VIDEO. Agnès Buzyn promet un tiers payant «généralisable courant 2018»
MEDECINS•La ministre veut un dispositif gagnant-gagnant qui devra se développer sans devenir obligatoire courant 2018…20 Minutes avec AFP
L'essentiel
- Dans une interview sur CNews, la ministre a donné des précisions concernant ses réformes sur le tabac, les vaccins... et le tiers payant.
- Alors qu'elle s'était engagée à rendre obligatoire ce dispositif très décrié par les médecins, elle annonce ce jeudi qu'il sera élargi mais facultatif.
- Une enquête est en cours pour voir dans quelles conditions le tiers payant peut être élargi sans compliquer la tâche des médecins.
La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a promis jeudi que le tiers payant (dispense d’avance de frais) chez le médecin sera « généralisable », c’est-à-dire facultatif, dès qu'« il fonctionnera » techniquement, en posant l’objectif d’y arriver « dans le courant de l’année 2018 ».
Généralisable au lieu de généralisé
Le dispositif, fortement combattu par les médecins libéraux, « a vocation à être généralisable », a fait savoir la ministre sur CNews, alors qu’en juillet elle avait promis qu’il serait « généralisé », c’est-à-dire obligatoire.
L’engagement pris par Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle était de rendre le dispositif « généralisable ». « Le mot, c’est généralisable », a-t-elle insisté. Le tiers payant « ne sera pas enterré ». « Il va se développer, dès qu’il fonctionnera. Aujourd’hui, il y a une étude en cours (de l’Igas) pour voir comment, en pratique, nous pouvons faire fonctionner cet outil qui ne fonctionne pas », mais il sera mis en œuvre « dans le courant de l’année 2018 », a-t-elle assuré.
« Un système gagnant-gagnant »
« Il faut que ce soit un système gagnant-gagnant », pour les assurés et les médecins, a développé Agnès Buzyn. « Il n’est pas possible que 15 % des Français qui sont en dessous du seuil de pauvreté renoncent à se faire soigner » et « nous ne pouvons pas demander aux médecins (…) de s’inscrire dans un dispositif où ils passent une journée par semaine à faire des papiers ».
La dispense d’avance de frais doit devenir un droit pour tous les Français à partir du 1er décembre. Toutefois, la loi de 2016 ne prévoit pas de sanctions pour les médecins refusant d’appliquer la mesure, que le Conseil constitutionnel a limitée à la seule part remboursée par la Sécurité sociale.
Dans un communiqué, la CSMF, premier syndicat des médecins libéraux, « salue la clarification de la position » de la ministre. Elle rappelle être attachée « à un tiers payant possible et facile, mais non obligatoire ». Le président de la FMF, Jean-Paul Hamon, reste, lui, prudent : « Nous prévenons le gouvernement qu’un tiers payant obligatoire, donc systématique, constituerait une déclaration de guerre, car imposant aux médecins, et donc aux patients, une réduction considérable du temps médical », déclare-t-il dans un communiqué.
Réforme des retraites
Interrogée également sur le futur chantier des retraites, Agnès Buzyn a annoncé la nomination « fin septembre » d’un « délégué ministériel à la réforme des retraites ». Pour cette réforme « en profondeur », « ça commencera tranquillement sur un constat partagé d’ici à la fin de l’année, un accord de méthode et ensuite une négociation ».
« Vous avez compris la méthode avec Mme Pénicaud, ce sera la même méthode », a affirmé la ministre. La réforme devra répondre « à deux enjeux » : clarifier les règles, car les Français ont le « sentiment » que « les retraites sont illisibles (…), injustes », parce que « notre système s’est construit par strates successives, plus personne n’y comprend rien » et ensuite « redonner confiance dans un système de retraite pour nos jeunes ». « La réforme sera applicable quand elle sera prête, nous nous donnons le temps (…) On a dit la fin du quinquennat », a-t-elle dit.