CA PIQUEComment faire face aux insectes de l’été (2/5): La tique

Comment faire face aux insectes de l’été (2/5): La tique

CA PIQUEOn l’a longuement attendu, mais ça y est, l’été est arrivé, apportant dans son sillage son cortège d’insectes peu ragoûtants et susceptibles de nous piquer…
Anissa Boumediene

Anissa Boumediene

Petites par la taille, grandes par les dégâts qu’elles peuvent causer, les tiques sont un vrai fléau. En embuscade dans les bois et forêts, ces petits insectes voraces peuvent transmettre de nombreux agents pathogènes aux hommes et animaux qu’elles piquent. Elles sont notamment responsables de la maladie de Lyme, qui touche au moins 27.000 personnes chaque année en France.

Qu’est-ce que c’est et où risque-t-on de les croiser ?

Les tiques, ce sont des petits acariens, ronds et sombres, qui peuvent mesurer entre un et six millimètres.

Les tiques, insectes qui transmettent la maladie de Lyme, peuvent mesurer d'un à six millimètres.
Les tiques, insectes qui transmettent la maladie de Lyme, peuvent mesurer d'un à six millimètres. - California Department of Public Health / Flickr

Et personne n’en est à l’abri puisque des tiques, il y en a partout. « On recense près de 900 espèces différentes de tiques dans le monde, indique Muriel Vayssier-Taussat, responsable de l’équipe Vectotiq (Ecologie des agents pathogènes transmis par les tiques) et directrice de recherche à l’Inra. En France, celle qui est la plus importante en termes de problème de santé publique, c’est l’Ixodes Ricinus, qui transmet les microbes responsables notamment de la maladie de Lyme ». Elle est présente sur tout le territoire, jusqu’en Corse. Seul le très proche pourtour méditerranéen est épargné, ainsi que les zones à plus de 1.500 mètres d’altitude. « On la trouve dans les bois, dans les pâtures et dans les parcs où il y a du passage d’animaux, précise la chercheuse, mais aussi dans certains parcs publics. A Paris, on sait qu’il y a des tiques dans le bois de Vincennes ».

Comment s’en prémunir ?

Sangliers et cervidés comptent parmi les cibles favorites des tiques, tout comme nous, pauvres humains. Surtout les promeneurs, les agriculteurs et les gardes forestiers, qui sont les personnes les plus à risques. Donc si vous allez faire une balade en forêt, « il faut porter un chapeau, des vêtements longs et couvrants, resserrés aux poignets et aux chevilles et des chaussures fermées, préconise Muriel Vayssier-Taussat, mais cela ne suffit pas, il faut rentrer son pantalon dans les chaussettes, pour éviter que les tiques ne s’infiltrent et puissent piquer la jambe ». On peut aussi utiliser un répulsif Mais ces précautions n’empêchent pas les tiques de passer à l’attaque. « Elles sont à l’affût dans la végétation, dès qu’elles repèrent une personne dans les bois, elles vont se jeter sur elle, grimper le long de ses vêtements à la recherche d’un endroit où la peau est la plus fine et humide ». Donc au retour de la promenade, il faut inspecter son corps et celui de ses enfants à la recherche d’une tique. « Elles mordent souvent dans le pli de l’aine, sous les bras, mais aussi le cuir chevelu, détaille-t-elle. Souvent les enfants sont mordus à la base du cou ».

A quoi ressemble la morsure d’une tique ?

La piqûre n’est pas douloureuse, puisque la tique injecte un anesthésiant local. En revanche, la tique se fixe fermement à la peau et se gorge de sang. Gourmande, la petite bestiole vampire peut multiplier son poids par 600 (!) après un long repas sur son hôte, avant de tomber toute seule au bout de quelques jours.

Gorgée de sang, la tique peut multiplier son poids par 600 après s'être nourrie sur son hôte.
Gorgée de sang, la tique peut multiplier son poids par 600 après s'être nourrie sur son hôte. - GUTNER/SIPA

Puis, dans les 3 à 30 jours suivant la piqûre, « un érythème migrant peut apparaître, explique la spécialiste des tiques. Une tache rouge, formant un halo à l’endroit de la piqûre, qui grandit, puis diminue pour disparaître ».

En cas de morsure de tique, un érythème migrant, symptomatique du début de la maladie de Lyme, peut apparaître.
En cas de morsure de tique, un érythème migrant, symptomatique du début de la maladie de Lyme, peut apparaître. - Centers for desease control and prevention

Que faire en cas de morsure et que risque-t-on ?

« D’abord, il ne faut pas paniquer, rassure Muriel Vayssier-Taussat. L’important, c’est de retirer la tique le plus vite possible, car plus on attend, plus elle se gorge de sang et plus il y a de risques qu’elle transmette bactéries et virus augmentent ». Et contrairement à une idée largement répandue, il ne faut surtout pas endormir la tique, par exemple avec de l’éther, avant de l’enlever. « Il faut utiliser un tire-tique, on en trouve dans toutes les pharmacies, et retirer la tique dans un mouvement circulaire, conseille la chercheuse. Ensuite, on désinfecte avec un antiseptique local ».

Le problème, c’est qu'« il n’est pas toujours facile de repérer une piqûre de tique, avertit Muriel Vayssier-Taussat. Et si ce n’est pas traité, la tique peut transmettre des parasites et plusieurs pathologies, telles que l’encéphalite à tique ou la redoutée maladie de Lyme ». Chaque année, il y aurait 27.000 nouveaux cas en France. Des estimations sans doute très en deçà de la réalité, faute de tests concluants permettant un diagnostic efficace. Or, si une cure de quelques jours d’antibiotiques suffit à soigner la maladie de Lyme quand le patient est pris en charge aussitôt, la maladie peut, le cas échéant, empoisonner le quotidien et causer fièvre, nausée, maux de tête et fatigue extrême, douleurs articulaires et paralysies chroniques.

« Si un érythème migrant apparaît, symptôme du début de la maladie de Lyme, ou si l’on n’est pas sûr d’avoir retiré correctement la tique, insiste Muriel Vayssier-Taussat, il faut consulter son médecin sans attendre ».