Traitement préventif du Sida: Les questions que pose l’utilisation du Truvada
PREVENTION•Ce traitement préventif sera bientôt disponible en France pour les personnes à risque…R.S.
Après plusieurs années d’essais, le Truvada vient d’être reconnu comme un traitement préventif idéal contre le virus du Sida par les autorités françaises. La ministre de la Santé Marisol Touraine a validé sa prescription lundi pour les personnes à risques, à travers une recommandation temporaire d’utilisation (RTU). Une mesure inscrite dans le cadre de l’examen du projet de budget de la Sécurité sociale pour 2016.
« La #PrEP arrive ENFIN et sera #remboursée ! Un travail de 3 ans, on est pas peu fierEs ! https ://t.co/bmhyEPMZXX pic.twitter.com/2z0ay0nLbf — Association AIDES (@assoAIDES) November 23, 2015 »
Quel but ? « Avancer significativement dans la lutte contre le VIH ». C’est en ces termes que la ministre de la Santé a présenté cette mesure alors que l’objectif fixé par l’Onusida est de mettre fin à l’épidémie en 2030. La France est le second pays après les Etats-Unis à autoriser l’utilisation du Truvada comme « prophylaxie pré-exposition » ou PrEP. Il s’agit d’une prise de médicament anti-VIH par des séronégatifs dans un but préventif. Et non curatif. Autorisée aux Etats-Unis en juillet 2012, cette méthode n’était pas validée jusque-là en France. Le Truvada est une combinaison d’antirétroviraux du laboratoire américain Gilead, qui a été mis sur le marché en 2005 en tant que traitement pour les malades du sida.
Quel public ? Avant toute chose, le Truvada ne se substitue pas au préservatif. Toutes les personnes séronégatives ne sont donc pas concernées. Loin de là. Il ne concerne que les personnes séronégatives très exposées au risque de contamination par le VIH. Selon le dernier rapport de l’Institut de veille sanitaire, (INVS), les deux groupes de populations à risques « substantiels » sont « les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes », le seul groupe au sein duquel le nombre des nouvelles contaminations au VIH ne baisse pas. Ainsi que les « hétérosexuels nés à l’étranger ». Ces deux groupes représentent respectivement 42 % et 39 % des découvertes de séropositivité en 2014.
Les chiffres de l’INVS sur le VIH en France pour l’année 2014
Quelle efficacité ? Pris avant et après des rapports sexuels non protégés, ce cocktail d’antirétroviraux a permis de réduire de 86 % le risque d’infection par le virus du sida chez des hommes homosexuels, indiquait récemment un essai clinique français baptisé ANRS Ipergay. Une autre étude, baptisée Proud, de chercheurs britanniques menée sur plus de 500 gays, a également montré une réduction de 86 % du risque d’infection chez ceux ayant pris quotidiennement du Truvada. Enfin un troisième essai clinique fait état d’une diminution de 96 % du risque d’être infecté par le VIH chez des couples dits « séro-discordants » (un membre du couple seulement est infecté) ayant pris du Truvada tous les jours.
Quelle prise en charge ? Comme toute RTU, celle-ci permettra de délivrer le médicament « à titre transitoire, en dehors des champs de prescription prévus ». Seuls des médecins spécialisés, ou dans des centres de dépistage, auront l’autorisation de le prescrire dès la première quinzaine de décembre. La Ministre précise que le Truvada sera pris en charge à 100 % « au début de l’année 2016 ». Et ce, malgré le prix onéreux du médicament : 500 euros la boîte de 30 comprimés.