ALIMENTATIONYaourts ou pizzas: Les femmes et les hommes n'ont pas la même alimentation

Yaourts pour les unes, pizzas pour les autres: Les femmes et les hommes n'ont pas la même alimentation

ALIMENTATIONDans son étude INCA 3, dont les résultats sont dévoilés ce mercredi, l'Anses relève des différences dans les habitudes alimentaires entre les hommes et les femmes...
Anissa Boumediene

Anissa Boumediene

L'essentiel

  • L’Anses a dévoilé ce mercredi les résultats de son étude INCA 3 sur les habitudes alimentaires des Français.
  • Les résultats de l’étude montrent des différences dans les habitudes alimentaires selon l’âge, mais aussi selon le sexe.

Il y a du mieux (un peu), mais il y a encore beaucoup de boulot ! Si une majorité de Français sait qu’il faut manger cinq fruits et légumes par jour, leur assiette est aujourd’hui encore trop riche en produits transformés d’origine industrielle et en aliments trop gras, trop salés et pauvres en fibres, selon les résultats de l’étude « INCA 3 »* menée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) et rendus publics ce mercredi. Pour la troisième fois, l’agence a passé au crible les habitudes alimentaires des Français, et relevé des différences de consommation selon l’âge, mais aussi en fonction du sexe, et pointe par ailleurs la trop grande sédentarité des Français.

Le contenu genré de l’assiette

C’est un fait (et pas une surprise) : les ados adorent se régaler de chips et de pizzas, là où les 65/79 ans font la part belle aux fruits et légumes frais et aux produits laitiers. Mais s’il existe des différences dans les habitudes alimentaires selon l’âge, il en existe également en fonction du sexe, et selon que l’on est un homme ou une femme, le contenu de l’assiette semble assez genré.

Ce n’est pas que les femmes n’aiment pas les pizzas, frites et autres tranches de saucisson sec, mais en passant leur assiette à la loupe, il semblerait qu’elles soient plus raisonnables que ces messieurs. En pratique, « elles privilégient plutôt les yaourts et fromages blancs, les salades, les compotes, la volaille et les soupes », indique Carine Dubuisson, adjointe à l’unité méthodologie et études à l’Anses. Les hommes, eux, préfèrent les choses plus… roboratives, et se lâchent surtout sur « le fromage, la viande, la charcuterie, les plats à base de pommes de terre, les pâtisseries salées et les crèmes dessert », complète la chercheuse, qui a par ailleurs noté « une augmentation de la consommation de viande et de poisson crus, tant chez les hommes que chez les femmes ».

Et les hommes comme les femmes ont la fâcheuse habitude de manger trop salé : « La consommation de sel reste encore supérieure aux recommandations : en moyenne 8 grammes par jour pour les femmes (contre 6,5 g maximum recommandés) et 9 grammes par jour pour les hommes (contre 8 g maximum recommandés) », ajoute Carine Dubuisson. En cause : « le pain, les soupes, les charcuteries et les sandwiches, qui restent les plus gros pourvoyeurs de sel dans notre alimentation ».

Les femmes branchées par les compléments alimentaires

L’Anses relève par ailleurs une nette augmentation de la consommation de compléments alimentaires depuis ces dix dernières années. Et les femmes sont les premières consommatrices (26 %), contre 17 % des hommes. Des vitamines et minéraux qui, s’ils sont fréquemment achetés en pharmacies, sont de plus en plus commandés sur internet, « avec les questions que cela pose sur la qualité et la sécurité des produits, avertit Dominique Gombert, directeur de l’évaluation des risques à l’Anses. L’Anses reçoit chaque année environ 500 signalements d’effets indésirables » dans le cadre de la nutrivigilance. D’autant que cette supplémentation n’est le plus souvent pas nécessaire dans le cadre d’une alimentation équilibrée. Pourtant, « depuis 2007 et les résultats de l’étude INCA 2, le taux de consommateurs a augmenté de 50 % », poursuit-il.

Côté connaissance des repères alimentaires du Programme national nutrition santé (PNNS), si « les femmes ont mieux compris et intégré les recommandations en matière d’alimentation équilibrée, les hommes ont pour leur part davantage mis en application les prescriptions en matière d’activité physique », a pu constater Carine Dubuisson. Bien sûr, les résultats de l’étude démontrent des tendances générales. Pas question de dire que les hommes dévoreurs de crudités et les femmes amatrices de raclette et de jogging n’existent pas.

* Etude menée entre février 2014 et septembre 2015 en métropole sur un échantillon représentatif de plus de 5.800 personnes âgées de 0 à 79 ans : 2.698 enfants de 0 à 17 ans et 3.157 adultes de 18 à 79 ans.