MEDICAMENTLevothyrox: Risque de pénurie d’un traitement alternatif

Nouvelle formule du Levothyrox: Vers une pénurie d’un médicament alternatif

MEDICAMENTAlors que des milliers de patients dénoncent les effets secondaires de la nouvelle formule du Levothyrox, l'ANSM limite la vente d'un médicament alternatif...
Oihana Gabriel

Oihana Gabriel

L'essentiel

  • Depuis plusieurs mois, des milliers de patients dénoncent des effets secondaires importants de la nouvelle formule du Levothyrox.
  • Il est prescrit aux trois millions de Français souffrant de problèmes de thyroïde.
  • Une partie d’entre eux s’est reportée sur la L-Thyroxine. Mais les pharmacies font face à des risques de pénurie.
  • L’ANSM demande donc aux médecins et pharmaciens de ne délivrer ce médicament, une des deux alternatives au Levorthyrox, qu’aux enfants et patients ayant des soucis de déglutition.

Nouvelle polémique sur le front du Levothyrox. Les patients qui n’en finissent plus de dénoncer des effets secondaires aussi handicapants que désagréables de ce médicament font face à un nouveau souci de taille. Ceux qui se seraient reportés sur la L-Thyroxine, un médicament sous forme de gouttes, ne pourront sans doute plus acheter en pharmacie leur traitement.

Réservé aux enfants

En effet, l’Agence nationale de sécurité du médicament a demandé aux pharmaciens de ne délivrer la L-Thyroxine qu’aux enfants de moins de 8 ans et patients ayant des troubles de la déglutition. L'ANSM demande donc « dès à présent » aux médecins et aux pharmaciens de respectivement les prescrire et les délivrer en priorité à ces patients. Les pharmaciens doivent inviter les autres patients présentant une ordonnance de gouttes à consulter à nouveau leur médecin.

Nombre de patients qui ne supportent pas la nouvelle formule du Levothyrox risquent donc de se voir refuser cette alternative, un des deux seuls traitements de substitution.

« Un chantage scandaleux »

« Culpabiliser les malades sur un produit qui leur donne un bien-être sous prétexte que ça doit être réservé aux enfants, je trouve que c’est un chantage scandaleux, tempête Chantal L’Hoir, fondatrice de l’Association française des malades de la thyroïde interviewée par 20 Minutes. On rentre dans une parodie, où un pays n’est plus capable de gérer ses malades. En Allemagne, le pays de Merck (laboratoire qui commercialise le Levothyrox), les patients ont le choix entre dix produits différents pour traiter les problèmes de thyroïde. Nous, on nous impose un produit unique et dangereux, le Levothyrox. »

«Reprendre un médicament qui nous tue à petit feu»

Chantal L’Hoir s’est reportée sur ce médicament alternatif en goutte. Et va beaucoup mieux depuis. « Quand j’ai commencé le nouveau Levothyrox en avril c’était affreux, j’ai souffert de crampes terribles. C’est mon endocrinologue qui m’a prescrit du L-Thyroxine Serb. C’est la solution d’urgence. »

Un médicament qui a facilité la vie de Sophie. «Restreindre l'accès à ces gouttes plutôt que de demander au laboratoire de produire plus et de l'y aider, c'est honteux, s'agace , cette internaute de 20 Minutes. On nous demande de reprendre un médicament qui nous tue à petit feu et qui nous empêche de vivre. Car il n'existe rien d'autre.»

«Le problème, c'est le dosage»

Une solution qui pose problème. «Il faut que les patients comprennent que si on continue comme ça, on met en jeu la santé des enfants, qui ne peuvent prendre que ce médicament en gouttes, tranche Carine Wolf-Thal, présidente du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens. Car on ne pourra pas fournir à très court terme ce médicament à autant de patients.»

Mais en refusant à ces patients ce traitement alternatif, il risquent tout simplement d'arrêter tout traitement. Une attitude à éviter, répètent aussi bien les professionnels de la santé que les associations de patients. «Il faut vraiment rassurer les patients, reprend Carine Wolf-Thal. On vit un paradoxe. Cette nouvelle formule du Levothyrox est plus stable et mieux tolérée. Ce qui peut poser problème en revanche, et je ne nie pas les effets secondaires des patients, c'est le dosage. Ces patients doivent en priorité consulter un médecin qui va déterminer si les effets secondaires sont liés au Levothyrox et ajuster la posologie».

Importer du L-Thyroxine des pays voisins

Mais du côté des patients, l'heure est à l'inquiétude... et la colère. « Pour le moment j’en ai encore pour un mois, confie Chantal L'Hoir. Après qu’est ce qu’on va faire ? Du trafic ? Acheter par internet de la L-Thyroxine ? L’ANSM nous met la tête dans le mur. Alors qu'elle peut importer en urgence des produits allemands ou hollandais. Pourquoi ne le fait-elle pas ? »

Cette association envisage de faire une marche blanche avec toutes les associations de victimes d’autres scandales sanitaires pour un meilleur respect du droit humain, la défense des générations futures.

Trois millions de patients prennent du Lévothyrox en France pour hypothyroïdie ou après une opération de cancer de la thyroïde. Contrairement à d’autres pays plus aucun générique n’est disponible en France, constate l’agence sanitaire. Les gouttes pour traiter des hypothyroïdies représentent environ 1 % des ventes.

Le numéro vert explose

Voilà qui risque d'encombrer un peu plus la ligne.

Le numéro vert (accessible du lundi au vendredi) mis en place le 23 août par l’ANSM pour « répondre aux inquiétudes des patients » a reçu un afflux d’appels les deux premiers jours - soit près de cent mille appels les deux premiers jours.

Au total, 154.000 appels ont été dénombrés mercredi, avec un rythme d’appels quotidien tombé à 2.500, indique l’agence sanitaire.