Episiotomie, césarienne, satisfaction: L'enquête périnatale 2016 montre que la France fait des progrès
MATERNITE•L'enquête périnatale 2016, publiée ce mercredi, montre que le taux d'épisiotomie baisse et que les patientes sont globalement satisfaites...Oihana Gabriel
L'essentiel
- De nombreuses patientes et des ouvrages dénoncent des violences imposées pendant les accouchements par les soignants.
- Les chiffres nationaux de l’enquête périnatale 2016 montrent une autre réalité de l’accouchement en France, avec une baisse du nombre d’interventions.
- Si la majorité des patientes semblent satisfaites, le rapport souligne tout de même que des efforts doivent être poursuivis.
Des chiffres fiables et nationaux pour dépassionner le débat ? Après des mois de polémiques sur les violences obstétricales,l’enquête périnatale*, publiée ce mercredi, apporte un nouvel éclairage sur l’accouchement en France en 2016. Après le bras de fer entre la secrétaire d’État à l’égalité femmes-hommes Marlène Schiappa, qui avait assuré qu’il y avait « 75 % d’épisiotomies » en France et les obstétriciens, gynécologues et sages-femmes qui dénonçaient des « informations fausses », cette enquête récente est plutôt rassurante.
Un taux d’épisiotomie national à 20 %
« Globalement, on va vers une limitation des interventions », se félicite Béatrice Blondel, chercheuse à l’Institut nationale de la santé et de la recherche médicale (l’Inserm) et responsable des enquêtes nationales périnatales.
Dans le détail, le taux d’épisiotomie continue à diminuer passant de 27 % à 20 % entre 2010 et 2016. Encore loin de certains pays voisins : en Suède, il tourne autour de 6 % et en Grande Bretagne de 13 %.
« Avec ce taux de 20 %, on est dans la moyenne européenne : entre 10 et 20 %, rappelle Béatrice Blondel. Mais il n’existe pas de taux optimal. Certains pays comme le Danemark, la Suède et l’Islande affichent des taux très bas d’épisiotomies, mais ont par ailleurs beaucoup de déchirures sévères, donc ce n’est pas forcément un modèle à suivre. Les recommandations de bonne pratique, ce n’est pas de ne jamais utiliser l’épisiotomie, mais de ne pas l’utiliser en routine. »
En revanche, le risque d’avoir ce genre d’intervention est toujours bien plus important pour un premier accouchement : le taux d’épisiotomie est de 35 % pour les primipares (contre 44 % en 2010), de 10 % pour les accouchements suivants (19 % en 2010). « Mais la baisse s’est faite dans les deux groupes avec la même ampleur », analyse Béatrice Blondel.
Autre information intéressante, les disparités entre maternités, déjà soulignées par de précédents rapports, sont toujours d’actualité. « La Bourgogne-Franche-Comté et les départements et Régions d’Outre Mer (DROM) sont les deux régions qui ont des taux particulièrement bas », reprend la chercheuse de l’Inserm. En revanche, l’Ile-de-France reste en tête du classement. Combien y a-t-il d’épisiotomie sans consentement ? L’enquête n’a pas posé cette question.
Une baisse aussi des autres interventions
Autre signe d’une baisse des interventions pendant l’accouchement : la prise d’oxytocine est passé de 57,6 % à 44,3 % chez les femmes en travail spontané. « Il y a eu depuis une dizaine d’années une prise de conscience sur cette utilisation de l’oxytocine alors qu’il ne fait pas baisser le nombre de césariennes et qu’il augmente le risque d’hémorragie pour la mère », résume la chercheuse de l’Inserm.
En revanche, le taux de césarienne est resté stable : 21,1 % en 2010, il passe à 20,4 % en 2016. Mais c’est un progrès ! « Ce chiffre augmentait de façon régulière ces dernières années et globalement la France a un taux raisonnable par rapport aux voisins européens, nuance Béatrice Blondel. On voit aussi qu’il y a une diminution du nombre de césarienne pour des femmes qui ont déjà eu cette intervention. » Une pratique qui n’est désormais plus automatique.
Une satisfaction majoritaire
Ces chiffres ne reflètent donc pas le divorce entre patientes et accoucheurs, qu’ils soient obstétriciens ou sages-femmes. Quand elles ont des demandes particulières concernant leur accouchement, « les patientes sont très souvent satisfaites des réponses apportées par l’équipe médicale à leurs souhaits », assure le rapport. Et « la prise en charge de la douleur a évolué vers une approche de meilleure qualité et plus diversifiée, par une utilisation plus fréquente d’une PCEA (pompe qui permet aux femmes de contrôler les doses d’analgésiques administrées), et l’utilisation plus fréquente de méthodes non médicamenteuses », qui explose : de 14,3 % en 2010 à 35,5 % en 2016.
Autre signe encourageant : 88,3 % des patientes disent avoir été très ou plutôt satisfaites des méthodes reçues pour gérer la douleur et les contractions. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’existe pas de dérives ou de violences subies par certaines patientes. Une souffrance évoquée par ce rapport : « près de 12 % d’entre elles étaient peu ou pas du tout satisfaites, soulignant le fait qu’il est important de continuer les efforts pour améliorer le confort des femmes pendant le travail ».