MEDICAMENTSPrix des médicaments: Une campagne choc de Médecins du Monde censurée

Médecins du Monde: Une campagne choc censurée pour ne pas froisser l'industrie pharmaceutique

MEDICAMENTSA travers cette campagne, l’ONG appelle le gouvernement à prendre ses responsabilités afin de permettre l’accès de tous aux traitements...
Clémence Apetogbor

Clémence Apetogbor

Ce lundi, l’ONG Médecins du Monde (MDM) devait lancer une campagne d’affichage contre les prix « révoltants » des médicaments pour soigner notamment le cancer et l’hépatite C. Mais il n’en sera rien.

La campagne d’affichage urbain (métro, abribus,…) a été refusée par l’ensemble des réseaux d’afficheurs en raison d’un risque de réactions négatives de la part de l’industrie pharmaceutique, affirme le Dr Maguet, responsable à MDM de cette campagne.

« La tendance à l’inflation des prix ne fait qu’augmenter »

A travers cette campagne, l’ONG appelle le gouvernement à prendre ses responsabilités afin de permettre l’accès de tous aux traitements.

Ces prix « exorbitants mettent en danger le système de santé et on a déjà assisté au rationnement du traitement efficace de l’hépatite C pour la première fois de notre histoire », souligne Olivier Maguet.

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« Malheureusement, cette tendance à l’inflation des prix ne fait qu’augmenter et la Sécurité sociale peut de moins en moins payer », ajoute-t-il en évoquant les nouveaux traitements du cancer (immunothérapie…), alors que 400 000 nouveaux cas de cette maladie sont observés chaque année.

Des tarifs injustifiés

Des « prix qui ne sont pas justifiés » selon l’ONG qui dénonce les « marges colossales et révoltantes » des laboratoires pharmaceutiques dans sa campagne conçue par l’agence DDB Paris.

Elle se décline en douze affiches axées sur la rentabilité des maladies : « Avec l’immobilier et le pétrole, quel est l’un des marchés les plus rentables ? La maladie » et « 1 milliard d’euros de bénéfice, l’hépatite C on en vit très bien ». Autre exemple : « Le mélanome, c’est quoi exactement ? C’est 4 milliards d’euros de chiffre d’affaires ». La pétition adressée à Marisol Touraine, ministre de la Santé pour faire baisser le prix des médicaments est accessible en ligne (www.leprixdelavie.com).

La campagne ayant été refusée par les afficheurs, les 1 200 bénévoles de l’ONG feront donc un « affichage sauvage » de la campagne par ailleurs diffusée via le Web et les réseaux sociaux et dans les grands quotidiens nationaux.

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Une « maximisation du profit »

Le Solvadi (le sofosbuvir du laboratoire américain Gilead), premier des antiviraux efficaces contre l’hépatite C, a été un révélateur. Le traitement de 3 mois est vendu 41 000 euros (hors rabais) par patient alors qu’il coûterait moins de 100 euros à produire, selon les travaux du chercheur Andrew Hill de l’université de Liverpool, souligne MDM.

Un rapport sénatorial américain de 2015 sur ce médicament a mis en évidence « la logique de maximisation du profit » à l’œuvre dans tout le secteur comme avec les nouveaux médicaments contre le cancer, relève Olivier Maguet.

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Les autorités chargées de réguler le marché des médicaments - qui dépendent de l’Etat - ne jouent plus leur rôle et s’alignent trop souvent sur les prix avancés par les laboratoires, déplore le Dr Françoise Sivignon, présidente de MDM.

De son côté, le Leem (industrie pharmaceutique) « réagit avec la plus grande fermeté aux propos caricaturaux et outranciers tenus par Médecins du Monde ». « Le prix de ces médicaments est fixé par le Comité économique des produits de santé [organisme dépendant de l’Etat] à l’issue de négociations avec les industriels » rappelle-t-il.