Michèle Rivasi: «Je vais demander un moratoire sur l’obligation vaccinale»
INTERVIEW•La députée européenne (EELV) va être reçue par Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, vendredi…Vincent Vanthighem
L'essentiel
- Le gouvernement veut rendre onze vaccins obligatoires.
- Des associations « antivaccins » font feu de tout bois pour éviter le vote de cette loi à l’automne.
- Biologiste de formation, Michèle Rivasi doit être reçue par la ministre de la Santé, vendredi.
Des pétitions. Des manifestations. Plusieurs associations se mobilisent depuis l’annonce faite par Edouard Philippe, le 4 juillet lors du discours de politique générale, de rendre onze vaccins obligatoires pour les enfants à partir de 2018.
Biologiste de formation et impliquée depuis de nombreuses années sur les questions de santé, l’eurodéputée (EELV) Michèle Rivasi est opposée à cette mesure qu’elle juge « autoritaire ». Avant d’être reçue vendredi, par Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, elle a accepté de répondre aux questions de 20 Minutes…
Faites-vous partie de ceux que l’on appelle les « antivaccins » qui se mobilisent depuis l’annonce faite par Edouard Philippe, le 4 juillet, de rendre onze vaccins obligatoires dès 2018 ?
Non, je ne suis pas « antivaccins », mais je me pose des questions. Et, pour l’instant, je n’ai pas de réponses. Je me pose des questions sur les nanoparticules, sur l’aluminium ou sur les adjuvants présents dans les vaccins. Quand je demande des renseignements sur ces sujets, on me répond simplement : « Il n’y a aucun souci. Il faut faire vacciner les gamins. » Eh bien, je ne suis pas d’accord avec cette idée.
Que comptez-vous faire ?
J’ai été invitée à donner mon point de vue à Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, vendredi 28 juillet. Je vais donc lui demander un moratoire sur l’obligation vaccinale. J’estime qu’il ne faut pas prendre de décision précipitée en la matière. Avant de rendre les vaccins obligatoires, j’aimerais que des études soient réalisées sur le sujet par un collège d’experts indépendants. Pas par des experts payés par les laboratoires pharmaceutiques.
Vous estimez que les onze vaccins dont le gouvernement parle peuvent être dangereux ?
Je ne sais pas. Mais je pense qu’il faut le savoir avant de rendre les choses obligatoires. Regardez, on a cessé de rendre obligatoires les vaccins contre la variole ou le BCG. C’est bien que la balance bénéfices/risques était devenue défavorable. Avant de rendre quelque chose obligatoire, renseignons-nous.
Comprenez-vous pourquoi le sujet des vaccins suscite autant la controverse ?
Parce qu’on est dans l’émotionnel. Ça touche aux enfants, c’est sensible. On joue sur les peurs des gens et cela entraîne des réactions parfois disproportionnées. Les gens prennent tous les arguments pour lutter. Même parfois des arguments farfelus.
Mais c’est le passage en force du gouvernement sur cette question qui encourage les gens à dire et à faire, parfois, n’importe quoi. J’espère que le débat à l’Assemblée nationale sur cette question sera sérieux et que les députés vont poser des questions. Je m’interroge notamment sur la loi Kouchner (2002) qui accordait aux patients une forme de liberté thérapeutique. Que va-t-on faire de cette loi si l’on force les parents à faire vacciner leurs enfants ?