Manque d'activité physique des enfants: «On va créer une génération de cardiaques»
SPORT•La Fédération française de cardiologie tire la sonnette d’alarme…Propos recueillis par Anissa Boumediene
Un enfant sur deux ne bouge pas assez en France. La Fédération française de cardiologie (FFC), première association de lutte contre les maladies cardio-vasculaires, sonne le tocsin et rappelle que pour être en bonne santé, les enfants doivent pratiquer chaque jour une heure d’activité physique. Un message martelé à l’occasion des Parcours du cœur, organisés dans 800 villes jusqu’au 14 mai, pour encourager les Français, notamment les plus jeunes, à pratiquer des activités physiques. La Pr Claire Mounier-Vehier, cardiologue et présidente de la Fédération française de cardiologie, explique à 20 Minutes les risques que fait peser le manque d’activité sur la santé des enfants et les solutions pour inverser cette tendance.
Comment expliquer que les enfants d’aujourd’hui soient moins actifs que ceux de la génération précédente ?
C’est un phénomène culturel, qui a entraîné une modification progressive des comportements, surtout ces vingt dernières années : les enfants mangent plus, et plus mal, avec une alimentation plus riche en gras, en sel et en sucre, et ils se dépensent moins. Une étude parue ces derniers jours dans le British Medicine Journal montre d’ailleurs que la sédentarité apparaît très tôt chez les enfants, dès l’âge de 7 ans – rares sont ceux qui vont à l’école à pied –, et elle est notamment renforcée par la surconsommation d’écrans : les enfants passent en moyenne trois heures par jour devant des écrans, et jusqu’à six heures le week-end pour les adolescents.
Or, ce comportement sédentaire s’accentue précisément à l’adolescence : alors que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande aux 5-17 ans de pratiquer une heure d’activité physique par jour, un peu moins de la moitié des enfants pratiquent des jeux de plein air en France. Et à 15 ans, seuls 14 % des garçons et 6 % des filles font du sport chaque jour, selon des chiffres de l’OCDE. Résultat : la moitié des adolescents ne bougent que pendant les cours d’éducation physique et sportive (EPS).
Quelles sont les conséquences à long terme de ce défaut d’activité physique sur la santé des enfants ?
Il y a tout d’abord des conséquences immédiates. On observe d’ores et déjà chez les enfants d’aujourd’hui une baisse des capacités physiques à l’effort, par rapport à la génération précédente. Entre il y a quarante ans et aujourd’hui, les enfants ont perdu 25 % de leurs capacités cardiovasculaires. Seuls 10 % des enfants ont conservé les mêmes capacités que leurs aînés, or l’endurance à l’effort se travaille dès l’enfance. Désormais, un enfant sur cinq en France est touché par l’obésité, et outre le problème de prise de poids, l’hypertension chez les jeunes, qui n’existait quasiment pas auparavant, est de plus en plus fréquente.
A moyen terme, les jeunes perdront toute habitude de bouger, et si personne ne rectifie le tir, leurs artères vieilliront plus vite, ce qui risque de créer une génération de futurs cardiaques hypertendus, particulièrement exposée aux risques cardiovasculaires.
Comment y remédier ?
Par l’éducation. Lorsqu’ils sont sensibilisés à cette problématique, les enfants sont très réceptifs et sont de formidables vecteurs de ces bonnes pratiques, qu’ils rapportent à la maison. Cela relance les bons comportements au sein des familles. Il faut leur redonner le goût de bouger en famille, de faire du sport en groupe, ce qui est bon tant pour la santé physique que pour le moral. A la différence des écrans, dont la surconsommation multiplie à long terme les risques de dépression et d’addiction au tabac et à la malbouffe.
aC’est la vocation des Parcours du cœur, qui pousse de manière ludique parents et enfants à bouger. Mais aussi de notre spot vidéo, intitulé « Laissez les tomber ». Un clip drôle fait pour les enfants, et qui au passage apprend aux parents que tomber de vélo est moins grave pour la santé de leurs enfants que le manque d’activité physique.