Le Sénat envisage de poursuivre Michel Aubier, le pneumologue qui minimisait les effets de la pollution
SANTE•La double casquette du pneumologue ne plaît guère et plonge le médecin dans la tourmente...20 Minutes avec AFP
Sous serment, le pneumologue Michel Aubier a menti à sa commission d’enquête sur le coût de la pollution atmosphérique, affirmant qu’il n’était pas en lien avec l’industrie pétrolière.
De fait, le Sénat envisage de poursuivre le médecin à la double casquette, a fait savoir ce vendredi la rapporteure de la commission, Leila Aïchi (Écologiste), confirmant une information du Monde.
Faux témoignage
Jeudi, Michel Aubier, ancien chef de service à l’hôpital Bichat à Paris, a reconnu devant la commission qui s’était réunie exceptionnellement à huis clos après des révélations de Libération et du Canard enchaîné qu’il touchait de 50.000 à 60.000 euros par an du groupe pétrolier Total depuis la fin des années 1990.
« Je n’ai aucun lien d’intérêt avec les acteurs économiques », avait pourtant déclaré le 16 avril 2015 Michel Aubier devant la commission. Il venait de jurer de « dire toute la vérité, rien que la vérité », en levant la main droite.
Un faux témoignage devant la commission est passible jusqu’à 5 ans d’emprisonnement et 75.000 euros d’amende.
Michel Aubier était interrogé sur la façon dont l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris appréhende la question des coûts économiques et financiers de la pollution de l’air, en particulier par la prise en charge des pathologies qui y sont liées.
Un mensonge inadmissible
La commission qui a aussi entendu le président de l’AP-HP Martin Hirsch a demandé au président du Sénat Gérard Larcher de saisir le bureau du Sénat qui devrait décider le 28 avril d’engager ou non des poursuites.
« Ce mensonge est d’autant plus inadmissible qu’il touche une question de santé publique », a dit Leila Aïchi.
Un coût estimé à 100 milliards d’euros
En juillet, à l’issue de ses travaux, la commission présidée par Jean-François Husson (Les Républicains) avait conclu que la pollution de l’air coûterait plus de 100 milliards d’euros par an à la France, en dépenses de santé, absentéisme dans les entreprises ou baisse des rendements agricoles.
Elle avait préconisé 61 mesures pour « une véritable fiscalité écologique » et pour « compléter les normes existantes ». Dans les transports, elle avait proposé notamment l’alignement progressif jusqu’en 2020 de la fiscalité de l’essence et du diesel, et la mise en place d’une taxe sur les émissions d’azote, d’oxyde d’azote et de particules fines.