SANTEVaccination: L’obligation peut-elle disparaître?

Vaccination: L’obligation peut-elle disparaître?

SANTESi l’opinion publique y est préparée, le gouvernement n’exclut pas de recommander certains vaccins plutôt que de les rendre obligatoires…
Romain Scotto

Romain Scotto

Les uns sont « obligatoires ». Les autres « recommandés. » Mais pour autant, tous les vaccins sont importants, indiquent les autorités de santé. En matière de politique vaccinale, la différenciation de statut imposée par le ministère pose un problème de lisibilité auprès du grand public. Un rapport contenant 20 recommandations, rendu par l’ancienne députée PS Sandrine Hurel, révèle ce mardi que cette distinction contribue au scepticisme grandissant qui entoure la question des vaccins.

« Si certains sont obligatoires (contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite) et d’autres recommandés, les patients s’y perdent. La moitié d’entre eux croient que les seconds sont moins importants », regrette la ministre de la Santé Marisol Touraine, alors que les taux de vaccinations chutent d’année en année en France. Par ailleurs, cette différenciation « relève d’un héritage historique et n’est pas cohérente sur le plan épidémiologique ». Des maladies comme l’hépatite B ou le papillomavirus, pour lesquelles la vaccination est seulement recommandée ont un bilan plus lourd que des maladies pour lesquelles la vaccination est obligatoire.

Préparer l’opinion publique

Pour remédier à ces incohérences, le ministère entend étudier les trois scénarios présentés dans le rapport Hurel. Soit les choses restent en l’état. Soit l’obligation vaccinale est totalement levée. Soit elle est partiellement levée. Pour l’heure, « aucune piste n’est privilégiée, le rapport propose, mais ne conclut pas », indique Sandrine Hurel, même si elle admet que la première option n’est « pas pertinente ». Durant ses auditions menées entre mars et octobre, elle s’est rendu compte que la question ne pouvait pas être tranchée de façon arbitraire. « Beaucoup disent qu’il faut lever l’obligation, mais cela entraîne des modifications importantes. » La Ministre redoute notamment un effondrement brutal de la couverture vaccinale, ce qui serait l’effet inverse de celui escompté.

Débat citoyen et site d'information

« Ce serait interprété comme la possibilité de ne pas être vacciné alors que dans les autres pays, "recommandé" est l’équivalent d’"obligatoire". Ces deux catégories sont moins étanches qu’elles n’y paraissent », poursuit Marisol Touraine. Avant de lever l’obligation, le gouvernement entend d’abord préparer l’opinion publique aux risques encourus par la non-vaccination, contrer la propagande des sites Web de désinformation sur le sujet. Pour cela, un débat citoyen sur les bienfaits de la vaccination doit être mené sous l’égide du ministère. Un site d’information complet doit également être lancé. Le tout entre mars et décembre 2016.« Il faut que les gens comprennent que la vaccination est importante, comme à l’étranger où le mot "obligatoire" n’existe pas, explique l’auteure du rapport. Au Royaume-Uni, c’est "nécessaire", "fortement recommandé", et les Anglo-saxons ne se posent pas la question. Ils savent que le vaccin protège. »