Cosmétiques pour bébés: Des risques «potentiels, mais pas avérés» pour la santé
INTERVIEW•Le dermatologue Emmanuel Mahé réagit à la publication d'une étude sur les dangers des lingettes, shampoings, lotions et autres cosmétiques pour bébés...Propos recueillis par Laure Cometti
Utilisés au quotidien, les shampoings, lotions, laits nettoyants, lingettes et autres cosmétiques pour bébés comporteraient un risque pour leur santé, selon une étude publiée ce lundi par l’organisation Women in Europe for a Common Future (WECF). Cette enquête, réalisée sur 341 produits, incrimine des substances aux noms complexes et effrayants comme le phénoxyéthanol, le methylisothiazolinone ou le lauryl sulfate. Mais quels sont les risques concrets pour la santé des tout-petits ? 20 Minutes a interrogé le docteur Emmanuel Mahé, chef du service de dermatologie du centre hospitalier Victor Dupouy à Argenteuil (Val-d’Oise), spécialisé en dermato-pédiatrie.
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Que pensez-vous des conclusions de cette étude ?
L’étude est très intéressante mais il faut relativiser l’impact sanitaire réel de ces produits. Les faits pointés par l’étude sont alarmants, mais en pratique on n’observe pas à ce jour d’explosion des cas d’intolérance dermatologique chez les bébés. Il ne faut pas trop spéculer car aujourd’hui on n’observe pas d’impact sanitaire de ces substances même s’il y a un risque potentiel. Certes, certains allergènes peuvent sensibiliser précocement l’enfant, mais les cas d’allergies de contact chez les jeunes enfants (jusqu’à deux ans) restent rares.
Concrètement, quels dangers sanitaires représentent les produits cosmétiques pour les bébés ?
Il y a un risque potentiel mais pas encore avéré. Par exemple, pour le lauryl sulfate, s’il est dosé dans des proportions minimes, il ne comporte pas de risque majeur pour les bébés à peau saine. Leur épiderme empêche que les substances passent dans le sang. Quant au phénoxyéthanol, son impact sur la reproduction n’est pas avéré chez l’homme. Il revient aux autorités sanitaires de fixer des dosages et des réglementations adéquats. On n’a pas encore de résultats cliniques qui permettraient d’établir un lien entre l’exposition à ces substances et l’augmentation des cas d’allergies.
Dans le doute, faut-il appliquer le principe de précaution et bannir lingettes, lotions et autres laits pour bébés ?
Le principe de précaution n’est pas toujours la solution. En revanche, la plupart des produits cosmétiques pour bébés sont utilisés par les parents uniquement à des fins de confort. Ils n’ont aucune utilité pour l’hygiène des tout-petits. Il vaut mieux laver le derrière des bébés avec de l’eau et du savon qu’avec des lingettes qui favorisent l’érythème fessier. Bien sûr, on peut en utiliser lorsque l’on est en déplacement, c’est pratique, mais cela ne peut pas être systématique. Idem pour les eaux nettoyantes : mieux vaut utiliser l’eau du robinet. Quant aux huiles essentielles, elles ne servent à rien chez l’enfant. Concernant les produits solaires, c’est une aberration puisqu’il ne faut pas exposer l’enfant au soleil avant trois ans.
Rapport Cosmétiques pour Bébés Wecf