Obésité, dénutrition... «Etre mal nourri» devient la «nouvelle norme», selon des chercheurs internationaux
ETUDE•Selon le Global Nutrition Report, il faudrait 70 milliards de dollars pour atteindre les objectifs de réduction en matière de malnutrition sévère ou de baisse de l’anémie dans le monde…20 Minutes avec agences
L’obésité progresse pratiquement partout dans le monde, tandis que la dénutrition persiste dans les pays les plus pauvres. Bilan : « Nous vivons dans un monde où être mal nourri est la nouvelle norme. Nous devons tous dire que c’est inacceptable », estiment les auteurs du Global Nutrition Report.
Responsable de près de la moitié des décès des enfants de moins de cinq ans
Ces chercheurs internationaux ont passé à la loupe 129 pays et observés qu’au moins 57 d’entre eux présentaient des niveaux élevés tant de sous-nutrition (retard de croissance et anémie) que d’obésité et de surpoids chez l’adulte. « Une personne sur trois soufre de malnutrition », résume ainsi Lawrence Haddad, coprésident du groupe auteur de ce rapport et chercheur associé à l’International Food Policy Research Institute.
Selon les chiffres tirés du Global Nutrition Report, financé par des fondations philanthropiques et des organisations publiques, la malnutrition est responsable de près de la moitié des décès des enfants de moins de cinq ans. Conjuguée à des régimes alimentaires inadaptés, elle constitue le premier risque de santé publique.
L’obésité et le surpoids représentent « un défi colossal »
De leur côté, les experts soulignent que l’obésité et le surpoids représentent « un défi colossal ». Pour preuve, le nombre d’enfants de moins de 5 ans en surpoids approche désormais le nombre de ceux qui affichent un trop faible poids par rapport à leur taille.
« Nous sommes mal partis pour atteindre les objectifs en matière de nutrition », concluent les scientifiques dans leur état des lieux annuels des objectifs de nutrition pris en 2013, rappelant que l’ONU avait fixé de « mettre fin à toute forme de malnutrition » d’ici à 2030.
« L’élément clé du succès est l’engagement politique »
Exemple du retard pris, la baisse de l’anémie est si lente que l’objectif ne sera atteint qu’en 2130 au lieu de 2030. Ceci alors que les membres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) visent une baisse de 50 % de l’anémie chez les femmes d’ici à 2025.
Reste que des changements modestes pourraient mettre de nombreux pays sur les bons rails pour atteindre les objectifs en matière de nutrition, ajoutent Lawrence Haddad qui assure que « l’élément clé du succès est l’engagement politique ». Un effort « significatif » puisque, selon nos experts, il faudrait débloquer 70 milliards de dollars pour atteindre les objectifs de réduction en matière de retard de croissance, de malnutrition sévère, d’allaitement et de baisse de l’anémie dans le monde.