JUSTICEBras de fer entre les professionnels du bronzage et le gouvernement

Bras de fer au conseil d'Etat entre les professionnels du bronzage en cabine et le gouvernement

JUSTICELes professionnels du bronzage en cabine contestent l’arrêté du ministère de la Santé qui les contraint à stipuler aux clients les risques sanitaires « systématiques » encourus en cas d’utilisation de leurs machines à UV…
Anissa Boumediene

Anissa Boumediene

Ça chauffe du côté des centres de bronzage. Mercredi, le Conseil d’Etat se prononcera sur la requête déposée conjointement par le Syndicat national des professionnels du bronzage en cabine (SNPBC), la Confédération nationale de l’Esthétique-parfumerie et la SAS Alizes Diffusion. Tous trois demandent à la juridiction suprême d’annuler pour excès de pouvoir l’arrêté du 20 octobre 2014 du ministère de la Santé, relatif à l’information et aux avertissements destinés aux exploitants et aux utilisateurs d’appareils de bronzage.

Obligation d’informer les clients des risques encourus

En application de cet arrêté, dans chaque cabine de l’ensemble des centres de bronzage de France doit figurer un avertissement adressé aux clients, « un poster format A3 stipulant les risques encourus en cas d’utilisation d’un appareil de bronzage », explique Marc Boutet, président du SBPBC. Sur ce fameux poster, la législation oblige depuis 2014 les professionnels du bronzage en cabine à énoncer ces avertissements de santé. Le texte rappelle ainsi que « l’utilisation d’un appareil de bronzage cause des dommages irréversibles, comme des cancers cutanés, des lésions oculaires, un vieillissement prématuré de la peau », avant d’indiquer qu’il est « fortement déconseillé de s’exposer aux rayonnements ultraviolets des appareils de bronzage ». Une utilisation « interdite aux personnes de moins de 18 ans ».

« Concernant les publics fragiles, nous faisons preuve de vigilance et nous nous plions à cet arrêté, souligne Marc Boutet. En cas de doute sur l’âge d’un client, nous pouvons désormais demander une pièce d’identité et, s’il s’agit d’une personne mineure, lui refuser l’accès aux cabines de bronzage. Idem pour les personnes de phototype I, dont la peau est très claire et parsemé de taches de rousseur, là encore, elles ne peuvent accéder aux cabines ».

« Risques potentiels » et « risques systématiques »

Mais ce qui chiffonne le plus les plaignants, c’est l’obligation qui leur est faite d’indiquer sur cette même affiche d’avertissement que « dès la première exposition aux appareils de bronzage, le risque de développer un cancer cutané augmente de 60 % », et que « le risque de cancer est d’autant plus élevé que vous commencez à vous exposer jeune (avant 35 ans) ». Un positionnement basé sur un rapport duCentre international de recherche sur le cancer (CIRC), qui a mené une méta-analyse (combinant les résultats d’une série d’études indépendantes sur la question) et a estimé que le risque de développer un mélanome est augmenté de 60 % pour les personnes ayant effectué une première exposition aux UV artificiels avant l’âge de 30 ans. Des dangers mis en avant par les dermatologues, qui souhaitent, comme en Australie, l’interdiction des cabines de bronzage en France.

Et ça, pour les professionnels du bronzage, ça ne passe pas. « Nous sommes prêts à parler des risques potentiels du bronzage en cabine, et à jouer notre rôle en matière de prévention des cancers de la peau, assure Marc Boutet, mais en l’état actuel du texte, on nous oblige non pas à mentionner les risques éventuels mais à parler de risques systématiques de développer de telles maladies, et là, on s’inscrit en faux ».