EPIDEMIELa microcéphalie, un risque pour 1% des femmes enceintes infectées par Zika

Zika: Le risque de microcéphalie du bébé évalué à 1% en cas d'infection de la maman

EPIDEMIEUne étude des chercheurs de l’institut Pasteur permet d’évaluer le risque de microcéphalie du fœtus lors d’une infection de la mère pendant les premiers mois de sa grossesse…
Romain Scotto

Romain Scotto

En quelques semaines,le terme « microcéphalie » s’est échappé des manuels de neurologie pour se retrouver au cœur des discussions. Après l’explosion de l’épidémie de Zika en Amérique du Sud, le lien entre le virus et ces fœtus au crâne anormalement petits a été établi début mars par des chercheurs américains. Encore fallait-il précisément quantifier ce risque chez les femmes touchées par Zika pendant leur grossesse. Une équipe de l’Institut Pasteur publie ce mercredi un article dans The Lancet précisant qu’une femme enceinte infectée lors des trois premiers mois de sa grossesse a 1 % de chance de voir son bébé touché par cette pathologie.

Pour obtenir cette estimation, les scientifiques n’ont pas analysé l’épidémie actuelle en Amérique du Sud, mais une vague de Zika antérieure ayant sévi en Polynésie en 2013-2014. « Les données d’Amérique latine ne sont pas encore consolidées », observe Simon Cauchemez, responsable de l’unité Modélisation mathématique des maladies infectieuses à l’Institut Pasteur.

0,02 % de microcéphalie en temps normal

Sur une période de deux ans, 70 % de la population polynésienne avait été infectée par le virus, sans développer de symptômes la plupart du temps. Huit cas de microcéphalie avaient été recensés dont 7 apparus juste après l’épidémie. Le dernier cas n’étant, a priori, pas lié au Zika. « Il y avait donc un signal très fort », poursuit Simon Cauchemez. Le taux de 1 % de microcéphalies en cas d’infection de la mère pendant sa grossesse est effectivement très important puisqu’il n’est que de 0,02 % en temps normal (50 fois moins).

Il confirme ainsi la nécessité de protéger les femmes enceintes contre le virus, et tout particulièrement pendant le premier trimestre de grossesse. Cette étude atténue aussi la portée de certaines hypothèses évoquées ces dernières semaines sur l’origine de ces microcéphalies. Le pyriproxyfene, un insecticide produit par une Sumitomo, une entreprise japonaise. Il n’est évidemment pas conseillé d’en inhaler, mais en Polynésie, ce produit n’est pas entré en ligne de compte pour obtenir des résultats alarmants.

Le rôle des symptômes en question

« Disons qu’on aurait du mal à expliquer que ce soit lié à des insecticides dans la mesure où nos analyses suggèrent vraiment que c’est l’infection dans le premier trimestre de grossesse qui est en cause », poursuit le spécialiste.

La prochaine piste à explorer porte désormais sur le « rôle » des symptômes chez la femme enceinte. Sachant que plus de 8 cas de Zika sur 10 se déclarent sans l’apparition de ces symptômes (fièvre modérée, une éruption cutanée, des douleurs articulaires et musculaires, une conjonctivite, etc.), est-ce que ce sont ces derniers qui entraînent le risque de microcéphalie ? Les chercheurs ne le savent pas encore.