Levothyrox: «Ce n'est pas possible de vivre avec de tels effets secondaires

Levothyrox: «Ce n'est pas possible de vivre avec de tels effets secondaires»

MEDICAMENTSArmelle fait partie des milliers de patients qui ressentent douleurs et autres nombreux désagréments à cause de la nouvelle formule…
Charlotte Murat

Charlotte Murat

L'essentiel

  • Armelle est sous Levothyrox depuis vingt-six ans
  • Depuis qu’elle prend la nouvelle formule, elle subit des effets secondaires désastreux et son taux de TSH a montré que son hypothyroïdie, alors stable depuis vingt ans, s'est aggravée
  • Tout s’est arrêté lorsqu’elle a retrouvé une boîte de l’ancienne formule
  • Elle a trouvé un médicament de substitution, la L-Thyroxine, mais très contraignant à prendre
  • Elle espère que le retour sur le marché de l’ancienne formule

«Je ne suis pas quelqu’un qui s’écoute, mais ces symptômes-là, je ne les avais jamais vus. » Atteinte de la thyroïdite de Hashimoto, une maladie auto-immune qui s’attaque à la thyroïde, Armelle est sous traitement de Levothyrox depuis ving-six ans. Elle fait partie des nombreux internautes qui ont témoigné sur notre page Facebook et par mail des effets secondaires désastreux de la nouvelle formule de ce médicament pris par trois millions de Français. Elle ne s’est pas méfiée quand son pharmacien lui a délivré des boîtes dont les couleurs avaient changé. En mars, à la demande de l’ANSM (agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé), le laboratoire Merck a changé les excipients de ce médicament en remplaçant le lactose par de l’acide citrique et du mannitol en mars.

Mais ça, Armelle ne l’a pas su. Du moins pas tout de suite. « J’ai pris du poids et mes chevilles étaient gonflées. En juin sont venues les migraines et les nausées. J’ai commencé à perdre mes cheveux et avoir les yeux très secs le matin. En juillet, j’avais des douleurs aux bras auxquelles s’ajoutaient de légers vertiges et surtout une grosse fatigue. » En août, elle se décide à aller faire une prise de sang. « Je n’étais vraiment pas bien. Quand les résultats sont arrivés, mon endocrinologue a pris la peine de m’appeler un samedi soir pour me dire que mon taux de TSH [l’hormone qui régule la thyroïde] indiquait que mon hypothyroïdie, pourtant stable depuis vingt ans, s’aggravait. Elle m’a dit d’augmenter mes doses de Levothyrox. »

« Avec l’ancienne formule, tous les symptômes ont disparu »

Son mari lui montre alors des articles dans lesquels des patients sous Levothyrox se plaignent des effets secondaires de la nouvelle formule. Dans le doute, cette habitante du Gers fouille dans sa pharmacie et retrouve une vieille boîte de comprimés, avec donc l’ancienne formule. « Au bout d’une semaine, miracle, sans rien faire de plus, tous mes symptômes avaient disparu. J’ai perdu 3 kilos, j’ai pu remettre mes ballerines, les douleurs et la fatigue se sont envolées. Mais je n’avais de ces comprimés que pour trois semaines. Alors, depuis samedi, je suis repassée à la nouvelle formule et tout est revenu. »

Armelle décroche son téléphone et appelle le laboratoire pour avoir des explications. « Ils sont complètement à côté de la plaque. Ils m’ont assuré que les effets allaient s’estomper sous six à huit semaines. Or, pour moi, ils continuent à s’accentuer au bout de quatre mois. Ce n’est pas possible de vivre avec de tels effets secondaires. Je vais demander à mon médecin de me prescrire la L-Thyroxine. C’est la même molécule, mais sans excipients. »

La L-Thoryxine n’est pas la solution miracle

Il y a donc une solution ? Malheureusement, ce n’est pas aussi simple. « Ce médicament a le gros inconvénient de devoir rester en permanence dans le réfrigérateur, ce qui est compliqué quand on veut se déplacer. Mais surtout, il se présente sous forme de gouttes. Et pour les gens très dosés comme moi, cela représente trente gouttes tous les matins. Autant vous dire qu’il faut rester concentré, parce que pas question de se tromper : le dosage est à la goutte près. » En espérant que son taux de TSH sera meilleur quand elle reverra son endocrinologue en octobre, Armelle fait partie des plus de 100.000 signataires de la pétition en ligne pour le retour sur le marché de l’ancienne formule du Levothyrox. « Au moins qu’on nous donne le choix ! »