accueille ce type de démarche avec bienveillance, cet accompagnement peut faire partie des solutions, tout comme les labels «Maternité Amie des bébés», et «Maternité Amie des papas». « On a besoin de réhumaniser les soins car l’accouchement est devenu ultra-médicalisé, poursuit Magali Dieux. Avant la sage-femme était un soutien affectif, aujourd’hui elle gère des machines. Il y aurait encore plus d’effets positifs de "naître enchantés" dans une usine à bébé ». Plusieurs gros hôpitaux, notamment à Aix et Strasbourg s’intéressent à ce label.

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