Cancer de la peau: Des experts américains doutent de l'utilité du dépistage annuel
POLEMIQUE•Selon eux, rien n'indique qu'un examen annuel n'est pas autant à l'origine de diagnostics erronés et de prélèvements inutiles que de vies sauvées...20 Minutes avec agences
Alors que la tumeur maligne de la peau est le cancer le plus fréquent aux Etats-Unis, l’U.S. Preventive Services Task Force (USPSTF), un groupe d’experts médicaux consulté par les autorités fédérales américaines, remet aujourd’hui en question l’utilité du dépistage annuel de lésions cancéreuses de la peau chez les personnes sans précédents familiaux de mélanome (forme agressive de cancer de la peau) ou prédispositions particulières.
Trop peu d’indications cliniques
Dans les conclusions de leur rapport publiées mardi dans le Journal of the American Medical Association (JAMA), ce groupe consultatif estime, en effet, qu’il existe trop peu d’indications cliniques pour déterminer l’utilité de ce dépistage annuel censé éviter des morts.
Alors que quelque 76.000 mélanomes provoqueront plus de 10.000 décès outre-Atlantique en 2016, l’USPSTF estime « insuffisantes les preuves pour déterminer si les bienfaits potentiels d’un examen annuel par un médecin sont plus grands que les risques » de diagnostics erronés et de prélèvements inutiles accompagnés de complications.
Un problème de critères, un manque d’essais cliniques
Dans un éditorial accompagnant ce rapport, le Dr Martin Weinstock, professeur de dermatologie à la faculté de médecine de l’université Brown à Providence (Rhode Island), assure comprendre la méthodologie suivie par l’USPSTF pour ses conclusions tout en s’interrogeant sur les critères retenus.
En effet, le collectif ne s’est pas appuyé sur des opinions d’experts pour tirer ses conclusions, mais exclusivement sur des données provenant d’un ensemble d’essais cliniques strictement contrôlés. Or, concernant le cancer de la peau, ces informations sont assez réduites, pointe le dermatologue. Le Dr Martin Weinstock juge que pour déterminer scientifiquement l’utilité de ces examens, il faudrait avoir des résultats d’essais cliniques très étendus étant donné la faible mortalité de ce cancer. Des études qui n’ont pas été faites, conclut-il.
« La vaste majorité des dermatologues pensent qu’une détection précoce des mélanomes réduit le risque de mortalité, et l’examen de la peau est le principal outil pour cela », martèle le spécialiste du grain de beauté, qui pense que « les médecins généralistes devraient être formés pour pouvoir détecter un mélanome ».
« Le dépistage du cancer de la peau peut sauver des vies »
« Les dermatologues savent que le dépistage du cancer de la peau peut sauver des vies », a déclaré dans un communiqué Abel Torres. Et le président de l’American Academy of Dermatology (AAD) de rappeler que si « le mélanome est la principale cause de décès du cancer de la peau, les autres formes de tumeurs, rarement mortelles, (carcinome basocellulaire superficiel et carcinome cellulaire squameux), peuvent aussi avoir des effets dévastateurs comme des pertes importantes de tissus ».