VIDEO. Prix du livre «Parole de Patients»: Comment Marine de Nicola transforme son cancer en leçon de courage
PORTRAIT•La jeune-femme dévoile dans un livre sélectionné pour le Prix du livre Parole de Patients, remis ce jeudi soir, son combat contre un lymphome...Oihana Gabriel
L'essentiel
- Ce jeudi, au théâtre du Trianon à Paris seront dévoilés les deux Prix Paroles de Patients, le Prix du livre et le Prix Talents, qui célèbrent des oeuvres sur une maladie.
- Marine de Nicola a déjà remporté le Prix Talents en 2015 avec son clip Shave if off.
- Elle concourt cette année avec Le Baiser de l'ouragan, un livre consacré à son combat contre le lymphome.
«C’est un nouveau départ », s’enthousiasme Marine De Nicola, 27 ans. Cette Toulousaine a voulu mettre en mots son aventure avec le cancer à travers Le Baiser de l’ouragan (Ring) un récit finaliste du Prix du Livre de Paroles de Patients, décerné ce jeudi soir et initié par le Leem, le syndicat du milieu pharmaceutique.
Des concerts à l’hôpital
Dans cet ouvrage, elle alterne les anecdotes de sa vie d’avant, celle d’une jeune chanteuse de 24 ans devenue star en Chine grâce à un télécrochet. Et celle d’après. Après l’annonce du diagnostic, tombé il y a trois ans et demi : un lymphome de Hodgkin qui a brisé sa carrière. « Pendant cette longue bataille, la peur de l’issue fatale a laissé entrer une lumière, écrit Marine dans ce récit. La souffrance s’est muée en quête. La mort a réveillé ma vie. » Comment elle est passée d’un équivalent de The Voice à Pékin à l’hôpital sans perdre courage, c’est cela qu’elle nous raconte.
« La vie est une grande blagueuse »
« Un jour, j’ai fait un malaise sur scène, quand je me suis réveillée à l’hôpital, on m’a dit que j’avais une tumeur, explique Marine. Une masse de 15 cm entre les poumons qui remontait jusqu’à la gorge ». Elle comprend alors que ce n’est pas le rythme de fêtarde et de popstar qui explique sa fatigue incessante, mais un cancer.
Ni une, ni deux, Marine décide de rentrer à Toulouse, retrouver sa famille et ses amis. « La première chose que je me suis dite, c’est que la vie était une grande blagueuse, on se sent impuissant. »
Deux copains comme soutiens
Suivent huit mois de traitements. « Cette période a été très intense, très douloureuse, pleine de doutes. On ne savait pas si les traitements marchaient. Le cancer avait pris toute la place. Ma vie, c’était les soins. » Et les copains. Elle décide de faire une colocation avec ses deux meilleurs amis. De précieux soutiens. « Ils se sont occupés de moi, ils me faisaient à manger, m’emmenaient à l’hôpital, me soutenaient psychologiquement, je n’ai pas de mots pour dire à quel point mes proches ont été géniaux. »
Pendant toute cette période aussi cruciale que compliquée, Florent n’a pas lâché d’un pouce celle qu’il considère comme sa sœur. « Je ne savais pas ce qu’était une chimio, des rayons, confie-t-il. La maladie de Marine a changé ma vie. J’ai arrêté de fumer, je me suis mis au sport, à bien manger, je me suis séparé des personnes qui n’en valaient pas la peine et recentré sur le principal. Et puis cette expérience n’a fait que confirmer cette évidence qu’il y a entre Marine et moi. » Son autre bouée, c’est un blog. Pour raconter son combat quotidien… et encourager celui des autres.
Transformer le drame en force
Elle est aujourd’hui en rémission, pas encore guérie, mais c’est déjà une victoire. Même si « c’est encore compliqué, reconnaît la jeune femme. Ce n’est pas comme une gastro, on fait le bilan de ce qu’on a perdu, on craint la rechute. On a envie de passer à autre chose, mais les marques de maladie sont encore là. »
Pour transformer le drame en leçon de vie, les larmes en rires, Marine exprime sa créativité sur bien des supports. Avant ce roman, elle a tourné en dérision la maladie avec son clip, Shave it off, en désacralisant le crâne, symbole du cancer. Une œuvre qui a déjà été distinguée : en 2015, son clip avait conquis le jury du Prix Talents, deuxième récompense du Prix Paroles de patients.
Combativité et humour
Un blog, un clip, un livre, qui reflètent son courage et son humour. « Dans notre groupe du lycée, Marine, c’était la bimbo légère et intelligente, se remémore son ami Florent. Mais elle m’a surpris par sa combativité, sa force incroyable. »
« Ces différentes façons de témoigner m’aident énormément, assure Marine. J’essaie de transformer un mauvais coup du destin en avantage.
Pas évident pour autant de mettre un point final à son passé de malade. « Grâce à cette maladie, j’ai fait plein de belles choses. Mais j’ai tellement voulu en faire une force que c’est difficile de s’en détacher », avoue Marine, qui a hâte de parler d’autre chose et de reprendre la musique.
Quinze défis pour se reconstruire
Ca tombe bien, elle s’est lancé un défi : reprendre le micro, pas pour redevenir une pop star, mais pour un projet plus personnel, qu’elle va créer de A à Z. « Quand je suis rentrée en rémission, je me suis fait une liste de quinze défis qui allaient m’aider à passer ce cap. » L’écriture, c’est coché. « Tous ces défis sont liés à la reconstruction mais chacun a une dimension : poser nue pour me réconcilier avec mon corps, faire un voyage à en Inde, pour le côté spirituel. » Le prochain sur la liste ? Voler dans les airs !
Et cette cascade de défis fera à l’avenir l’objet d’un documentaire que Marine monte avec son père documentariste. « Le fil rouge, c’est de suivre le parcours de ma rémission. Avec l’espoir que ça puisse aider des personnes qui sont en rémission et qui galèrent. Pour leur montrer qu’on peut se reconstruire après un tel ouragan. »