INFO «20 MINUTES»Les victimes du Propecia demandent aux autorités sanitaires d'agir

Propecia: Les victimes du médicament anti-calvitie écrivent aux autorités pour qu’elles agissent

INFO «20 MINUTES»Dans un courrier consulté par « 20 Minutes », l’Association d’aide aux victimes du Propecia réclame à la Direction générale de la Santé que le risque de dépression et d’idées suicidaires soit mieux signalé…
Vincent Vanthighem

Vincent Vanthighem

L'essentiel

  • Prescrit pour la calvitie, le Propecia peut entraîner des troubles dépressifs.
  • L’Agence du médicament a émis un bulletin d’information le 26 octobre.
  • Pour les victimes, cette mise en garde des autorités est insuffisante.
  • Dans un courrier consulté par «20 Minutes», elles demandent à la Direction générale de la Santé de prendre des mesures pour que les risques de ce traitement soient mieux signalés.

A chaque fois qu’un jeune homme se confie à elle, Sylviane Mathieu ne peut s’empêcher de penser à son fils, Romain, qui a mis fin à ses jours le 7 juin 2016 après des années de dépression. « Comme lui, ils me disent qu’ils n’ont plus la pêche, qu’ils ont des troubles de la libido, qu’ils n’ont pas de copine… » Comme lui, ces jeunes prennent du Finastéride 1mg, un médicament indiqué pour prévenir la chute des cheveux. Plus connu sous le nom de Propecia, ce produit du laboratoire Merck est, aujourd’hui, soupçonné d’entraîner des risques de dépression et des idées suicidaires.

A la tête de l’Association d’aide aux victimes du Finastéride (AVFIN), Sylviane Mathieu a envoyé, ce jeudi, un courrier aux autorités sanitaires leur réclamant, selon nos informations, d’améliorer la diffusion de l’information sur les effets potentiellement indésirables du produit et la prise en charge des victimes. « Il me semble que l’ensemble des problèmes en lien avec la molécule ne sont pas suffisamment mis en avant », écrit-elle dans une lettre adressée à la Direction générale de la Santé et que 20 Minutes a pu consulter. Elle y précise également que de « nombreuses victimes ne savent pas vers qui s’orienter afin d’être correctement prises en charge d’un point de vue médical et juridique. »

« Il faut du temps pour que l’information passe »

Le 26 octobre, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a publié sur son site un bulletin d’information pour prévenir les consommateurs de Finastéride du « risque de dépression et d’idées suicidaires ». La mise en garde figure désormais sur les notices contenues dans les boîtes de médicaments et sur les Résumés des caractéristiques du produit (RCP) diffusé aux médecins. « Mais il y a encore d’anciennes boîtes sur le marché et il faut du temps pour que l’information passe », reconnaît l’ANSM.

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

Le problème, c’est que le Finastéride est un médicament efficace contre la calvitie et donc très prisé. Aux États-Unis, c’est lui qui permet à Donald Trump d’afficher une toison aussi fournie à 71 ans. En France, il est prescrit à 30.000 personnes. « Il faut donc améliorer la prévention pour alerter les victimes car certaines ne savent pas encore qu’elles sont victimes. C’est-à-dire qu’elles n’ont pas encore fait le lien entre leur état et le Finastéride… », insiste Charles Joseph-Oudin, l'avocat de l'AVFIN qui a déjà constitué une trentaine de dossiers de patients.

Depuis 1999, six cas de dépression ou d’humeur dépressive déclarés

Sylviane Mathieu assure, elle, avoir reçu les témoignages de 189 jeunes hommes depuis la création de son association, fin septembre. « La plupart sont toujours sous traitement alors qu’ils souffrent, résume-t-elle. C’est bien la preuve que les autorités n’ont pas pris toutes les mesures pour que l’information sur les effets secondaires passe. »

De son côté, l’Agence de sécurité du médicament explique qu’il ne s’est pas déroulé assez de temps depuis la diffusion de son bulletin d’information, le 26 octobre, pour déterminer s’il y a une réelle hausse des signalements de la part de patients souffrant de dépression.

Entre 1999, date de la commercialisation en France du Finastéride 1mg et mars 2016, les statistiques officielles font état de dix patients ayant déclaré une baisse de leur libido, de six cas de dépression ou d’humeur dépressive et d’un cas de suicide. Dans un autre courrier à l’attention de l’ANSM, Sylviane Mathieu a également réclamé que lui soient communiqués tous les rapports et études à ce sujet.