PREVENTIONCas mortels de méningite: Cinq questions sur cette infection

Cas mortels de méningite: Une vaste campagne de vaccination débute ce mercredi à l’université de Dijon

PREVENTIONUne grande campagne de vaccination est lancée ce mercredi à l'université de Bourgogne après le décès de deux étudiants d'une méningite. Faut-il s'inquiéter?
Oihana Gabriel

Oihana Gabriel

Ce mardi, l’Agence régionale de Santé (ARS) Bourgogne-Franche-Comté a annoncé une campagne de vaccination préventive contre la méningite qui devrait toucher 30.000 étudiants et personnels de l’université de Bourgogne à partir de mercredi. Pourquoi ? Entre octobre et décembre, deux étudiants du campus de Dijon sont décédés à la suite d’une infection invasive à méningocoque. Un troisième étudiant a été infecté, mais « son état a évolué favorablement » selon l’Agence. 20 Minutes fait le tour des questions sur cette maladie grave mais rare.

Pourquoi cette campagne de vaccination ?

Dans un premier temps, des mesures d’urgence ont été mises en place pour stopper la diffusion de cette maladie grave. « Les 48 personnes de l’entourage proche de l’étudiante décédée qui ont été contactées pour leur recommander une prophylaxie antibiotique ainsi qu’une vaccination se portent bien, précise un communiqué de l’ARS. Leur état de santé n’est plus menacé. Aucun cas nouveau de méningite n’est à déplorer. » Problème : ces étudiants infectés n’ont pas été en contact. « Ce qui signifie que la bactérie circule dans le milieu étudiant via des porteurs sains qui ne développent pas la maladie. L’objectif de la vaccination est d’interrompre, de manière durable, la circulation du germe dans la communauté étudiante. »

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« La campagne de vaccination a été déclenchée pour deux raisons, précise Muhamed-Kheir Taha, responsable du centre national de référence des méningocoques à l’Institut Pasteur. D’abord parce que le seuil quantitatif a été dépassé : il est à 1 cas sur 100.000 habitants sur trois mois. » D’autre part, parce que c’est la même souche, très virulente, qui a été retrouvée pour les deux patients décédés. « Le type W agit comme une "bactérie serial-killeuse" », synthétise le chercheur.

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Est-ce qu’on peut craindre une recrudescence de la méningite ?

Non. « Les Français n’ont pas à s’inquiéter, assure Gilles Leboube, médecin spécialiste des maladies infectieuses à l’ARS Bourgogne-Franche-Comté. On est dans une situation de cas groupés qui nécessite une vaccination uniquement pour les personnes ciblées, sur le campus universitaire. D’autre part, cette souche W, très virulente, est particulièrement rare : on a eu 50 cas au maximum depuis un an. On n’est pas dans des mesures de prévention globale. »

C’est quoi la méningite ?

« La méningite est la forme la plus répandue des infections invasives à méningocoque, mais ce n’est qu’une des formes, précise Muhamed-Kheir Taha. Le méningocoque est une bactérie qui réside dans la gorge chez 10 % de la population. On ne parle d’infection qu’à partir du moment où la bactérie passe dans le sang. » Cela peut provoquer des septicémies, une inflammation dans le cerveau (et dans ce cas, cela devient une méningite), mais aussi une arthrite ou une péricardite si elle atteint le cœur. » Or, cette bactérie peut être de différents types. « A ce jour, on connaît douze souches de méningocoques, dont six sont responsables de la quasi-totalité des infections », reprend le spécialiste.

Les infections invasives à méningocoque sont relativement rares en France, avec 469 cas notifiés en 2015, ayant entraîné 53 décès, selon des chiffres de Santé Publique France. « Il y a en France entre 500 et 600 cas par an, dont 10 % sont mortels malgré le traitement, reprend Muhamed-Kheir Taha, de l’unité des infections bactériennes invasives de l’Institut Pasteur. Sans traitement, la maladie est toujours mortelle. »

Quels sont les symptômes ?

Selon l’ARS Bourgogne-Franche-Comté, la méningite se traduit par une fièvre, des maux de tête, une raideur de nuque accompagnée de vomissements et d’une gêne à la lumière. D’autres signes, en particulier digestifs ou articulaires, peuvent survenir. Autre particularité : des taches sur la peau, signe d’hémorragies, peuvent apparaître. « Chez les bébés, il est difficile de repérer cette pathologie, avoue Muhamed-Kheir Taha. Si l’enfant a de la fièvre et que son état général s’est altéré, qu’il refuse de manger, il faut consulter. »

Comment s’en prémunir ?

« Cette bactérie est peu contagieuse, rassure le spécialiste. Ce n’est pas la rougeole ! Elle se transmet par la salive, quand il y a un contact direct en face-à-face pendant une heure ». Selon le communiqué de l’ARS, « ce germe très fragile, ne survit pas dans l’environnement, ce qui ne nécessite pas de désinfection des locaux fréquentés par un malade. » En revanche, le vaccin reste une façon de protéger son entourage.

Il n’existe pas un seul vaccin pour se protéger contre tous les méningocoques. Mais plusieurs vaccins sont commercialisés. « Le vaccin contre les méningocoques C est recommandé pour les enfants vers un an, souligne Gilles Leboube. Depuis deux ans environ, un vaccin contre la souche B, la plus répandue (trois quarts des cas), est disponible mais n’est pas inscrit sur le calendrier vaccinal. » Et un tétravalent, qui va être administré à l’université de Bourgogne, couvre les méningocoques A, C, Y et W.