Pharmacies: Une officine ferme tous les deux jours en France
ECONOMIE•Selon le Conseil national de l'Ordre des pharmaciens, un tiers des fermetures concernent des officines effectuant plus d'un million d'euros de chiffre d'affaires...20 minutes avec agences
Nous sommes en plein paradoxe : en France, le nombre de pharmaciens tous secteurs confondus a légèrement augmenté en 2015, mais les fermetures d’officines s’accélèrent. Ainsi, la même année, une pharmacie a fermé tous les deux jours (contre un jour sur trois en 2014).
La France compte 74.754 pharmaciens
Selon le rapport démographique annuel du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP) publié ce jeudi, au 1er janvier 2016, la France comptait précisément 74.754 pharmaciens, soit une augmentation de 0,35 % par rapport à 2015.
« Une augmentation principalement imputable au retardement de départ à la retraite des pharmaciens », explique l’organisation. Ainsi, les pharmaciens âgés de 66 ans et plus sont 2.347, un chiffre qui a plus que doublé en dix ans. Quant aux plus de 60 ans, ils représentent près de 11,5 % de l’effectif total (la moyenne d’âge des pharmaciens est de 46,6 ans).
« Il n’y a pas que les pharmacies de petite taille qui disparaissent »
Reste que la situation difficile de la filière officine, dans laquelle exercent près de trois pharmaciens sur quatre (les autres travaillant dans des laboratoires de biologie ou des établissements de santé) continue cependant d’inquiéter le CNOP. « Car il n’y a pas que les pharmacies de petite taille qui disparaissent. Un tiers des fermetures concernent des officines effectuant plus d’un million d’euros de chiffre d’affaires », a ainsi souligné lors d’une conférence de presse Isabelle Adenot, présidente du CNOP.
Si les nouveaux pharmaciens titulaires continuent de s’installer y compris dans les départements ruraux, la pyramide des âges suscite les craintes du représentant de la profession. Le nombre annuel de pharmaciens d’officines (titulaires et adjoints) qui atteindront 65 ans va en effet fortement augmenter jusqu’en 2021, passant de 597 (2016) à 1.929 (2021), alors que « seulement 30 % des étudiants choisissent actuellement cette filière » (contre 60 à 70 % auparavant), s’alarme l’Ordre.
Appliquer des décrets prévus dans une loi de 2009
« Quand les jeunes ne savent pas à quoi va ressembler leur métier il n’y a pas de raison qu’ils choisissent cette filière », déplore Isabelle Adenot qui s’insurge contre l’absence de parution de décrets prévus dans la loi HPST depuis 2009 (rôle de conseil, suivi des prescriptions, conciliation des médicaments ou des « tests rapides » pour le dépistage des maladies).
L’Ordre a indiqué, ce jeudi, qu’il envisageait de saisir le conseil d’Etat afin que les décrets d’application soient publiés. En attendant, la Corrèze, l’Orne et la Haute-Marne semble commencer à manquer cruellement de pharmacies.